Selon un rapport controversé, les talibans contrôleraient près des trois quarts de
l'Afghanistan
Les talibans auraient une présence permanente dans 72 % de l'Afghanistan en 2008, contre 54 % l'année dernière, et ils menaceraient trois des quatre principales voies d'accès à Kaboul, selon une étude publiée lundi 8 décembre par un centre de réflexion européen, le Conseil international sur la sécurité et le développement (ICOS, ex-Conseil de Senlis).
La notion de "présence permanente" renvoie à au moins une attaque recensée par semaine, selon l'ICOS. "Confiants dans leur expansion en dehors du Sud rural, les talibans sont aux portes de la capitale et s'infiltrent dans la ville à leur guise. Sur les quatre accès menant à Kaboul, trois sont compromis par l'activité des talibans", selon cette étude. "Après sept années d'occasions manquées, (...) les talibans constituent de facto le pouvoir en place dans un bon nombre de villes et de villages dans le Sud", estime l'ICOS.
ASPHYXIE DE KABOUL
Vers l'ouest, "la route n'est plus sûre tant pour les Afghans que pour les étrangers, dès l'entrée dans la province de Wardak, à trente minutes des limites de Kaboul. La route du sud à travers la province de Logar n'est pas sûre non plus. Vers l'est, en direction de Jalalabad, le district de Saroubi à une heure de route n'est pas sûr non plus", détaille le rapport. "En bloquant les voies d'accès, les talibans asphyxient la capitale et établissent des bases à proximité, à partir desquelles ils peuvent lancer des attaques dans Kaboul. (...) Cette dynamique a créé un environnement favorable au développement des activités criminelles, et les liens entre talibans et organisations criminelles sont tels qu'il est de plus en plus difficile de distinguer les uns des autres", souligne le Conseil.
Encore plus grave, les talibans sont en train de gagner la confiance de la population, selon le rapport. "En s'appuyant sur les motifs locaux de mécontentement contre l'OTAN et le gouvernement de Kaboul, de l'éradication des champs d'opium aux pertes civiles dans les bombardements, du chômage très élevé au sous-développement chronique en dépit des milliards de dollars d'aide, l'insurrection a réussi à élargir sa base de soutien traditionnel et a gagné une légitimité politique parmi de nombreux Afghans", juge le Conseil. Entre janvier et août 2008, les Nations unies ont dénombré 393 civils tués dans des frappes aériennes.
Les conclusions de l'ICOS sont pourtant mises en doute. "Ce chiffre ne nous paraît absolument pas crédible. Les talibans ne sont présents que dans le Sud et dans l'Est, ce qui représente déjà moins de 50 % du pays", estime le porte-parole de l'OTAN, James Appathurai. Pour certains spécialistes des questions de sécurité, le rapport de l'ICOS, même s'il reflète un sentiment assez répandu en Afghanistan, contient un certain nombre d'erreurs évidentes et tire des conclusions fausses.
Ce rapport est présenté au moment où le mollah Mohammad Omar, chef des talibans, appelle, à l'occasion de la fête religieuse musulmane de l'Aïd al-Adha, les Afghans à s'unir contre les "occupants" et à ne pas participer à l'élection présidentielle en 2009. Cet appel intervient alors que les Etats-Unis annoncent le déploiement de forces supplémentaires aux abords de Kaboul pour en protéger les accès.
Source : lemonde.fr
Accès à l'article : http://www.lemonde.fr/asie-pacifiqu...-afghanistan_1128126_3216.html#ens_id=1049814
l'Afghanistan
Les talibans auraient une présence permanente dans 72 % de l'Afghanistan en 2008, contre 54 % l'année dernière, et ils menaceraient trois des quatre principales voies d'accès à Kaboul, selon une étude publiée lundi 8 décembre par un centre de réflexion européen, le Conseil international sur la sécurité et le développement (ICOS, ex-Conseil de Senlis).
La notion de "présence permanente" renvoie à au moins une attaque recensée par semaine, selon l'ICOS. "Confiants dans leur expansion en dehors du Sud rural, les talibans sont aux portes de la capitale et s'infiltrent dans la ville à leur guise. Sur les quatre accès menant à Kaboul, trois sont compromis par l'activité des talibans", selon cette étude. "Après sept années d'occasions manquées, (...) les talibans constituent de facto le pouvoir en place dans un bon nombre de villes et de villages dans le Sud", estime l'ICOS.
ASPHYXIE DE KABOUL
Vers l'ouest, "la route n'est plus sûre tant pour les Afghans que pour les étrangers, dès l'entrée dans la province de Wardak, à trente minutes des limites de Kaboul. La route du sud à travers la province de Logar n'est pas sûre non plus. Vers l'est, en direction de Jalalabad, le district de Saroubi à une heure de route n'est pas sûr non plus", détaille le rapport. "En bloquant les voies d'accès, les talibans asphyxient la capitale et établissent des bases à proximité, à partir desquelles ils peuvent lancer des attaques dans Kaboul. (...) Cette dynamique a créé un environnement favorable au développement des activités criminelles, et les liens entre talibans et organisations criminelles sont tels qu'il est de plus en plus difficile de distinguer les uns des autres", souligne le Conseil.
Encore plus grave, les talibans sont en train de gagner la confiance de la population, selon le rapport. "En s'appuyant sur les motifs locaux de mécontentement contre l'OTAN et le gouvernement de Kaboul, de l'éradication des champs d'opium aux pertes civiles dans les bombardements, du chômage très élevé au sous-développement chronique en dépit des milliards de dollars d'aide, l'insurrection a réussi à élargir sa base de soutien traditionnel et a gagné une légitimité politique parmi de nombreux Afghans", juge le Conseil. Entre janvier et août 2008, les Nations unies ont dénombré 393 civils tués dans des frappes aériennes.
Les conclusions de l'ICOS sont pourtant mises en doute. "Ce chiffre ne nous paraît absolument pas crédible. Les talibans ne sont présents que dans le Sud et dans l'Est, ce qui représente déjà moins de 50 % du pays", estime le porte-parole de l'OTAN, James Appathurai. Pour certains spécialistes des questions de sécurité, le rapport de l'ICOS, même s'il reflète un sentiment assez répandu en Afghanistan, contient un certain nombre d'erreurs évidentes et tire des conclusions fausses.
Ce rapport est présenté au moment où le mollah Mohammad Omar, chef des talibans, appelle, à l'occasion de la fête religieuse musulmane de l'Aïd al-Adha, les Afghans à s'unir contre les "occupants" et à ne pas participer à l'élection présidentielle en 2009. Cet appel intervient alors que les Etats-Unis annoncent le déploiement de forces supplémentaires aux abords de Kaboul pour en protéger les accès.
Source : lemonde.fr
Accès à l'article : http://www.lemonde.fr/asie-pacifiqu...-afghanistan_1128126_3216.html#ens_id=1049814