77% des victimes de violences sexuelles sont des enfants : Inquiétante hausse des actes de pédophilie en Algérie

Saber, Mohamed, Sara, Brahim, Chaïma, Seïf El Islam, Nour et Houyam sont quelques noms d’une longue liste d’enfants agressés sexuellement durant des mois, pour certains, pendant des jours, pour d’autres. Ils ont l’âge de l’adolescence, préadolescence ou encore d’écoliers et même de bébés, entre 2 et 3 ans. Un phénomène qui prend de plus en plus de l’ampleur. A l’Unité médico-légale (UML) du CHU Mustapha Pacha d’Alger, les enfants représentent 77% des victimes de violences sexuelles prises en charge.

En moins de quatre années de travail, le bilan est effarant. «77% des victimes de violence que nous recevons sont des enfants. Au 31 décembre 2023, nous avons enregistré 279 victimes, dont près de 200 sont des enfants. Durant les dix premiers jours du mois en cours, nous avons pris en charge une dizaine d’enfants.

Selon ce dernier, 30,6% des victimes enregistrées en 2020, sont âgées de 10 ans, suivis des 13-16 ans puis des 16-18 ans, avec des taux respectifs de 29% et de 25%. Dans 49,2% des cas, l’enfant a subi des attouchements, et dans un tiers des cas, soit 21,77%, il y a eu viol. Ces ratios restent presque les mêmes durant les années suivantes, même si les statistiques ont connu une progression à la hausse

Dans 75% des cas, les mineurs connaissent le pédophile

Les pédophiles sont dans 93,5% des hommes. Ils sont connus par leurs victimes dans 75% des cas. Ils font partie de l’entourage de l’enfant dans 73,4% des cas, et membres de la famille (incestes) dans 9,68% des cas. Les agressions sont, dans 76,61% des cas, commises dans un endroit public isolé et dans 13,71% des cas chez l’auteur lui-même. Pour le Dr Azzouz, «les victimes ne parlent pas ou peu de ce qui leur arrive. Les statistiques montrent qu’une seule sur dix se confie à sa mère. Une maman à défaut de déposer plainte peut cacher une violence sexuelle ou ses conséquences, lorsque celle-ci est suivie d’une grossesse».

«Les enfants victimes d’abus sexuels sont de plus en plus jeunes. Mais les plus ciblés sont ceux âgés entre 8 et 12 ans, et dans une grande proportion, par des adultes qu’ils connaissent, c’est-à-dire de leur entourage.

Le Dr Azzouz précise : «Dans notre protocole de prise en charge des victimes de violences sexuelles, il y a l’examen systématique des médecins légistes et gynéco-obstétriciens, mais aussi l’utilisation du colposcope avec photo-vidéo documentation, aussi bien des enfants que des victimes adultes.

Cela permet de visualiser les lésions traumatiques microscopiques non visibles à l’œil nu, d’approfondir l’examen. Depuis, le recours au colposcope a permis de mettre en évidence un nombre plus élevé, jusqu’à 80%, de lésions anales (pour les garçons) et génitales (pour les filles)», révèle le médecin légiste. Dans le registre des consultations, tout est noté.

Les informations qu’il comporte sont hallucinantes. Beaucoup de garçons âgés, entre 5 et 10 ans examinés pour des attouchements et d’adolescentes de 15 et 17 ans, pour abus sexuels, avec des lésions, explique M. Azzouz, peuvent s’avérer d’une extrême gravité. «Nous avons constaté des lésions de violence génito-anales dans 26,45% des mineurs examinés. Nous avons constaté que 18% des filles victimes de violences sexuelles présentent des lésions génitales, 2,48% des lésions anales et 0,83% avec l’association des deux.

Les lésions de l’hymen augmentent dès l’âge de 13 ans, avec un pic pour les adolescentes de 16-18 ans. Quant à eux, les garçons arrivent à l’unité, dans 4,96% des cas avec des lésions anales. Ces statistiques concernent 124 mineurs pris en charge à l’unité, durant 2020, année marquée par le confinement. Ils ont évolué à la hausse avec des ratios qui sont également à la hausse. Ce qui démontre une progression assez importante de ce phénomène au sein de la société.»

 
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