Affaire merah : report d’une audience pour cause de shabbat

SoumaSoum078

Je stresse comme un lutin !
VIB
Affaire Merah : report d’une audience pour cause de shabbat

INFO PANAMZA. Le père d'une victime de l'affaire Merah dénonce le traitement de faveur accordé par la justice à la partie civile juive.

On laisse bafouer sans réagir les principes sur lesquels notre société plurielle est fondée.

On m'a traité d'antisémite en mettant le sujet à la disposition du public.

Tant pis, assez, stop, trop c'est trop!

Si une personne parmi les parties civiles avait évoqué la prière du vendredi, on l'aurait envoyé paître.

Albert Chennouf est un homme en colère


Depuis le 15 mars 2012 -date de la mort de son fils Abel, abattu par balles à Montauban-, il lutte pour connaître la vérité sur les tenants et aboutissants de l'affaire Merah. A la différence des autres familles de victimes, il accuse explicitement Nicolas Sarkozy et Bernard Squarcini, ex-patron de la DCRI (police du renseignement), de responsabilité indirecte dans la mort de son fils.

C'est également lui qui révéla, comme l'avait rapporté l'auteur de ces lignes, l'étrange pression exercée sur sa personne par l'ancien président du Crif pour abandonner ses poursuites judiciaires à l'encontre de Squarcini.

En novembre dernier, Albert Chennouf et la famille Legouad, se demandant si "il n'y a pas en France des citoyens français et des sujets français", dénonçèrent conjointement le traitement de faveur accordé par François Hollande qui s’était recueilli, en Israël, sur les tombes des victimes de la tuerie du collège-lycée juif de Toulouse.

Nous familles, Chennouf et Legouad, appelons de tous nos voeux le président de la République Monsieur François Hollande à venir se recueillir sur les tombes de nos enfants.

Cette justice de deux poids, deux mesures entre les familles des victimes de Merah qui nous est infligée commence sérieusement à nous indisposer.

Calendrier juif et justice laïque

Mardi 14 janvier, Panamza a reçu le mail d'Albert Chennouf dont les propos en italique, affichés au début de l’article, sont extraits. Neuf autres journalistes (AFP, Libération, Le Point, Le Parisien, Paris Match) ont réceptionné le même courriel sans avoir, à ce jour, réagi en publiant un article.

L'affaire? Albert Chennouf y relate avoir été stupéfait en apprenant le motif du report d'une convocation, initialement prévue le vendredi 31 janvier à 14 heures, au bureau du juge anti-terroriste Christophe Teissier -en charge de l'enquête sur l'affaire Merah. Extrait de son mail :

Hier {lundi 13 janvier}, j'ai reçu de mon avocate, une seconde convocation pour le lundi 3 février.

J'ai émis de vives protestations car comme tous les Français, je me suis hâté à acheter mes billets et à réserver l'hôtel pour que cela ne me revienne pas cher et, parallèlement, j'ai demandé les raisons de ce report.

Voici ce qui m'a été répondu: "La partie civile juive ne veut pas se déplacer le vendredi, sachant que la réunion débute à 14h00 et comme on est plus d'une quarantaine de personnes (avocats compris), il y a de fortes chances que cela se termine tard après …le début du shabbat".

La suite de ses révélations est encore plus accablante.

Je pensais naïvement que notre République était laïque.

Je me suis battu, en menaçant le greffe d'alerter la presse, ils ont fait marche arrière et accepter de me recevoir le 31 janvier.

J'ai informé les autres parties civiles qui sont en ce moment en train de se battre.

A ma connaissance, il y aura 2 réunions: une pour tous, le vendredi 31/01 et l'autre le lundi 3/02 pour les juifs. Qui crée le communautarisme? Je vous laisse juge.

Voir dans le lien les documents démontrant le report de l'audience du 31 janvier 2014 au 3 février 2014:

http://www.alterinfo.net/Affaire-Merah-report-d-une-audience-pour-cause-de-shabbat_a98818.html

Vice-président chargé de l'instruction, le juge Christophe Teissier n'a pas pu être joint directement par Panamza afin d'éclaircir les motifs de sa décision souveraine: en l'occurrence, son consentement envers la requête de la partie civile juive (défendue notamment par Patrick Klugman, membre de la direction du Crif).

À propos de la personnalité du juge, le site Bakchich avait rapporté, fin 2012, un commentaire éloquent au sujet de ses accointances politiques:

Au sein des cabinets de Manuel Valls et de Christiane Taubira, la personnalité de Christophe Teissier, le juge antiterroriste chargé de l’affaire Merah, en a fait sourire plus d’un.

Il est vrai que ce magistrat a été nommé au Parquet anti-terroriste en 2003, aux cotés d’Yves Bot, l’ancien Procureur de Paris choisi un an plus tôt, en octobre 2002, par Nicolas Sarkozy.

« Christophe Tessier, explique-t-on Place Beauvau, a toujours été proche des réseaux Sarkozy. Ce n’est certainement pas lui qui va poser les bonnes questions aux anciens patrons des services de l’époque ».

La proximité de certains magistrats avec des clans politiques peut également se constater à l'égard de lobbies communautaristes. Un autre juge anti-terroriste, Marc Trévidic, était ainsi présent au dîner annuel du Crif, le 20 Mars 2013. Imagine-t-on un magistrat indépendant, chargé de dossiers éminemment politiques à caractère religieux, participer également aux agapes du Conseil français du culte musulman? Le cas ne s'est pas encore produit.

Reste désormais à savoir si cette entorse à la laïcité -dernière péripétie de la sombre affaire Merah- sera rapportée dans les journaux (à l'instar du tintamarre médiatique de 2008 à propos d'un détenu musulman qui fit reporter une audience pour cause de ramadan) ou bien si elle sera passée sous silence. Comme Panamza l'a indiqué plus haut, neuf autres journalistes (indépendants ou salariés) ont reçu le même mail d'alerte de la part d'Albert Chennouf. Depuis trois jours, aucun n'a pourtant relayé cette information.

Le sujet est embarrassant pour une République dite laïque dont les dirigeants s'efforcent, notamment depuis l'éclatement de l'affaire Dieudonné, de combattre l'opinion croissante selon laquelle "un deux poids deux mesures", de nature communautaire, se renforcerait dans la France contemporaine. Au point, visiblement, de s'aggraver.

Hicham HAMZA
 
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