60 000 vierges pour un roi lion!

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Les vierges dansent pour le Roi du Swaziland

La traditionnelle “danse des roseaux” fait figure de provocation, aujourd’hui.

Les jeunes filles du Swaziland ne rateraient l’événement pour rien au monde. Le week-end dernier, elles sont venues de tout le pays pour participer à “la danse des roseaux ”, ou umhlanga. A cette occasion, les “vierges”, sans enfant ni mari, se rassemblent pendant une semaine pour honorer la famille royale et célébrer leur chasteté.

Après avoir cueilli des bouquets de roseaux, qu’elles offriront à la reine-mère, les milliers de participantes dansent, seins nus, pour le Roi. Un spectacle haut en couleur, qui attire de nombreux habitants et touristes. Mais, dans la dernière monarchie absolue d’Afrique, cette fête est aussi une opportunité pour le souverain Mswati III de s’assurer de la loyauté de ses sujets et, parfois, de se choisir une nouvelle épouse.

Polygame, celui qui s’est autosurnommé “le lion” , a déjà treize femmes, qui sont mères d’une trentaine d’enfants, et deux “fiancées”. “Je suis fière de ma culture et d’être vierge ”, affirme Bongiwe, une jeune fille de 15 ans qui danse pour la deuxième année consécutive à l’umhlanga. “Et puis, c’est aussi l’occasion d’apercevoir le Roi .”

Selon les chiffres officiels – certainement gonflés pour renforcer le prestige du Souverain –, plus de 60 000 vierges ont participé, cette année, au spectacle, dans le stade de Ludzidzini, près de la capitale Mbabane. Pour attirer toujours plus de participantes, la famille royale fournit transport, repas et hébergement à toutes les filles pendant une semaine. “ Venir à l’umhlanga, c’est la garantie pour les filles d’avoir de la viande tous les jours pendant une semaine, alors que bon nombre d’en tre el l es ne mangent généralement pas à leur faim ”, dit Mario Masuku, le président du parti d’opposition, le Mouvement démocratique des peuples unis du Swaziland (Pudemo), interdit dans le pays.
 
“ C’est important de perpétuer les traditions. Mais les grandes sommes d’argent dépensées pour cette fête n’aident pas le peuple swazi , déplore-t-il. L’umhlanga est désormais utilisée à des fins politiques. Et les familles qui décident de ne pas y envoyer leurs filles subissent parfois des répercussions, car cela est vu comme un manque de respect au Roi.”

Le Swaziland, petit Etat montagneux d’un million d’habitants, enclavé entre l’Afrique du Sud et le Mozambique, est un des pays les plus pauvres du monde : 63 % de la population vit avec moins d’un dollar par jour et environ un quart dépend de l’aide alimentaire internationale.

Le pays est aussi ravagé par le sida, avec un taux d’infection qui frôle les 30 % de la population. Pendant ce temps, le Souverain, sa famille et ses courtisans vivent dans l’opulence.

Agé de 43 ans, Mswati III règne sur le pays d’une main de fer depuis vingt-cinq ans. Le monarque s’oppose à l’instauration de la démocratie et gouverne par décrets. Les partis politiques sont interdits depuis 1973 et, en avril dernier, des émeutes ont été violemment réprimées par la police royale, qui a procédé à l’arrestation de nombreux syndicalistes et autres progressistes.

“Le Roi et ses épouses vivent dans des palais, conduisent des voitures de luxe, envoient leurs enfants faire des études à l’étranger, tandis que la majorité de la population vit dans la misère ”, lance l’opposant Mario Masuku.

Une situation qui ne semble pas déranger Mswati III. La semaine dernière, il a réclamé “une commission personnelle” de 40 millions d’euros sur le prêt de 240 millions d’euros que l’Afrique du Sud vient d’octroyer à son pays pour lui éviter la banqueroute…

© La Libre Belgique 2011

Reed Dance 2011 Swaziland (Edited for American TV) - YouTube
 
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