Affaire Pegasus : quid des relations entre la France et le Maroc ?

Bladi Robot

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Le Maroc vit des moments tendus avec l'Europe. Depuis la semaine dernière, il est accusé d'avoir espionné à l'aide du logiciel israélien Pegasus les téléphones du président français Emmanuel Macron ainsi que ceux de plusieurs personnalités. Le royaume s'est déjà brouillé avec l'Allemagne sur la question du Sahara et avec l'Espagne après l'accueil de Brahim Ghali.
Le Maroc aurait espionné des téléphones portables du président Macron et de 15 ministres français à l'aide du logiciel israélien Pegasus, informe le (...)

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Affaire Pegasus : quid des relations entre la France et le Maroc ?
 

Pegasus : une affaire marocaine, vraiment ?​

REPORTAGE. Beaucoup, Marocains et non-Marocains, interrogent les preuves, les conditions et les conséquences de la cybersurveillance, au-delà d’un seul pays.​

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Tout a commencé le 18 juillet dernier à la suite d’une importante enquête menée par un consortium regroupant une centaine de journalistes, une vingtaine de médias, dont Le Monde, Radio France, l’ONG Forbidden Stories, en collaboration avec Amnesty International. Le projet est digne d’un épisode de la série britannique Black Mirror. Ce consortium de médias indique avoir analysé des centaines de téléphones portables dans plusieurs pays. Objectif : repérer lesquels étaient contaminés par le logiciel d’espionnage Pegasus, un bijou de technologie de surveillance conçu par la société israélienne NSO Group.

Pegasus pour quoi faire ?

À la base, il faut savoir que Pegasus est présumé être mis en vente à destination d’organisations étatiques et non d’entreprises privées, avec comme objectif théorique d’espionner des individus ou des groupes soupçonnés d’être impliqués dans des initiatives à visée terroriste ou criminelle. Dans la réalité, ce logiciel serait aussi utilisé par certains régimes avec des velléités autoritaires pour espionner des journalistes, des avocats, des hommes d’affaires, des militants des droits de l’homme et même des chefs d’État étrangers. La liste des pays accusés de faire usage de Pegasus est longue… Parmi eux, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Maroc, la Hongrie, le Togo, l’Inde ou encore le Mexique. Des pays donc avec des profils divers tant au niveau géographique que des régimes politiques.

Comment le Maroc a été accusé

Le Maroc, cité plus haut, s’est ainsi retrouvé accusé d’utiliser à grande échelle Pegasus pour espionner non seulement des hautes personnalités du royaume – notamment le roi lui-même ! –, mais aussi des dissidents et des hauts responsables politiques, militaires et sécuritaires de plusieurs États, notamment la France et l’Algérie.

Plus grave : le royaume est accusé d’espionner rien moins que le téléphone portable d’Emmanuel Macron et de quelque 6 000 personnalités du complexe militaro-sécuritaire algérien.


Comment le royaume s’est défendu

Des allégations évidemment repoussées et refusées avec force par les officiels du Maroc, des citoyens du royaume chérifien et aussi par certains membres de la communauté internationale. Concrètement, non seulement le Maroc a rejeté ces accusations et a décidé de poursuivre en diffamation à la fois le consortium de médias Forbidden Stories mais aussi tous les acteurs s’étant impliqués dans ces accusations.

« Au-delà de cet écran de fumée – ce coup de bluff, si je puis me permettre – monté de toutes pièces et sans preuve aucune, il convient de jeter la lumière sur les faits, loin de la polémique et de la calomnie », a tenu à préciser le chef de la diplomatie marocaine Nasser Bourita, dans un entretien accordé au magazine panafricain Jeune Afrique. Le chef de la diplomatie marocaine a poursuivi son propos en expliquant que ces attaques contre le Maroc ne sont fondées que sur de pures supputations. « Certains titres syndiqués au sein de ce consortium servent des agendas bien connus pour leur hostilité primaire envers le Maroc et sont ulcérés par ses succès », a martelé Nasser Bourita. Dans la même interview, ce dernier a mis au défi les colporteurs des accusations d’espionnage à l’endroit du Maroc de fournir des preuves tangibles et matérielles en appui à leur récit.

Au-delà du registre diplomatique, le royaume chérifien s’est adjoint les services d’Olivier Baratelli, un avocat français. Celui-ci a qualifié les accusations contre le Maroc « d’ubuesques ». Et d’affirmer que NSO Group, la société israélienne conceptrice du fameux logiciel d’espionnage Pegasus, « n’a jamais eu de liens contractuels ou commerciaux » avec le Maroc. Et d’indiquer en plus dans ses déclarations qu’« Emmanuel Macron n’a pas et n’a jamais été une cible sélectionnée par des clients NSO ».


Suite:

 

Affaire Pegasus : Israël affirme que le Maroc n’a jamais espionné Macron​



Benny Gantz
Benny Gantz

Benny Gantz s’est rendu mercredi à Paris pour faire quelques mises au point sur l’affaire de logiciel d’espionnage de Pegasus. Le ministre israélien de la Défense a réfuté les allégations selon lesquelles le Président français Emmanuel Macron avait été la cible d’un logiciel de surveillance commercialisé par la société de cybersécurité israélienne NSO Group.

« NSO n’a pas pisté le téléphone du Président Macron ». Ces propos émanent du ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, qui a assuré son homologue française, Florence Parly, que le Maroc n’a jamais eu recours au logiciel israélien Pegasus contre le Président Emmanuel Macron. Au cours de la séance de travail qu’il a eue avec Florence Parly, Benny Gantz a été catégorique sur le fait que la technologie de NSO ait été utilisée pour un potentiel piratage des téléphones de Macron ou d’autres responsables français, selon Channel 13.

La ministre française de la Défense, Florence Parly, a indiqué que « Benny Gantz a noté que l’État d’Israël approuve l’exportation de cyberproduits exclusivement vers des entités gouvernementales, pour un usage licite et uniquement pour le but de prévenir et d’enquêter sur la criminalité et la lutte contre le terrorisme ». Cependant, depuis l’éclatement du scandale, Rabat n’a cessé de contester son implication dans cette affaire d’espionnage.

Pour les autorités marocaines, ces allégations sont de nature « à déstabiliser la relation diplomatique profonde entre le Maroc et la France ». Il y a quelques jours, Me Olivier Baratelli a été chargé par Rabat d’attaquer Amnesty et Forbidden Stories pour diffamation devant le tribunal correctionnel de Paris. De son côté, NSO Group a rejeté les conclusions de l’enquête controversée publiée, la semaine dernière, par un certain nombre de médias que le Maroc a d’ailleurs attaqué en justice à Paris pour diffamation.

Pour le groupe israélien, ces accusations sont « destinées à salir l’ensemble de la cyber-industrie israélienne ». Au cours de leurs échanges, la ministre des Armées de France a expliqué à son homologue israélien qu’il y a des « clarifications attendues aujourd’hui par la France et dont dépendent la confiance et le respect mutuel des deux pays ». Toutefois, un comité a été mis en place en Israël pour examiner les activités de NSO, y compris le processus par lequel les licences d’exportation sont accordées.

 
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