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Rorschach
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En ce 1er mai 2014 jour de fête du travail, quoi de plus naturel que de dresser le portrait d’une employée très spéciale.
Surnommée « la fée dodo », cette bladinette n’était pas bonne en addition mais excellait en sommes à l’école. A l’adolescence, elle décide de ne porter que des pyjamas pour être plus à l’aise et entre dans la vie passive à l’âge de 22 ans. Déterminée à faire dodo le plus longtemps possible, elle signe un CDI (Contrat à Dodo Ininterrompu) après avoir refusé maint CDD (Contrat à Dodo Déterminé).
Dans sa cuisine, elle se repose sur son laurier et après une bonne soupe, s’assoupit. Mais au boulot c’est autre chose : affalée à même le bureau, elle dort pendant ses heures de travail, la tête posée sur une pile de dossiers non conçus pour la sieste.
Son premier emploi s’avère difficile, car le contrat inclut une clause de mobilité l’obligeant à bouger durant ses siestes professionnelles (somnambulisme), ainsi qu’une clause de non-concurrence lui interdisant de dormir dans une autre entreprise. Entourée de turbulentes collègues, Anne et Stacy, ses conditions de sommeil sont mauvaises. Anne et Stacy gênent et râlent ! Notre héroïne bladienne les poussera donc à démissionner. Elles fonderont ensemble un centre de formation pour secrétaires médicales : Anne&Stacy Local.
C’est alors que la bladinette en question, seule au bureau, amènera matelas et oreiller ergonomiques pour plus de professionnalisme. Elle parle et se contredit en dormant, ce qui fera dire à son patron : « Somnifère* ! Cette employée a le sommeil paradoxal ! ». Il l’enverra en stage pour se perfectionner à l’assoupissement silencieux, elle en deviendra d’ailleurs plus productive durant ses siestes.
Alors privée d’accès à Youtube par cet employeur tyrannique, un ami anchois inspiré par une sardine de sa connaissance, lui conseillera, afin de mieux changer de boîte, d’enchaîner les arêtes de travail pour obtenir le licenciement.
Mais n’écoutant que sa flemme (le changement c’est pas maintenant car c’est fatigant !), elle entreprendra une grève du sommeil. Une heure après le début du mouvement de protestation, les pompiers la retrouveront dans un état d’épuisement avancé…Elle sera finalement licenciée pour sommeil lourd.
Un jour, en pleine sieste dans la salle d’attente du Pôle Emploi, un inconnu la réveille pour lui proposer un poste de « contrôleuse qualité en literie ». L’homme connaissait bien le terrain puisqu’il avait commencé sa carrière comme gardien chez BUT, à mi-temps, avant de devenir cadre de la grande surface alors en réparation...
Elle acceptera le poste, et, s’adressant à son nouveau patron, s’écriera « à condition que vous me fichiez la paix ! ». Exaucée, elle recevra chaque mois une fiche de paix, mais pas de tickets restaurant. Le CE (comateux d’entreprise) lui accordera tout de même des congelés payés de chez Picard.
Au retour d’une semaine de vacances bien méritées, son patron lui annoncera que l’enseigne se porte mal ; et, ne désirant pas se séparer d’une employée de valeur, la fera passer à temps par ciel (ne vient pas dormir au bureau en cas de grisaille). Du fait de la crise économique, ce répit sera de courte durée et son patron lui fera part du plan pour sauver l’entreprise, (licenciement de 500 salariés). Elle luttera en pesant de toute sa masse salariale en s’écriant : « Mais c’est un plan de cas social ça ! ». Elle sera la première à partir et percevra, en plus des indemnités habituelles, l’indemnité compensatrice de somnolence (10% de la récupération de sommeil brute totale, calculée sur toute la durée d’emploi).
Fraîchement licenciée, elle sera accusée de réception par la Poste, après avoir été chaudement recommandée par courrier…un facteur déterminant pour la suite de sa paresseuse carrière, et pour le suivi du Colisimo dans « l’Affaire du Makrout ».
Cette bladichelha se réveille un jour en sursaut pour se lancer dans la création d’entreprise. Et c’est avec l’aide de son oncle épicier, Madjid alias « Ammi Magique », qu’elle commercialisera du sable (mettant ainsi fin à une longue traversée du désert…), et d’autres accessoires comme des seaux porifiques (avec plein de petits trous), des Barbie turiques (made in Turiquie), des ronflants (flans de forme ronde), ou des macarons, etc. Le commerce connaitra un franc succès, et suite à un conglomérat avec La Petite Souris, gagnera 90% de parts de marché, allant même jusqu’à mettre Le Marchand de Sable sur la paille !
Mais ne se voyant pas dormir sur un tapis roulant de caisse enregistreuse, sous le regard hébété des clients, la bladinette marchande de sommeil préfèrera abandonner le commerce pour la fonction publique, où elle sommeille paisiblement encore aujourd’hui.
Celle qui nous intéresse ici hiberne, elle estive aussi. Selon la rumeur, Morphée lui-même serait las de l’avoir sur les bras ! Et l’on ne compte plus les suicides chez les fabricants de réveille-matin…Pourtant, l’on dit aussi qu’elle est une vraie personne alitée. Elle demeure célèbre pour avoir créé le Budo (boulot-dodo), un art de vivre qui commence à s’exporter au Japon. L’on sait aussi que Le Dormeur du Val de Rimbaud est son poème favori. Mais on vante surtout la force d’inertie de cette cartésienne à l’improbable cogito : « Je pionce donc je suis ».
Mais qui est donc cette bladinette ?
* Contraction héritée de l'ancien français : « nul somme n’y peut rien faire !»
Surnommée « la fée dodo », cette bladinette n’était pas bonne en addition mais excellait en sommes à l’école. A l’adolescence, elle décide de ne porter que des pyjamas pour être plus à l’aise et entre dans la vie passive à l’âge de 22 ans. Déterminée à faire dodo le plus longtemps possible, elle signe un CDI (Contrat à Dodo Ininterrompu) après avoir refusé maint CDD (Contrat à Dodo Déterminé).
Dans sa cuisine, elle se repose sur son laurier et après une bonne soupe, s’assoupit. Mais au boulot c’est autre chose : affalée à même le bureau, elle dort pendant ses heures de travail, la tête posée sur une pile de dossiers non conçus pour la sieste.
Son premier emploi s’avère difficile, car le contrat inclut une clause de mobilité l’obligeant à bouger durant ses siestes professionnelles (somnambulisme), ainsi qu’une clause de non-concurrence lui interdisant de dormir dans une autre entreprise. Entourée de turbulentes collègues, Anne et Stacy, ses conditions de sommeil sont mauvaises. Anne et Stacy gênent et râlent ! Notre héroïne bladienne les poussera donc à démissionner. Elles fonderont ensemble un centre de formation pour secrétaires médicales : Anne&Stacy Local.
C’est alors que la bladinette en question, seule au bureau, amènera matelas et oreiller ergonomiques pour plus de professionnalisme. Elle parle et se contredit en dormant, ce qui fera dire à son patron : « Somnifère* ! Cette employée a le sommeil paradoxal ! ». Il l’enverra en stage pour se perfectionner à l’assoupissement silencieux, elle en deviendra d’ailleurs plus productive durant ses siestes.
Alors privée d’accès à Youtube par cet employeur tyrannique, un ami anchois inspiré par une sardine de sa connaissance, lui conseillera, afin de mieux changer de boîte, d’enchaîner les arêtes de travail pour obtenir le licenciement.
Mais n’écoutant que sa flemme (le changement c’est pas maintenant car c’est fatigant !), elle entreprendra une grève du sommeil. Une heure après le début du mouvement de protestation, les pompiers la retrouveront dans un état d’épuisement avancé…Elle sera finalement licenciée pour sommeil lourd.
Un jour, en pleine sieste dans la salle d’attente du Pôle Emploi, un inconnu la réveille pour lui proposer un poste de « contrôleuse qualité en literie ». L’homme connaissait bien le terrain puisqu’il avait commencé sa carrière comme gardien chez BUT, à mi-temps, avant de devenir cadre de la grande surface alors en réparation...
Elle acceptera le poste, et, s’adressant à son nouveau patron, s’écriera « à condition que vous me fichiez la paix ! ». Exaucée, elle recevra chaque mois une fiche de paix, mais pas de tickets restaurant. Le CE (comateux d’entreprise) lui accordera tout de même des congelés payés de chez Picard.
Au retour d’une semaine de vacances bien méritées, son patron lui annoncera que l’enseigne se porte mal ; et, ne désirant pas se séparer d’une employée de valeur, la fera passer à temps par ciel (ne vient pas dormir au bureau en cas de grisaille). Du fait de la crise économique, ce répit sera de courte durée et son patron lui fera part du plan pour sauver l’entreprise, (licenciement de 500 salariés). Elle luttera en pesant de toute sa masse salariale en s’écriant : « Mais c’est un plan de cas social ça ! ». Elle sera la première à partir et percevra, en plus des indemnités habituelles, l’indemnité compensatrice de somnolence (10% de la récupération de sommeil brute totale, calculée sur toute la durée d’emploi).
Fraîchement licenciée, elle sera accusée de réception par la Poste, après avoir été chaudement recommandée par courrier…un facteur déterminant pour la suite de sa paresseuse carrière, et pour le suivi du Colisimo dans « l’Affaire du Makrout ».
Cette bladichelha se réveille un jour en sursaut pour se lancer dans la création d’entreprise. Et c’est avec l’aide de son oncle épicier, Madjid alias « Ammi Magique », qu’elle commercialisera du sable (mettant ainsi fin à une longue traversée du désert…), et d’autres accessoires comme des seaux porifiques (avec plein de petits trous), des Barbie turiques (made in Turiquie), des ronflants (flans de forme ronde), ou des macarons, etc. Le commerce connaitra un franc succès, et suite à un conglomérat avec La Petite Souris, gagnera 90% de parts de marché, allant même jusqu’à mettre Le Marchand de Sable sur la paille !
Mais ne se voyant pas dormir sur un tapis roulant de caisse enregistreuse, sous le regard hébété des clients, la bladinette marchande de sommeil préfèrera abandonner le commerce pour la fonction publique, où elle sommeille paisiblement encore aujourd’hui.
Celle qui nous intéresse ici hiberne, elle estive aussi. Selon la rumeur, Morphée lui-même serait las de l’avoir sur les bras ! Et l’on ne compte plus les suicides chez les fabricants de réveille-matin…Pourtant, l’on dit aussi qu’elle est une vraie personne alitée. Elle demeure célèbre pour avoir créé le Budo (boulot-dodo), un art de vivre qui commence à s’exporter au Japon. L’on sait aussi que Le Dormeur du Val de Rimbaud est son poème favori. Mais on vante surtout la force d’inertie de cette cartésienne à l’improbable cogito : « Je pionce donc je suis ».
Mais qui est donc cette bladinette ?
* Contraction héritée de l'ancien français : « nul somme n’y peut rien faire !»