A propos d’un dévoilement sur le jeûne

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Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
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Dieu a dit : « Ô croyants, le jeûne vous est prescrit » (Coran II, 183). Le Prophète Muhammad affirma qu’il fut informé par Gabriel d’une Parole divine : « Le jeûne est à Moi seul et Je détiens la récompense ». La pratique religieuse du jeûne est un mystère qui n’est rattaché à rien d’extérieur, un mystère auquel nul autre que Dieu ne participe, c’est pourquoi sa récompense est infinie.

Junayd (mort en 911) a dit : « Le jeûne est la moitié de la voie ». Le jeûne est en réalité l’abstinence, et cela inclut toute la méthode du soufisme. L’abstinence implique plusieurs obligations, c’est-à-dire, garder l’estomac sans nourriture ni boisson, préserver les yeux de regards remplis de désir, les oreilles d’écouter des paroles désobligeantes au sujet des absents, la langue de paroles vaines ou déplacées, et le corps de désobéir à Dieu. Celui qui se comporte de cette manière observe vraiment son jeûne car le Prophète a dit ceci : « Quand tu jeûnes, que ton oreille jeûne, ainsi que ta langue, ta langue et chacun de tes membres ! ».

Un jour, j’ai rêvé que je voyais le Prophète et que je lui demandais un conseil. Il me répondit : « Emprisonne ta langue et tes sens ! ». Emprisonner les sens est une ascèse totale parce que toutes les connaissances sont acquises par l’intermédiaire des cinq sens : la vue, l’ouïe, le goût, l’odorat et le toucher. Tout ce qui devient connu aux être humains passe par ces cinq portes, excepté la connaissance intuitive et l’Inspiration divine. En chaque sens, se trouvent une pureté et une impureté car les sens sont aussi bien ouverts à la connaissance, à la raison et à l’esprit qu’à l’imagination et à la passion. En effet, les organes participent à la piété et au péché, à la félicité et au malheur. C’est pourquoi il convient que celui qui observe un jeûne réfrène tous ses sens, afin qu’ils puissent retourner de la désobéissance à l’obéissance.
 
Les jeûnes de quarante jours accomplis par les saints proviennent du jeûne de Moïse (Coran VII, 138). Quand les saints désirent entendre la Parole de Dieu spirituellement, ils restent jeûner quarante jours. Après que trente jours se sont écoulés, ils se brossent les dents, puis ils jeûnent encore dix jours, et Dieu parle à leurs cœurs, car tout ce dont les prophètes peuvent jouir ouvertement, les saints peuvent en jouir secrètement. Or, entendre la Parole de Dieu n’est pas compatible avec la subsistance du tempérament naturel : en conséquence, les quatre humeurs doivent être privées de nourriture et de boisson pendant quarante jours, afin qu’elles puissent être entièrement soumises, et que la pureté de l’amour et la subtilité de l’esprit puissent exercer une domination totale.

La faim aiguise l’intelligence et améliore l’esprit et la santé. Bien qu’elle soit une souffrance pour le corps, elle illumine le cœur et purifie l’âme, et conduit l’esprit en la Présence de Dieu. Manger à satiété est un acte digne de l’animal. Aussi, celui qui cultive sa nature spirituelle au moyen de la faim pour se consacrer entièrement à Dieu et se libérer des attaches terrestres n’est pas au même degré que celui qui cultive son corps au moyen de la gloutonnerie et qui obéit à ses instincts. Par amour pour un morceau de nourriture, Adam tomba du Paradis et fut banni du voisinage de Dieu.

Il faut savoir que toutes les veines dans les corps des mystiques sont des preuves des Mystères divins et que leurs cœurs sont habités par des visions du Très-Haut. Leurs cœurs sont des portes ouvertes dans leurs poitrines, et à ces portes se tiennent la raison et la passion. Or, la raison est renforcée par l’esprit, et la passion par l’âme charnelle. Pour celui qui chemine, plus les humeurs naturelles sont alimentées par la nourriture terrestre, plus forte devient l’âme charnelle, et plus impétueusement la passion se répand dans les membres du corps ; et dans chaque veine se produit une différente sorte de voile. Mais quand la nourriture est retirée à l’âme charnelle, celle-ci s’affaiblit, et la raison devient plus forte, et les Signes de Dieu deviennent plus visibles, jusqu’à ce que, lorsque l’âme charnelle est incapable d’agir et que la passion est anéantie, chaque vain désir s’efface dans la manifestation de la Réalité, et le chercheur de Dieu parvient à réaliser totalement ce qu’il souhaite.
 
On rapporte qu’Abû-l-Abbâs Qassâb (Xe siècle) a dit : « Mon obéissance et ma désobéissance dépendent de deux galettes de pain : quand je mange, je trouve en moi-même l’origine de tous les péchés ; mais quand je m’abstiens de manger, je trouve en moi-même le fondement de tous les actes de piété ». Le résultat de la faim est la Contemplation de Dieu –mûchâhada – dont le précurseur est l’ascèse – mûjâhada –. Le rassasiement conjoint à la contemplation vaut mieux que la faim jointe à la mortification, parce que la contemplation est le champ de bataille des hommes, tandis que la mortification est le terrain de jeux des enfants.

Hujwirî (990-1077) est l’auteur d’une Somme spirituelle (éd. Sindbad) d’où est extrait ce texte.

http://www.aslama.com/forums/showthread.php/39831-A-propos-d-un-dévoilement-sur-le-jeûne-Hujwiri
 
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