A nos anciens

Ici, c’est un vieil homme de cent ans


Ici, c’est un vieil homme de cent ans
qui dit, selon la chair, Flandre et le sang :
souvenez-vous-en, souvenez-vous-en,
en ouvrant son coeur de ses doigts tremblants
pour montrer à tous sa vie comme un livre,
et, dans sa joie comme en des oraisons,
tout un genre humain occupé à vivre
en ses villes pies d’hommes et d’enfants.
Or à tous ici, ses pleurs et ses fêtes,
et, suivant le ciel peint à ses couleurs,
voici sa maison, ses fruits et ses fleurs,
en ses horizons d’hommes et de bêtes :
et lors ses heures d’hiver et printemps
venues en musique ainsi qu’en prières,
sous des Christs en croix, des saints, des calvaires,
puis sa foi aussi bonne en tous les temps,
pour la paix de sa vie trop à l’attache,
dans les jours, les mois, des quatre saisons,
et le réconfort de ses mains qui tâchent
ici de leur mieux et très simplement.

Max Elskamp, Enluminures
 
L’Hyver

Mes volages humeurs, plus sterilles que belles,
S’en vont ; et je leur dis : Vous sentez, irondelles,
S’esloigner la chaleur et le froid arriver.
Allez nicher ailleurs, pour ne tascher, impures,
Ma couche de babil et ma table d’ordures ;
Laissez dormir en paix la nuict de mon hyver.
D’un seul poinct le soleil n’esloigne l’hemisphere ;
Il jette moins d’ardeur, mais autant de lumiere.
Je change sans regrets, lorsque je me repens
Des frivoles amours et de leur artifice.
J’ayme l’hyver qui vient purger mon cœur de vice,
Comme de peste l’air, la terre de serpens.
Mon chef blanchit dessous les neiges entassées.
Le soleil, qui reluit, les eschauffe, glacées,
Mais ne les peut dissoudre, au plus court de ses mois.
Fondez, neiges ; venez dessus mon cœur descendre,
Qu’encores il ne puisse allumer de ma cendre
Du brazier, comme il fit des flammes autrefois.
Mais quoi ! serai-je esteint devant ma vie esteinte ?
Ne luira plus sur moi la flamme vive et sainte,
Le zèle flamboyant de la sainte maison ?
Je fais aux saints autels holocaustes des restes,
De glace aux feux impurs, et de naphte aux celestes :
Clair et sacré flambeau, non funebre tison !
Voici moins de plaisirs, mais voici moins de peines.
Le rossignol se taist, se taisent les Sereines.
Nous ne voyons cueillir ni les fruits ni les fleurs ;
L’esperance n’est plus bien souvent tromperesse,
L’hyver jouit de tout. Bienheureuse vieillesse
La saison de l’usage, et non plus des labeurs !
Mais la mort n’est pas loin ; cette mort est suivie
D’un vivre sans mourir, fin d’une fausse vie :
Vie de nostre vie, et mort de nostre mort.
Qui hait la seureté, pour aimer le naufrage ?
Qui a jamais esté si friant de voyage
Que la longueur en soit plus douce que le port ?

Théodore Agrippa d’Aubigné
 
De Ibn Hazm

Le collier de la colombe.

Quelqu'un m'a demandé mon âge, après avoir vu la vieillesse grisonner sur mes tempes et les boucles de mon front.

Je lui ai répondu : "Une heure, car en vérité je ne compte pour rien le temps que j'ai par ailleurs vécu."

Il m'a dit : "Que dites-vous là? Expliquez-vous? Voilà bien la chose la plus émouvante!

Je dis alors: "Un jour pas surprise, j'ai donné un baiser , un baiser furtif, à celle qui tient mon coeur. Si nombreux que doivent être mes jours, je ne compterai que ce court instant , car il a été toute ma vie."
 
La vie n'a pas d'âge

La vie n'a pas d'âge.
La vraie jeunesse ne s'use pas.
On a beau l'appeler souvenir,
On a beau dire qu'elle disparaît,
On a beau dire et vouloir dire que tout s'en va,
Tout ce qui est vrai reste là.
Quand la vérité est laide, c'est une bien fâcheuse histoire,
Quand la vérité est belle, rien ne ternit son miroir.
Les gens très âgés remontent en enfance
Et leur coeur bat
Là ou il n'y a pas d'autrefois.

Jacques Prévert
 
la vieille femme grincheuse

QUE VOIS-TU, TOI QUI ME SOIGNES, QUE VOIS-TU ?
QUAND TU ME REGARDES, QUE PENSES-TU ?

Une vieille femme grincheuse, un peu folle
Le regard perdu, qui n'y est plus tout à fait,
Qui bave quand elle mange et ne répond jamais,
Qui, quand tu dis d'une voix forte "essayez"
Semble ne prêter aucune attention à ce que tu fais
Et ne cesse de perdre ses chaussures et ses bas,
Qui docile ou non, te laisse faire à ta guise,
Le bain et les repas pour occuper la longue journée grise.
C'est ça que tu penses, c'est ça que tu vois ?
Alors ouvre les yeux, ce n'est pas moi.
Je vais te dire qui je suis, assise là si tranquille
Me déplaçant à ton ordre, mangeant quand tu veux :
Je suis la dernière de dix, avec un père et une mère,
Des frères et des soeurs qui s'aiment entre eux.
Une jeune fille de 16 ans, des ailes aux pieds,
Rêvant que bientôt, elle rencontrera un fiancé.
Mariée déjà à 20 ans. Mon coeur bondit de joie
Au souvenir des voeux que j'ai fait ce jour-la.
J'ai 25 ans maintenant et un enfant à moi
Qui a besoin de moi pour lui construire une maison.
Une femme de trente ans, mon enfant grandit vite,
Nous sommes liés l'un a l'autre par des liens qui dureront.
Quarante ans, bientôt il ne sera plus là.
Mais mon homme est à mes côtes qui veille sur moi.
Cinquante ans, à nouveau jouent autour de moi des bébés ;
Me revoilà avec des enfants, moi et mon bien-aimé.
Voici les jours noirs, mon mari meurt.
Je regarde vers le futur en frémissant de peur,
Car mes enfants sont tous occupés à élever les leurs,
Et je pense aux années et à l'amour que J'ai connus.
Je suis vieille maintenant, et la nature est cruelle,
qui s'amuse a faire passer la vieillesse pour folle,
Mon corps s'en va, la grâce et la force m'abandonnent.
Et il y a maintenant une pierre la ou jadis j'eus un coeur.
Mais dans cette vieille carcasse, la jeune fille demeure
Dont le vieux coeur se gonfle sans relâche.
Je me souviens des joies, je me souviens des peines,
Et à nouveau je sens ma vie et j'aime.
Je repense aux années trop courtes et trop vite passées,
Et accepte cette réalité implacable que rien ne peut durer
Alors ouvre les yeux, toi qui me soignes et regarde.
Non la vieille femme grincheuse... regarde mieux, tu me verras !

Ce poème a été retrouvé dans les affaires d'une vieille dame Irlandaise après sa mort
 
Habitude

Le seul danger serait en effet de se réveiller un jour
Avec une âme qui n'aurait jamais servi,
Une âme ensevelie de précautions,
Soigneusement amidonnée,
Repassée et pliée en quatre,
Mais qui tombe en poussière faute d'usage.
Car ce qu'il y a de pire,
C'est d'avoir une âme habituée,
Une âme tellement encroûtée,
Tellement imperméabilisée,
Que la grâce roule sur elle sans rien mouiller,
Comme des gouttes d'eau sur la toile cirée.

P. Baudiquey, Pleins signes
 
La vieillesse


Viennent les ans ! J'aspire à cet âge sauveur
Où mon sang coulera plus sage dans mes veines,
Où, les plaisirs pour moi n'ayant plus de saveur,
Je vivrai doucement avec mes vieilles peines.

Quand l'amour, désormais affranchi du baiser,
Ne me brûlera plus de sa fièvre mauvaise
Et n'aura plus en moi d'avenir à briser,
Que je m'en donnerai de tendresse à mon aise !

Bienheureux les enfants venus sur mon chemin !
Je saurai transporter dans les buissons l'école ;
Heureux les jeunes gens dont je prendrai la main !
S'ils aiment, je saurai comment on les console.

Et je ne dirai pas : "C'était mieux de mon temps."
Car le mieux d'autrefois c'était notre jeunesse ;
Mais je m'approcherai des âmes de vingt ans
Pour qu'un peu de chaleur en mon âme renaisse ;

Pour vieillir sans déchoir, ne jamais oublier
Ce que j'aurai senti dans l'âge où le coeur vibre,
Le beau, l'honneur, le droit qui ne sait pas plier,
Et jusques au tombeau penser en homme libre.

Et vous, oh ! Quel poignard de ma poitrine ôté,
Femmes, quand du désir il n'y sera plus traces,
Et qu'alors je pourrai ne voir dans la beauté
Que le dépôt en vous du moule pur des races !

Puissé-je ainsi m'asseoir au faîte de mes jours
Et contempler la vie, exempt enfin d'épreuves,
Comme du haut des monts on voit les grands détours
Et les plis tourmentés des routes et des fleuves !

René-François SULLY PRUDHOMME
 
Se souvenir des belles choses

Mamie est malade. Elle a cette maladie indéfinissable. Cette chose qui se métamorphose selon les jours, les heures, les minutes. Aujourd'hui, Mamie va bien. Demain, elle ira peut-être mieux. Et les jours d'après on verra bien. Mais on le sait : Mamie est joyeuse.
Mamie est malade. Et nous aussi. Mamie rit. Je pleure. Mais Mamie oublie. Tout. Rien. On ne sait pas. Elle oublie partiellement. Puis définitivement. Et ça revient. Et ça repart. Lundi elle se souvient. Elle est heureuse. Mardi elle oublie. Elle est heureuse. Mercredi on verra bien. Mais on le sait : Mamie disparaît. Son esprit s'évapore. Jour après jour. Heure après heure. Minute après minute. Mais Mamie est là : vivante.
Lundi je vais voir Mamie. Mardi une Dame. Mercredi je verrais bien. Mamie a un coeur, il bat. Mamie se souvient : je suis sa petite fille. La Dame a un coeur, il bat. Mais la Dame ne se souvient pas : je n'existe pas. Et mercredi on verra bien. J'ai peur de ce jour ou Mamie m'oubliera.
J'ai peu de la Dame : Al Zheimer

Source : Skyblog de zerreurfatale : A. 17 ans
 
ROSEMONDE GÉRARD

Lorsque nous serons vieux

Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs,
Au mois de mai, dans le jardin qui s'ensoleille,
Nous irons réchauffer nos vieux membres tremblants
Comme le renouveau mettra nos cours en fête,
Nous nous croirons encore de jeunes amoureux,
Et je te sourirai, tout en branlant la tête,
Et nous ferons un couple adorable de vieux
Nous nous regarderons, assis sous notre treille,
Avec des petits yeux attendris et brillants,
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs.

Sur le banc familier, tout verdâtre de mousse,
Sur le banc d'autrefois, nous reviendrons causer.
Nous aurons une joie attendrie et très douce,
La phrase finissant souvent par un baiser ;
Combien de fois, jadis, j'ai pu dire : " Je t'aime ".
Alors, avec grand soin, nous le recompterons,
Nous nous ressouviendrons de mille choses, même
De petits riens exquis dont nous radoterons
Un rayon descendra, d'une caresse douce,
Parmi nos cheveux blancs, tout rose, se poser,
Quand sur notre vieux banc tout verdâtre de mousse,
Sur le banc d'autrefois nous reviendrons causer.

Et comme chaque jour je t'aime davantage,
Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain,
Qu'importeront alors les rides du visage
Si les mêmes rosiers parfument le chemin.
Songe à tous les printemps qui, dans nos cours, s'entassent ;
Mes souvenirs à moi seront aussi les tiens !
Ces communs souvenirs toujours plus nous enlacent
Et sans cesse entre nous ils tissent d'autres liens ;
C'est vrai, nous serons vieux, très vieux, faiblis par l'âge,
Mais plus fort chaque jour je serrerai ta main,
Car, vois-tu, chaque jour, je t'aime davantage,
Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain.

Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs.
Au mois de mai, dans le jardin qui s'ensoleille,
Nous irons réchauffer nos vieux membres tremblants
Comme le renouveau mettra nos cours en fête,
Nous nous croirons encore aux heureux temps d'antan,
Et je te sourirai, tout en branlant la tête,
Et tu me parleras d'amour en chevrotant
Nous nous regarderons, assis sous notre treille,
Avec des yeux remplis des pleurs de nos vingt ans...
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs
 
Pour pas que ce soit un topic trop triste:

Différence entre la jeunesse et la vieillesse :
la première a quatre membres souples et un raide.
la seconde, quatre membres raides et un souple.

Jean Delacour
 
LES TOURMENTS DE LA VIEILLESSE


Que de fois avons-nous bu dans des coupes qui flamboyaient
dans la main de l'échanson, comme des braises ardentes !
Et que de fois avons-nous effleuré des lèvres
sur lesquelles vivaient en harmonie douceur et pourpre !
Et que de fois avons-nous déclamé des poèmes
jusqu'à ce que la voûte céleste eût entendu la voix des âmes !

... Ces jours passées les voilà fanés, comme les fleurs
quand la neige tombe du sein de l'hiver.
Ce que les mains des siècles ont prodigué,
la main de la misère l'a dérobé ...

Si nous avions su, nous n'aurions pas laissé une seule nuit
s'écouler entre somnolence et sommeil.
Si nous avions su, nous n'aurions pas laissé une seule minute
s'abîmer entre insouciance et insomnie.
Si nous avions su, nous n'aurions pas laissé passer une seule
seconde
du temps des amours, loin des yeux de l'être aimé.

Nous savons à présent, mais après que le coeur
eut murmuré : " Levez-vous et partez."
Nous avons entendu et nous L'avons prié,
quand la tombe s'est écriée : " Approchez."

Khalil Gibran
 
RESTER JEUNE
...
La jeunesse n'est pas une période de la vie,
elle est un état d'esprit, un effet de la volonté,
une qualité de l'imagination,
une intensité émotive,
une victoire du courage sur la timidité,
du goût de l'aventure sur l'amour du confort.

On ne devient pas vieux pour avoir vécu un certain nombre d'années : on devient vieux parce qu'on a déserté son idéal.
Les années rident la peau; renoncer à son idéal ride l'âme.

Les préoccupations, les doutes, les craintes et les désespoirs sont les ennemis qui, lentement, nous font pencher vers la terre et devenir poussière avant la mort.
Jeune est celui qui s'étonne et s'émerveille.
Il demande, comme l'enfant insatiable : Et après ?
Il défie les événements et trouve de la joie au jeu de la vie.

Vous êtes aussi jeune que votre foi.
Aussi vieux que votre doute.
Aussi jeune que votre confiance en vous-même.
Aussi jeune que votre espoir.
Aussi vieux que votre abattement.
Vous resterez jeune tant que vous resterez réceptif.
Réceptif à ce qui est beau, bon et grand.
Réceptif aux messages de la nature, de l'homme et de l'infini.
Si un jour, votre coeur est mordu par le pessimisme et rongé par le cynisme, puisse Dieu avoir pitié de votre âme de vieillard.

Traduction d'un extrait du discours d'adieu du Général Mac Arthur,
Intitulé "Duty Honor Country" aux étudiants de l'école Militaire de West Point. 1962.
 
J'adore cette chanson et les paroles ont un lien avec ton thread, aimer quand on est un senior! :mignon:

Titre: Dil to bacha hai ji - Film (excellent d'ailleurs): Ishqiya.


Aisi uljhi nazar unse hatt ti nahi
Daant se reshmi dor katt ti nahi
Umar kab ki baras ke safaid ho gayi
Kaari badari jawani ki chatt ti nahi

(My entwined eyes don’t seem to want to quit staring at her,
My tongue tied teeth cannot (even) cut through a simple silk thread,
My life is far past an age where the white (hair) shows,
And yet, the dense cloudy veneer of (my) youth refuses to fade away)

Walla ye dhadkan bhadne lagi hai
Chehre ki rangat udne lagi hai
Darr lagta hai tanha sone mein ji

(Oh my dear, my heart is started racing again,
My cheery cheeks have started bloody blushing again (my face has started losing color),
(Rightfully so), I am now so scared of falling asleep all alone)


Dil to bachcha hai ji
Dil to bachcha hai ji
Thoda kaccha hai ji
Haan dil to baccha hai ji

(My heart has become like that of a child (again)
A little naive, a little gullible,
Yes, indeed, innocent like that of a child)

Aisi ulji nazar unse hatt ti nahi
Daant se reshmi dor katt ti nahi
Umar kab ki baras ke safaid ho gayi
Kaari badari jawani ki chatt ti nahi
Ra ra ra ..

Kisko pataa tha pehlu mein rakha
Dil aisa baaji bhi hoga
Hum to hamesha samajhte the koi
Hum jaisa haaji hi hoga

(The heart which I wore (and hid) under my sleeve,
I never did expect, would (eventually) turn out to be this impish scimpish,
I instead always (for some reason, wrongly) believed,
That my heart was exactly a thorough gentleman like me)


Hai zor karein, kitna shor karein
Bewaja baatein pe ainwe gaur karein
Dilsa koi kameena nahi
Koi to rokey, koi to tokey
Iss umar mein ab khaogey dhokhe
Darr lagta hai ishq karne mein ji

(Now that it is enticed, (and then) it creates commotion
It has started reading too much into these seemingly commonplace gestures,
There is seemingly no scurry scoundrel like this heart of mine,
Please someone try to rein it in, oh, please someone try to drill in some sense (at least),
(Try to remind it) that at this tiring age, he is going to be beguiled and betrayed,
(Rightfully so), now I am so very scared of falling in love)


Dil to bachcha hai ji
Dil to bachcha hai ji
Thoda kaccha hai ji
Haan dil to baccha hai ji


Aisi udhaasi baithi hai dil pe
Hassne se ghabra rahe hain
Saari jawani katra ke kaati
Piri mein takra gaye hain

(I am lugging around, so much of the sweet sorrow in my heart,
That it now visibly afraid to even laugh out in the open,
All my (wasted) youth, I cautiously avoided this malaise (of love)
And now (ironically), I am meeting him (love) on the same street)
 
Dil dhadakta hai to aise lagta hai woh
Aa raha hai yahin dekhta hi na woh
Prem ki maarein kataar re
Taubah ye lamhe katt te nahi kyun
Aankhein se meri hatt te nahi kyun
Darr lagta hai mujhse kehne mein ji

(When my heart pulsates (like this),
It feels as if she is coming right towards here, looking straight at me,
Darting arrows poisoned with her love and longing,
(No wonder) why these magic moments seem to be infinitely protracted,
And they(these moments) seem to swarm all over my vision and eyes (overwhelming me),
(Rightly so) I am so scared to admit all this to even my own self,


Dil toh bachcha hai ji
Dil toh bachcha hai ji
Thoda kaccha hai ji
Haan dil toh baccha hai ji

***************************

Interprétée par le merveilleux Rahat Fateh Ali Khan :

Ishqiya Movie - Dil TO Bacha Hai Ji Song Lyrics - YouTube
 
Grand-mère

« Que fais-tu grand-mère, assise là, dehors, toute seule ? »

Eh bien, vois-tu, j’apprends. J’apprends le petit, le minuscule, l’infini. J’apprends les os qui craquent, le regard qui se détourne. J’apprends à être transparente, à regarder au lieu d’être regardée. J’apprends le goût de l’instant quand mes mains tremblent, la précipitation du coeur qui bat trop vite. J’apprends à marcher doucement, à bouger dans des limites plus étroites qu’avant et à y trouver un espace plus vaste que le ciel.

« Comment est-ce que tu apprends tout cela grand-mère ? »

J’apprends avec les arbres, et avec les oiseaux, j’apprends avec les nuages. J’apprends à rester en place, et à vivre dans le silence. J’apprends à garder les yeux ouverts et à écouter le vent, j’apprends la patience et aussi l’ennui ; j’apprends que la tristesse du coeur est un nuage, et nuage aussi le plaisir ; j’apprends à passer sans laisser de traces, à perdre sans retenir et à recommencer sans me lasser.

« Grand-mère, je ne comprends pas, pourquoi apprendre tout ça ? »

Parce qu’il me faut apprendre à regarder les os de mon visage et les veines de mes mains, à accepter la douleur de mon corps, le souffle des nuits et le goût précieux de chaque journée ; parce qu’avec l’élan de la vague et le long retrait des marées, j’apprends à voir du bout des doigts et à écouter avec les yeux. J’apprends qu’il faut aimer, que le bonheur des autres est notre propre bonheur, que leurs yeux reflètent dans nos yeux et leurs coeurs dans nos coeurs. J’apprends qu’on avance mieux en se donnant la main, que même un corps immobile danse quand le coeur est tranquille. Que la route est sans fin, et pourtant toujours exactement là.

« Et avec tout ça, pour fini, qu’apprends-tu donc grand-mère ? »

J’apprends, dit la grand-mère à l’enfant, j’apprends à être vieille !

Joshin Luce Bachoux
 
Retour
Haut