A Marseille, Sarkozy envisage d'évincer le préfet chargé de la sécurité

Priorité Marseille. A peine rentré de vacances et d'une convalescence due à une opération chirurgicale début juillet, le ministre de l'intérieur, Claude Guéant, s'attelle à son prochain déplacement, prévu avant la fin du mois d'août dans la cité phocéenne.

L'été s'achève et, en matière de sécurité, loin de s'améliorer, le climat marseillais s'est alourdi. A tel point que le président de la République s'en est ému et a réclamé des sanctions. Selon nos informations, c'est Gilles Leclair, préfet chargé de la sécurité, qui pourrait le premier en faire les frais.

Avant la fin du mois d'août, il devrait être remplacé à ce poste sensible par un proche de Nicolas Sarkozy : l'ancien directeur de la sécurité de proximité de l'agglomération parisienne (DSPAP), Alain Gardère, 54 ans, nommé préfet en mars après qu'il eut rejoint le cabinet de M. Guéant, place Beauvau. Le conseil du ministre du 24 août pourrait entériner cette décision.

Début août, c'est un reportage paru dans La Provence et diffusé aux 20 heures des journaux télévisés qui aurait provoqué l'ire présidentielle. On y voyait une bande de jeunes qui avait pris le contrôle d'un parking délaissé par l'exploitant Vinci dans le quartier de la porte d'Aix. Ces jeunes rançonnaient les automobilistes qui venaient y garer leur véhicule. Dans cette affaire qui avait marqué l'opinion, l'Etat avait été accusé de "défaillance" par des élus de l'opposition.

Spécialiste de sécurité publique, M. Gardère devra faire oublier ces images. Il devra notamment accélérer la mise en place du plan de vidéosurveillance. A neuf mois de l'élection présidentielle, cet homme de confiance du ministre de l'intérieur – ils se sont connus à Rennes en 2000 lorsque M. Guéant était préfet et M. Gardère directeur départemental de la sécurité publique – n'aura pas droit à l'erreur.

VOYOUCRATIE

Gilles Leclair en a fait l'expérience. Arrivé à Marseille fin décembre 2010, en provenance d'Ajaccio où il coordonnait les forces de sécurité, M. Leclair avait été appelé dans la deuxième ville de France après la mise en place par le ministre de l'intérieur d'alors, Brice Hortefeux, de l'opération Brennus. Ce dispositif prévoyait le déploiement de forces de l'ordre dans les cités de Marseille après la mort par balles le 19 novembre d'un adolescent de 16 ans.

Outre le rétablissement de la sécurité, ces mesures avaient également pour but de calmer la colère du maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin (UMP), qui s'était maintes fois plaint auprès du chef de l'Etat de la réduction des effectifs et du manque de policiers dans sa ville. "Et je continue d'en demander", rappelle l'intéressé.

Neuf mois après, le bilan de l'opération Brennus est décevant. "En matière de sécurité, la situation mérite d'être améliorée", indique M. Gaudin dans un doux euphémisme. La délinquance et la criminalité liées notamment aux trafics de stupéfiants n'ont guère diminué. La ville reste la proie d'une série de règlements de comptes et les morts par balles continuent de s'additionner.

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Le Monde.fr

Yves Bordenave
 
Au cours des deux dernières années, une cinquantaine d'homicides par armes à feu ont été enregistrés et, depuis janvier, les vols avec violence et les agressions ont augmenté de 20 %. Pour le seul mois de juillet, à moins de dix jours d'intervalle, deux hommes connus pour leur appartenance au milieu ont été tués par balles en plein jour et en pleine rue. Si l'été a été moins meurtrier que celui de 2010, la voyoucratie marseillaise continue de défrayer la chronique.

Depuis le 5 mai, M. Guéant a déjà fait deux voyages à Marseille qu'il a hissée au rang de site pilote des "patrouilleurs" – ces policiers chargés de sillonner les quartiers –, tout en annonçant une aide de l'Etat pour l'installation de la vidéosurveillance.


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Yves Bordenave
 
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