Trois versets qui parlent de l’abrogation :
Dans le Coran, Dieu parle de l’abrogation de certaines règles ou de la récitation de certains versets.
– I) « وَإِذَا بَدَّلْنَا آيَةً مَّكَانَ آيَةٍ وَاللّهُ أَعْلَمُ بِمَا يُنَزِّلُ قَالُواْ إِنَّمَا أَنتَ مُفْتَرٍ بَلْ أَكْثَرُهُمْ لاَ يَعْلَمُونَ » : « Quand Nous remplaçons un verset par un autre verset – et Dieu sait ce qu’Il fait descendre -, ils disent : « Tu n’est qu’un inventeur ». En fait la plupart d’entre eux ne savent pas » (Coran 16/101).
– II) « سَنُقْرِؤُكَ فَلَا تَنسَى إِلَّا مَا شَاء اللَّهُ » : « Nous te ferons réciter, de sorte tu n’oublies pas, sauf ce que Dieu voudra » (Coran 87/6-7). Ces mots « Sauf ce que Dieu voudra (que tu oublies) » font allusion au cas que nous expliciterons plus bas sous le n° 5 : l’abrogation de la règle ainsi que de la récitation d’un verset (« naskh ul-hukm wa-t-tilâwa« ).
– III) « مَا نَنسَخْ مِنْ آيَةٍ أَوْ نَنْسَأْهَا نَأْتِ بِخَيْرٍ مِّنْهَا أَوْ مِثْلِهَا أَلَمْ تَعْلَمْ أَنَّ اللّهَ عَلَىَ كُلِّ شَيْءٍ قَدِيرٌ » : « Chaque fois que Nous abrogeons un verset (« nansakh« ) ou que Nous le retardons (« nansa’hâ« ), Nous en apportons un meilleur ou un semblable… » ; c’était là une première variante de lecture (Coran 2/106).
– Selon une seconde variante de lecture : « مَا نَنسَخْ مِنْ آيَةٍ أَوْ نُنسِهَا نَأْتِ بِخَيْرٍ مِّنْهَا أَوْ مِثْلِهَا » : « Chaque fois que Nous abrogeons un verset (« nansakh« ) ou que Nous le faisons oublier (« nunsihâ« ), Nous en apportons un meilleur ou un semblable… » (Coran 2/106).
Dans ce verset III, Dieu a cité 2 possibilités…
— Si on considère ce verset III d’après la première de ces variantes, alors les 2 possibilités que ce verset évoque sont comme suit :
—– « مَا نَنسَخْ مِنْ آيَةٍ » : « que Nous abrogeons un verset (« nansakh« ) » désigne l’abrogation de la règle d’un verset (« naskh ul-hukm« ) (commentaire de ‘Atâ’) : il s’agit de l’abrogation de la règle et de la récitation d’un verset (n° 5 : « naskh ul-hukm wa-t-tilâwa« ), ou encore de l’abrogation de la règle d’un verset mais pas de sa récitation (cas cité plus bas sous le n° 4 : « naskh ul-hukm dûn at-tilâwa« ) ;
—– « أَوْ نَنْسَأْهَا« : et « que Nous le retardons (« nansa’hâ« ) » désigne :
——- soit la non abrogation d’un verset déjà révélé (= « nat’ruk-hâ lâ nubaddil-hâ« ) (c’est là le commentaire de Ibn ‘Abbâs) (il s’agit du cas cité ci-après comme « n° 1« ) ;
——- soit le fait que l’application de la règle d’un verset auparavant révélé a été renvoyée à la circonstance prévalant lors de sa révélation, et ce à cause de la révélation d’un nouveau verset correspondant à la nouvelle circonstance (= « nurji’u-l-‘amala bi hukmihâ ilâ hînihî« ; c’est là le commentaire de as-Suyûtî) (il s’agit de « nas’ ul-hukm » : ci-après : « n° 2« ) ;
——- soit le fait que Dieu n’a pas encore révélé un verset mais qu’Il le fera (= « nu’akhkhir nuzûlahâ« ; c’est là le commentaire de ‘Atâ’) (ce type de verset, que Dieu révèlera, constitue le pendant des versets de types 5 et 4 : la règle d’un verset déjà révélé sera abrogée – cas 5 et cas 4 – par la révélation future d’un verset abrogeant, pas encore révélé pour le moment, mais qui le sera ultérieurement : un nouveau hukm sera donc révélé).
–
— Et si on considère ce verset III d’après la seconde variante suscitée, ces 2 possibilités sont comme suit :
—– « مَا نَنسَخْ مِنْ آيَةٍ » : « que Nous abrogeons un verset (« nansakh« ) » désigne l’abrogation de la récitation mais pas de la règle d’un verset (n° 3 : « naskh ut-tilâwa dûn al-hukm« ), ou encore l’abrogation de la règle d’un verset mais pas de sa récitation (cas cité plus bas sous le n° 4 : « naskh ul-hukm dûn at-tilâwa« ) ;
—– « أَوْ نُنسِهَا » : et « que Nous le faisons oublier (« nunsi« ) » désigne l’abrogation de la règle et de la récitation d’un verset (n° 5 : « naskh ul-hukm wa-t-tilâwa« ) (commentaire relaté par Ibn Taymiyya, dans un écrit présent dans MF 14/229 et suivantes).
–