Addicted anonymes

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Extrait du dernier Zakaria BOUALEM:
Chaque ramadan, une population est portée disparue : les piliers de bar . N’ayant plus droit de cité, ils se cachent à droite et à gauche en attendant la fin de la sécheresse. Certains se rabattent bon gré mal gré sur le foyer conjugal, les odeurs de harira, la télé et les parties de ronda. Ils font leurs prières en temps et en heure, troquant - saison oblige - les comptoirs pour les mosquées. Après un mois de méditation, leur conclusion est pourtant toujours la même. Ils se sentent plus à l’aise dans leur habitat naturel, accoudés à un zinc, un serveur à portée de main :D . D’autres trouvent refuge dans les cafés. Ils se dopent à la caféine, commandant des tournées d’expresso, avec ce geste circulaire de l’index qui n’a cours que dans les bars. Juste histoire de ne pas perdre les automatismes avant la reprise des hostilités. D’autres laissent s’exprimer le Snoopy Dog qui sommeille en eux. Ils compensent l’alcool en faisant tourner le joint. Un peu trop vite même selon des études du service de psychiatrie du CHU Ibn Rochd de Casablanca. On y estimait en 2004 entre 10 et 15% la hausse de la consommation de haschich et de médicaments psychotropes pendant le ramadan. Quelques membres de la frange dure des abonnés de comptoir font quant à eux de la résistance. Ramadan ou pas, ils lèvent le coude. Ayant fait leur la devise “never surrender”, ils ont stocké chez eux de quoi ouvrir trois débits de boissons. Ils ont de quoi tenir trois ramadan d’affilée sans boire une goutte d’eau, pourtant ils ne sautent pas de joie au plafond. C’est qu’ils se saoulent à la maison, coincés entre quatre murs, sans le brouhaha des conversations avinées. Forcément, ils ont l’alcool triste…
:D
 
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