La Cour des comptes vient de porter l’estocade à la réputation d Anne Lauvergeon.à la tête d'AREVA
Sept ans après, le rachat d'Uramin, payé au prix fort par Areva, reste hautement radioactif. La Cour des comptes s’est saisie du dossier et a décidé de faire un signalement auprès du parquet financier. Un autre rapport interne à Areva avait été fait en décembre 2011 pour tenter de comprendre cette affaire.
La Cour des comptes révèle que « la rémunération de l’ancienne présidente du directoire a connu une progression très rapide au cours de son mandat » (on veut bien être à gauche, mais au tarif des bourgeois du CAC 40) ; mais aussi qu’« un grand nombre des difficultés […] avec les tutelles […] provient avant tout de la forte personnalité de la présidente du directoire » (on veut bien être républicain, mais pas se laisser contrôler par les représentants de l’État actionnaire et de l’argent public).
Le pire, ce sont les pertes et provisions colossales passées sur les dossiers UraMin et de l’EPR finlandais. Ce qu’on comprend, c’est que :
- Les représentants de l’État ont émis des doutes sur les opérations envisagées… mais n’ont jamais pu ou voulu les bloquer.
- Mme Lauvergeon a pris des décisions ineptes et ruineuses ;
Un exemple : lors du rachat d’UraMin, le directoire d’AREVA dit prévoir une revente de 49 % à EDF et à un investisseur chinois, pour en amortir le coût. Les administrateurs vont gober, sans lettre d’intention de qui que ce soit. Et cette vente n’aura évidemment jamais lieu.
La leçon de l’histoire est connue.
Nos joyaux industriels sont dirigés par une coterie d’énarques cooptés, complices du politique, ignorants de l’entreprise et, surtout, juges et parties du système médiatique.
Les administrateurs de l’État manquent soit de compétence, soit de pouvoir, soit des deux. Ce qui n’empêche jamais Bercy de donner des leçons aux chefs d’entreprise.
La fin de l’histoire est écrite :
AREVA n’a plus les moyens de financer son développement. Qui va payer ?
Les Français, comme contribuables d’abord puis comme citoyens puisque ce fleuron finira par être dépecé ou vendu.
L’actualité relaie aussi les sanglots de M. Dufour, ex-président d’Air Littoral (mené au dépôt de bilan) et, depuis hier, de la SNCM. Soutenu par les syndicats, il portait un énième plan de relance de ce scandale, gabegie aux mains de la CGT marseillaise et des troubles organisations nationalistes corses. La SNCM, c’est la pire des qualités, des productivités et des régularités des liaisons en Méditerranée. Sans compter les affaires de vol de denrées dans lesquelles des élus syndicaux ont été arrêtés.
Aujourd’hui encore, on apprend qu’un autre énarque, M. Bonnafé, directeur général de BNP, est aux USA pour sauver sa licence contre une amende de plusieurs milliards d’euros pour avoir été en infraction sur la législation américaine des États dits voyous (Cuba, Soudan, Iran…). Mais qui a pris la décision d’y aller ? Demandera-t-on des comptes à M. Prot, son prédécesseur, autre énarque valeureux ? Le compte à rebours est lancé pour savoir à quelle heure les salariés du réseau français vont devoir passer à la caisse pour éponger…
Une chose est sûre : il n’y a pas que par le bas que la France est pillée aujourd’hui…
La Cour des Comptes a la dent dure. Dans un prérapport dont Les Echos publie mardi 13 mai de larges extraits, elle étrille la gestion d'Areva à l'époque où l'entreprise était dirigée par Anne Lauvergeon, entre 2006 et 2011, et sa gouvernance actuelle. Tout y passe : la stratégie générale du groupe qualifiée de « fuite en avant », la rémunération des dirigeants, le fiasco de l'EPR finlandais et l'affaire UraMin.
« Un certain nombre de difficultés (…) dans la période antérieure à 2012 proviennent avant tout de la forte personnalité de la présidente du directoire », lit-on dans un des extraits. Une critique balayée par « Atomic Anne » qui affirme qu'« une personnalité forte et dynamique était nécessaire pour réussir la création d'un tel groupe, développer le leader mondial du nucléaire, motiver les équipes ».
Lire notre portrait (en abonnés) Anne Lauvergeon, une forte tête pour une petite entreprise
MODÈLE CONTESTÉ, INVESTISSEMENTS IMPRUDENTS
La Cour estime pourtant que le « modèle intégré », défendu par Anne Lauvergeon, de l'extraction de l'uranium au retraitement des déchets en passant par la conception et la construction des réacteurs, « n'est pas définitivement convaincant ». Pendant la période concernée, Areva a financé ses investissements « majoritairement grâce à ses cessions » (d'actifs), faute de flux de trésorerie opérationnels suffisants, rappelle la Cour des comptes.
En 2007, Areva a en revanche acheté « de façon imprudente et à un prix très élevé » la société minière canadienne UraMin, qui détenait des droits sur trois gisements africains d'uranium, dont la valeur s'est révélée faible quatre ans plus tard. Ce qui n'a pas empêché le groupe d'investir « dans la hâte » sans tenir compte de la chute du cours de l'uranium, souligne la Cour, selon laquelle cette affaire, « dont les tribunaux ont encore à connaître », fait apparaître « des fautes individuelles ».
Lire notre éclairage : Affaire UraMin : pourquoi Areva est-il visé par une enquête judiciaire ?
http://www.lemonde.fr/societe/artic...estion-lauvergeon-en-proces_4415690_3224.html
mam
Sept ans après, le rachat d'Uramin, payé au prix fort par Areva, reste hautement radioactif. La Cour des comptes s’est saisie du dossier et a décidé de faire un signalement auprès du parquet financier. Un autre rapport interne à Areva avait été fait en décembre 2011 pour tenter de comprendre cette affaire.
La Cour des comptes révèle que « la rémunération de l’ancienne présidente du directoire a connu une progression très rapide au cours de son mandat » (on veut bien être à gauche, mais au tarif des bourgeois du CAC 40) ; mais aussi qu’« un grand nombre des difficultés […] avec les tutelles […] provient avant tout de la forte personnalité de la présidente du directoire » (on veut bien être républicain, mais pas se laisser contrôler par les représentants de l’État actionnaire et de l’argent public).
Le pire, ce sont les pertes et provisions colossales passées sur les dossiers UraMin et de l’EPR finlandais. Ce qu’on comprend, c’est que :
- Les représentants de l’État ont émis des doutes sur les opérations envisagées… mais n’ont jamais pu ou voulu les bloquer.
- Mme Lauvergeon a pris des décisions ineptes et ruineuses ;
Un exemple : lors du rachat d’UraMin, le directoire d’AREVA dit prévoir une revente de 49 % à EDF et à un investisseur chinois, pour en amortir le coût. Les administrateurs vont gober, sans lettre d’intention de qui que ce soit. Et cette vente n’aura évidemment jamais lieu.
La leçon de l’histoire est connue.
Nos joyaux industriels sont dirigés par une coterie d’énarques cooptés, complices du politique, ignorants de l’entreprise et, surtout, juges et parties du système médiatique.
Les administrateurs de l’État manquent soit de compétence, soit de pouvoir, soit des deux. Ce qui n’empêche jamais Bercy de donner des leçons aux chefs d’entreprise.
La fin de l’histoire est écrite :
AREVA n’a plus les moyens de financer son développement. Qui va payer ?
Les Français, comme contribuables d’abord puis comme citoyens puisque ce fleuron finira par être dépecé ou vendu.
L’actualité relaie aussi les sanglots de M. Dufour, ex-président d’Air Littoral (mené au dépôt de bilan) et, depuis hier, de la SNCM. Soutenu par les syndicats, il portait un énième plan de relance de ce scandale, gabegie aux mains de la CGT marseillaise et des troubles organisations nationalistes corses. La SNCM, c’est la pire des qualités, des productivités et des régularités des liaisons en Méditerranée. Sans compter les affaires de vol de denrées dans lesquelles des élus syndicaux ont été arrêtés.
Aujourd’hui encore, on apprend qu’un autre énarque, M. Bonnafé, directeur général de BNP, est aux USA pour sauver sa licence contre une amende de plusieurs milliards d’euros pour avoir été en infraction sur la législation américaine des États dits voyous (Cuba, Soudan, Iran…). Mais qui a pris la décision d’y aller ? Demandera-t-on des comptes à M. Prot, son prédécesseur, autre énarque valeureux ? Le compte à rebours est lancé pour savoir à quelle heure les salariés du réseau français vont devoir passer à la caisse pour éponger…
Une chose est sûre : il n’y a pas que par le bas que la France est pillée aujourd’hui…
La Cour des Comptes a la dent dure. Dans un prérapport dont Les Echos publie mardi 13 mai de larges extraits, elle étrille la gestion d'Areva à l'époque où l'entreprise était dirigée par Anne Lauvergeon, entre 2006 et 2011, et sa gouvernance actuelle. Tout y passe : la stratégie générale du groupe qualifiée de « fuite en avant », la rémunération des dirigeants, le fiasco de l'EPR finlandais et l'affaire UraMin.
« Un certain nombre de difficultés (…) dans la période antérieure à 2012 proviennent avant tout de la forte personnalité de la présidente du directoire », lit-on dans un des extraits. Une critique balayée par « Atomic Anne » qui affirme qu'« une personnalité forte et dynamique était nécessaire pour réussir la création d'un tel groupe, développer le leader mondial du nucléaire, motiver les équipes ».
Lire notre portrait (en abonnés) Anne Lauvergeon, une forte tête pour une petite entreprise
MODÈLE CONTESTÉ, INVESTISSEMENTS IMPRUDENTS
La Cour estime pourtant que le « modèle intégré », défendu par Anne Lauvergeon, de l'extraction de l'uranium au retraitement des déchets en passant par la conception et la construction des réacteurs, « n'est pas définitivement convaincant ». Pendant la période concernée, Areva a financé ses investissements « majoritairement grâce à ses cessions » (d'actifs), faute de flux de trésorerie opérationnels suffisants, rappelle la Cour des comptes.
En 2007, Areva a en revanche acheté « de façon imprudente et à un prix très élevé » la société minière canadienne UraMin, qui détenait des droits sur trois gisements africains d'uranium, dont la valeur s'est révélée faible quatre ans plus tard. Ce qui n'a pas empêché le groupe d'investir « dans la hâte » sans tenir compte de la chute du cours de l'uranium, souligne la Cour, selon laquelle cette affaire, « dont les tribunaux ont encore à connaître », fait apparaître « des fautes individuelles ».
Lire notre éclairage : Affaire UraMin : pourquoi Areva est-il visé par une enquête judiciaire ?
http://www.lemonde.fr/societe/artic...estion-lauvergeon-en-proces_4415690_3224.html
mam