A l'horizon 2010, le marché du phosphate risque d'etre bouleversé

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Sur la façade orientale de l’Australie, les agriculteurs sont obligés de retarder les semis, par manque d’engrais phosphatés. Ils doivent attendre l’arrivée des prochains bateaux livrant cet engrais précieux pour nourrir les sols fatigués. Qu’un pays comme l’Australie qui produit 80 % de ses besoins en fertilisants, se retrouve en situation de pénurie, illustre bien à quel point le marché des phosphates est aujourd’hui tendu. En un an, les prix du DAP, le phosphate d’ammoniaque - c’est l’engrais à base de phosphate le plus courant - ont augmenté de 50 % pour atteindre plus de 400 dollars la tonne au départ du producteur. Une embellie bienvenue pour les producteurs car la rentabilité des mines de phosphate n’est pas très élevée.

Un analyste londonien estime que sur ces vingt dernières années, l’exploitation de cette ressource a été une activité lucrative sur sept ou huit ans seulement. Si le marché est tendu en ce moment, c’est bizarrement parce qu’on craint sa chute. Un gigantesque projet est en cours de construction en Arabie saoudite. A l’horizon 2010, la production issue d’une mine située dans le nord de la péninsule pourrait fournir 7 à 8 % de l’offre mondiale, ce qui ne va pas manquer de bouleverser le marché actuellement dominé par le Maroc. Ce méga projet saoudien a pratiquement gelé toutes les velléités d’investissement dans le reste du monde, d’où ce goulot d’étranglement qui fait grimper les prix.

On s’approche de plus en plus du sommet de la hausse, mais il est délicat d’en prévoir la date car sur l’autre versant, l’évolution de la demande est plus difficile à maîtriser. Le portrait type du gros consommateur d’engrais est le pays très peuplé et assez riche pour financer les intrants .C’est en gros le portrait robot des Etats-Unis, un pays également producteur où la demande est stable alors qu’elle explose chez les deux géants de l’Asie : Inde et Chine. Ces derniers ont besoin de nourrir une population galopante. Ils représentent aujourd’hui la moitié de la consommation d’engrais, toutes catégories confondues.

Dans le cas de la Chine, il faut ajouter que les terres disponibles se raréfiant, il est urgent de nourrir au mieux les sols cultivés. Pour accélérer la croissance des cultures, rien ne vaut le nitrate que les Chinois ont abondamment utilisé ces dernières années mais, pour reconstituer le sol à moyen terme, le recours aux engrais phosphatés est indispensable. C’est pourquoi les Chinois ont accéléré la production domestique. Leurs importations d’engrais phosphatés déclinent depuis quatre ans et cela devrait continuer car c’est ici qu’on s’attend à la plus forte progression de la production.
 
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