Affaire Khyari. Silence, on emprisonne

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La Cour d’appel a confirmé les peines contre Chakib Khyari : près de 800 000 dirhams d’amende et 4 ans de prison ferme. Les avocats du militant des droits de l’homme dénoncent un simulacre de procès, tandis que les ONG internationales y
voient un coup de plus porté à la liberté d’expression.


“Un jugement en appel médiocre, pour un procès médiocre de bout en bout”, lance, désabusé, Mounir Benlakhdar, un des avocats de Chakib Khyari, le président de l’Association Rif pour les droits de l’homme
(ARDH). Depuis la garde à vue entamée le 17 février, jusqu’au verdict en appel du 24 novembre, les défenseurs du militant n’ont cessé de dénoncer les vices de forme qui ont émaillé cette affaire. Ils ont vu tous leurs témoins refusés, toutes leurs objections balayées, et n’ont eu aucune réponse à leurs questions formelles.
La lecture des attendus du jugement initial (confirmé en appel) ne suffit pas à expliquer les motivations de la très lourde condamnation prononcée le 24 juin. Le document émis par le Tribunal de première instance ne comporte pas les justifications les plus élémentaires. Les peines y sont exprimées en bloc, sans être reliées aux 3 chefs de condamnation (“atteinte à corps constitués”, “infraction au code des changes” et “dépôt de fonds dans une banque étrangère sans autorisation”). Tout ce qu’on sait, c’est que le militant est condamné à une amende de 753 930 DH à payer aux douanes et à 3 ans de prison ferme (4 ans, si l’amende n’est pas réglée).

Du jamais vu
Or l’article sur lequel se base “l’atteinte aux corps constitués” prévoit une peine maximale de 1 an de prison. Les 2 autres années sont-elles relatives au délit douanier ? Du jamais vu pour avoir 225 euros sur un compte à Melilia... Et l’amende de 753 930 DH, aussi exorbitante que précise, par quel savant calcul l’a-t-on obtenue ? Comment la Cour a-t-elle déterminé qu’il y avait infraction au code des changes, en se basant sur des dahirs de 1948 et 1959 dépoussiérés pour l’occasion, si anachroniques qu’ils parlent en anciens francs ? Autant de questions qui restent sans réponse. “Sans compter que beaucoup de Marocains, surtout dans le Nord, possèdent de petites sommes sur des comptes à l’étranger, assène Mohamed Khattab, un autre avocat de Khyari. A-t-on jamais entamé des poursuites contre tous ces gens ?”
“L’atteinte à corps constitués” n’est pas mieux motivée. Quels “corps” se considèrent-ils insultés ? Par quels mots, issus de quelles déclarations ?
“Le juge s’est contenté, pendant le procès, de lire des citations de Chakib extraites de la presse, ainsi qu’un article de lui paru dans le journal espagnol ABC”, raconte Khattab. Le magistrat a lui-même interprété en arabe ce qui était en français ou en espagnol. “Il aurait dû confier les articles à un traducteur assermenté, explique l’avocat. Nous l’avons fait de notre côté, pour constater que le juge avait attribué à Khyari des propos déformés, mais le juge n’a rien voulu savoir”.
Pour Eric Goldstein, représentant de l’ONG internationale Human Rights Watch, un processus judiciaire aussi tiré par les cheveux est très révélateur : “Les autorités ont clairement voulu punir Chakib Khyari pour avoir mis en doute leurs efforts anti-drogue, tout en intimidant ceux qui voudraient comme lui s’exprimer sur ce thème, nous a-t-il déclaré. D’autre part, ces abus ne sont possibles que parce que la loi marocaine prévoit l’emprisonnement pour le fait de s’exprimer”. Pour l’ONG, “il est grand temps que le Maroc modifie sa législation pour respecter la liberté de parole”.

Telquel.



Pitoyable justice marocaine...
 
La Cour d’appel a confirmé les peines contre Chakib Khyari : près de 800 000 dirhams d’amende et 4 ans de prison ferme. Les avocats du militant des droits de l’homme dénoncent un simulacre de procès, tandis que les ONG internationales y
voient un coup de plus porté à la liberté d’expression.


“Un jugement en appel médiocre, pour un procès médiocre de bout en bout”, lance, désabusé, Mounir Benlakhdar, un des avocats de Chakib Khyari, le président de l’Association Rif pour les droits de l’homme
(ARDH). Depuis la garde à vue entamée le 17 février, jusqu’au verdict en appel du 24 novembre, les défenseurs du militant n’ont cessé de dénoncer les vices de forme qui ont émaillé cette affaire. Ils ont vu tous leurs témoins refusés, toutes leurs objections balayées, et n’ont eu aucune réponse à leurs questions formelles.
La lecture des attendus du jugement initial (confirmé en appel) ne suffit pas à expliquer les motivations de la très lourde condamnation prononcée le 24 juin. Le document émis par le Tribunal de première instance ne comporte pas les justifications les plus élémentaires. Les peines y sont exprimées en bloc, sans être reliées aux 3 chefs de condamnation (“atteinte à corps constitués”, “infraction au code des changes” et “dépôt de fonds dans une banque étrangère sans autorisation”). Tout ce qu’on sait, c’est que le militant est condamné à une amende de 753 930 DH à payer aux douanes et à 3 ans de prison ferme (4 ans, si l’amende n’est pas réglée).

Du jamais vu
Or l’article sur lequel se base “l’atteinte aux corps constitués” prévoit une peine maximale de 1 an de prison. Les 2 autres années sont-elles relatives au délit douanier ? Du jamais vu pour avoir 225 euros sur un compte à Melilia... Et l’amende de 753 930 DH, aussi exorbitante que précise, par quel savant calcul l’a-t-on obtenue ? Comment la Cour a-t-elle déterminé qu’il y avait infraction au code des changes, en se basant sur des dahirs de 1948 et 1959 dépoussiérés pour l’occasion, si anachroniques qu’ils parlent en anciens francs ? Autant de questions qui restent sans réponse. “Sans compter que beaucoup de Marocains, surtout dans le Nord, possèdent de petites sommes sur des comptes à l’étranger, assène Mohamed Khattab, un autre avocat de Khyari. A-t-on jamais entamé des poursuites contre tous ces gens ?”
“L’atteinte à corps constitués” n’est pas mieux motivée. Quels “corps” se considèrent-ils insultés ? Par quels mots, issus de quelles déclarations ?
“Le juge s’est contenté, pendant le procès, de lire des citations de Chakib extraites de la presse, ainsi qu’un article de lui paru dans le journal espagnol ABC”, raconte Khattab. Le magistrat a lui-même interprété en arabe ce qui était en français ou en espagnol. “Il aurait dû confier les articles à un traducteur assermenté, explique l’avocat. Nous l’avons fait de notre côté, pour constater que le juge avait attribué à Khyari des propos déformés, mais le juge n’a rien voulu savoir”.
Pour Eric Goldstein, représentant de l’ONG internationale Human Rights Watch, un processus judiciaire aussi tiré par les cheveux est très révélateur : “Les autorités ont clairement voulu punir Chakib Khyari pour avoir mis en doute leurs efforts anti-drogue, tout en intimidant ceux qui voudraient comme lui s’exprimer sur ce thème, nous a-t-il déclaré. D’autre part, ces abus ne sont possibles que parce que la loi marocaine prévoit l’emprisonnement pour le fait de s’exprimer”. Pour l’ONG, “il est grand temps que le Maroc modifie sa législation pour respecter la liberté de parole”.

Telquel.



Pitoyable justice marocaine...

il y'a quelque semaine, je faisais un post pour dire stop à la violation de la liberté de la presse, je suis en train de voir que ce que je disais à savoir le retour des années de plombs est en train de devenir realité malheureusement! apres 10 ans de relative liberté, le maroc est en train de se redirigé vers les heures les plus sombres de son histoire, il ne manquerait plus que tazmamart......
 
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