A Ramallah, la «bulle» des fêtards palestiniens
Au moment où Palestiniens et Israéliens vont reprendre des négociations de paix directes, « La Croix » explore les aspects méconnus de la vie quotidienne des Palestiniens
La piste du Snowbar pulse au rythme des lumières disco. De jeunes Palestiniennes en tenue légère se déhanchent au son dAmr Diab, un chanteur à minettes égyptien. Accoudés au large comptoir, les garçons éclusent leur Taybeh, la bière locale palestinienne. La scène, à quelques encablures du mausolée de Yasser Arafat et du siège de la présidence, est à mille lieux des images de violence généralement associées aux Territoires palestiniens.
Cette discothèque en plein air est un rendez-vous incontournable des nuits de Ramallah. Il nest pas le seul. Depuis le début de lété, une foule de nouveaux endroits ont ouvert, portés par une fièvre consumériste et une économie qui repart enfin : + 8 % de croissance en Cisjordanie pour lannée 2009. « Ces derniers mois, cinq ou six nouveaux bars ont ouvert leurs portes. Ça pousse comme des champignons, constate Amin Maruf, le patron du Snowbar. Ramallah est le siège des ministères et des ONG internationales. Il y a de largent, beaucoup détrangers. Les gens veulent samuser. »
Longtemps confinés à labri des regards pendant les rigueurs de lIntifada, les joyeux fêtards de Ramallah saffichent désormais sans complexe. Fin juillet, le festival de la ville sest offert un concert de Boney M, le groupe disco star des années 1970. Un bon millier de spectateurs se sont trémoussés sur lair de Raspoutine et Daddy Cool.
Une affiche inimaginable il y a encore quelques années. « Nous avons voulu briser les stéréotypes sur les Palestiniens et limage de terroristes que nous collent les Israéliens », samuse Iman Hammouri, lorganisatrice. «Les bars et les restaurants sont pleins. Les gens ont envie de respirer et doublier la situation politique. Vous savez, il suffit daller au barrage de Qalandia (NDLR : à la sortie de Ramallah) pour se rendre compte que nous sommes toujours enfermés », ajoute-t-elle.
Il nempêche. Ramallah attire une foule croissante de jeunes Palestiniens décidés à prendre du bon temps. Dans les rangs islamistes, lécho de ces soirées festives fait grincer des dents : « Nos lieux saints sont violés, nos meilleurs fils croupissent dans les prisons de lennemi et vous parlez de divertissement ? », tonne depuis Gaza léditorialiste dun journal affilié au Hamas.
Lanathème némeut guère Fida, employée dans un théâtre de la ville. « Je suis fatiguée de toute cette rhétorique. Vivre normalement, sortir, cest aussi résister », sagace la jeune femme qui dit apprécier latmosphère libérale de Ramallah et de pouvoir « marcher seule la nuit dans la rue et faire une soirée chez moi comme bon me semble ».
Au moment où Palestiniens et Israéliens vont reprendre des négociations de paix directes, « La Croix » explore les aspects méconnus de la vie quotidienne des Palestiniens
La piste du Snowbar pulse au rythme des lumières disco. De jeunes Palestiniennes en tenue légère se déhanchent au son dAmr Diab, un chanteur à minettes égyptien. Accoudés au large comptoir, les garçons éclusent leur Taybeh, la bière locale palestinienne. La scène, à quelques encablures du mausolée de Yasser Arafat et du siège de la présidence, est à mille lieux des images de violence généralement associées aux Territoires palestiniens.
Cette discothèque en plein air est un rendez-vous incontournable des nuits de Ramallah. Il nest pas le seul. Depuis le début de lété, une foule de nouveaux endroits ont ouvert, portés par une fièvre consumériste et une économie qui repart enfin : + 8 % de croissance en Cisjordanie pour lannée 2009. « Ces derniers mois, cinq ou six nouveaux bars ont ouvert leurs portes. Ça pousse comme des champignons, constate Amin Maruf, le patron du Snowbar. Ramallah est le siège des ministères et des ONG internationales. Il y a de largent, beaucoup détrangers. Les gens veulent samuser. »
Longtemps confinés à labri des regards pendant les rigueurs de lIntifada, les joyeux fêtards de Ramallah saffichent désormais sans complexe. Fin juillet, le festival de la ville sest offert un concert de Boney M, le groupe disco star des années 1970. Un bon millier de spectateurs se sont trémoussés sur lair de Raspoutine et Daddy Cool.
Une affiche inimaginable il y a encore quelques années. « Nous avons voulu briser les stéréotypes sur les Palestiniens et limage de terroristes que nous collent les Israéliens », samuse Iman Hammouri, lorganisatrice. «Les bars et les restaurants sont pleins. Les gens ont envie de respirer et doublier la situation politique. Vous savez, il suffit daller au barrage de Qalandia (NDLR : à la sortie de Ramallah) pour se rendre compte que nous sommes toujours enfermés », ajoute-t-elle.
Il nempêche. Ramallah attire une foule croissante de jeunes Palestiniens décidés à prendre du bon temps. Dans les rangs islamistes, lécho de ces soirées festives fait grincer des dents : « Nos lieux saints sont violés, nos meilleurs fils croupissent dans les prisons de lennemi et vous parlez de divertissement ? », tonne depuis Gaza léditorialiste dun journal affilié au Hamas.
Lanathème némeut guère Fida, employée dans un théâtre de la ville. « Je suis fatiguée de toute cette rhétorique. Vivre normalement, sortir, cest aussi résister », sagace la jeune femme qui dit apprécier latmosphère libérale de Ramallah et de pouvoir « marcher seule la nuit dans la rue et faire une soirée chez moi comme bon me semble ».