La doctrine kharidjite prônait en effet légalitarisme et les berbères y adhérèrent en masse pour marquer une opposition au pouvoir central arabe qui refusait daccorder les pleins droits aux populations autochtones. les Berghwata ont régné sur la région de Tamesna, de Salé à Safi (ce que l'on nomme actuellement le Maroc utile) pendant quatre siècles.
http://www.bladi.info/threads/berghwata-ancetres-paiens.83865/
Leur culte, leur Coran et leurs rites
Les historiens parlent de religion parce que les Berghwata possédaient leur propre Coran. D'après Abou Salih Zemmour, le chargé de prière des Berghwata, ce Coran comportait quatre-vingt versets intitulés des noms de prophètes (Adam, Ayyoub/Job, Younès/Jonas...), de récits (celui de Pharaon, de Gog et Magog/Hajouj et Majouj, du charlatan, du veau
) ou d'animaux (le coq, le chameau, les criquets, le serpent
). Mais aucune trace de version écrite n'a pu être trouvée dans la région de Tamesna où ils se sont fixés. Cependant, Al Bakri a cité un extrait de la sourate d'Ayyoub, l'équivalent de la Fatiha coranique (première sourate du Coran) des Berghwata. Le texte dit : Au nom de Dieu qui a envoyé son livre aux gens pour les éclairer sur sa Vérité. Ils disent alors : Iblis (Satan) est donc au courant de cette vérité. Dieu objecta. Il ne supporte point Iblis. Le mot Dieu ici est la traduction du mot Yakouch que certains ont considéré comme le dieu des Berghwata, alors que d'autres soutiennent qu'il s'agit tout simplement de la traduction du mot Allah, auquel les kharijites parmi les berbères musulmans croyaient auparavant. Ce dernier avis est partagé par Mohamed Talbi, qui avance que la religion des Béni Tarif ne s'est pas totalement écartée de l'Islam. Elle s'est contentée de l'adapter dans une version amazighe, locale et indépendante de l'Orient, en se dotant d'un Coran local et d'un prophète local.
Cette tendance indépendantiste ne s'est pas limitée aux textes. Ainsi, les Berghwata observaient le jeûne pendant le mois de Rajab au lieu du mois de ramadan, priaient en groupe le jeudi et non le vendredi, faisaient certaines prières sans prosternation ni génuflexion (sujud et rukou'), à l'instar des chrétiens. Pour leurs ablutions, ils se lavaient également les deux côtés du ventre. Ils observaient cinq prières le jour et cinq la nuit. À travers ces manifestations de zèle, d'après l'analyse de Mohamed Talbi, les Berghwata voulaient probablement montrer qu'ils n'avaient pas de leçon à recevoir des despotes de l'Orient et qu'ils pouvaient produire leurs propres règles religieuses.