Ahmed Mouhssin : "Quand tu ne sais pas où tu vas, regarde d’où tu viens "

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PLD (Peace, Love and Diversity)
http://www.lalibre.be/debats/opinio...sais-pas-ou-tu-vas-regarde-d-ou-tu-viens.html


Quand tu ne sais pas où tu vas, regarde d’où tu viens
Ahmed Mouhssin, député au Parlement régional bruxellois

Mis en ligne le 17/05/2010

Les éléments essentiels de l’identité des minorités culturelles nationales sont, entre autres, leur religion et leur langue. Le respect de minorités ne devrait pas être un credo strictement limité aux minorités nationales “historiques”. Il faut concéder des droits sous la forme d’un dialogue et d’une compréhension mutuelle.
Les normes sociales et institutionnelles d’un pays ne sont pas neutres puisqu’elles tendent à épouser les intérêts des groupes politiquement dominants (les hommes, les non-handicapés, les hétérosexuels, etc.). Dans ce contexte, en Belgique, le dialogue et l’empathie pour comprendre les points de vue de l’autre ont toujours été au centre de notre culture politique. C’est d’ailleurs ce qui, jusqu’à présent, nous a permis de surmonter les crises communautaires et linguistiques de manière pacifique. Et, pourtant, la perception qu’ont certains (de plus en plus nombreux) de certains concitoyens et de leurs demandes tend à montrer qu’un tel esprit ne les anime malheureusement pas (plus).

En effet, ce qui est considéré comme normal lorsque qu’il s’agit de droit des minorités linguistiques, au nom de l’identité, semble plus difficile à accepter lorsqu’il s’agit de minorités cultu(r)elles et plus particulièrement musulmanes.

Pourtant, comme le souligne aussi la convention-cadre pour la protection des minorités nationales (défendue par l’ensemble des partis francophones), les éléments essentiels de l’identité des minorités culturelles nationales sont entre autres leur religion et leur langue ; et c’est aussi à ce titre que le respect de minorités ne devrait pas être un credo strictement limité aux minorités nationales "historiques", mais une dynamique plus large concernant notamment la minorité musulmane.

En effet, depuis quelques années, un débat public existe sur la place de l’Islam et de celles et ceux qui en sont porteurs dans la société. Force est de constater que ce débat est extrêmement mal balisé et laisse la porte ouverte à toutes les décharges de ressentiments à l’endroit de nos concitoyens musulmans. Il règne actuellement une ambiance délétère qui vise souvent à la disqualification systématique des personnes visiblement musulmanes, comme par exemple les femmes portant un foulard.

Les exemples récents sont nombreux. Les attaques d’Alain Destexhe (MR) et Claude Demelenne qui ont critiqué, sans aucun argument de fond, la nomination d’une citoyenne portant le foulard, pourtant parfaitement compétente, au poste d’administratrice suppléante au conseil d’administration du Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme. Ou encore, les décharges de haine sur les forums Internet des journaux lorsque la question de l’islam est abordée, ce qui amène les rédactions à arrêter les commentaires, n’étant plus en mesure de les "modérer".

Afin de ramener de la sérénité dans ce débat, des éléments ont été proposés notamment par Ecolo dans le cadre de la construction d’une société vraiment interculturelle. C’est le cas des accommodements raisonnables, pourtant si décriés. Ces accommodements consistent en l’assouplissement d'une norme afin de contrer la discrimination que celle-ci peut créer, dans le but de respecter le droit à l’égalité du citoyen. L’esprit qui en est à l’origine, la concession de droits sous la forme d’un dialogue et d’une compréhension mutuelle, n’est pas nouveau en Belgique. Il permet, par exemple, depuis les années 70, que les francophones des communes à facilités inscrivent leurs enfants dans des écoles primaires francophones de ces communes, alors qu’en principe, les écoles se trouvant en Flandre doivent suivre le programme scolaire flamand. Pourtant, autant une telle facilité est applaudie par toutes les formations politiques francophones, autant il paraît inconcevable pour certaines de ces formations de soutenir une forme d’assouplissements de la norme au bénéfice de certaines personnes issues des communautés cultu(r)elles, et a fortiori de la communauté musulmane.
 
Effectivement, un principe clé de la dynamique du respect des minorités est de tendre toujours à l’égalité de traitement entre les minorités.

Le secrétaire d’Etat Bernard Clerfayt (FDF) appartient à une formation politique dont la doctrine politique est "de défendre les intérêts des francophones dans l’Etat fédéral" (1), un citoyen flamand pourrait légitimement douter de la neutralité de ce dernier, mais personne au MR n’y voit d’inconvénient. Lorsque Mahinur Özdemir fait son entrée au Parlement bruxellois, le député FDF Olivier Maingain déclare qu’elle devra retirer son voile si elle devient membre d’un exécutif car "là, elle ne représentera plus uniquement son parti, ses électeurs, son courant de pensée, mais tout le monde " (2). Nous sommes tous attachés à la neutralité des dépositaires des pouvoirs publics (qu’ils soient judiciaires ou exécutifs) et dans ce cadre, il apparaît indispensable de sortir de cette approche incohérente visant à accepter la représentation affirmée de certaines minorités et refusant la représentation supposée d’autres minorités.

Sans doute, ce type de distorsion dans l’accès aux droits est-il le propre de ceux qui font preuve de davantage d’empathie à l’endroit d’une communauté eu égard à leur proximité avec elle. Ce n’est pourtant pas la proximité avec la communauté considérée qui devrait guider l’action politique, mais bien le désir d’équité. Exiger des mesures de protection pour une minorité qui le demanderait et la refuser à une autre dans les mêmes conditions, s’apparente à du communautarisme.

Dans les moments de crise, on voit émerger des populistes réactionnaires qui proposent des solutions qui portent atteinte à nos libertés individuelles et qui montent les citoyens les uns contre les autres. L’autre choix est de puiser les solutions dans notre démocratie belge. Elle s’est construite dans le dialogue et l’union et est symbolisée par notre devise nationale "l’Union fait la Force". Cette devise fut prononcée en 1831 par le régent Erasme-Louis Surlet de Chokier, il s’agissait alors de l’union entre les tendances catholiques et libérales du pays. Cette union, étendue à tous, ne pourra se construire que dans un projet global de respect des minorités, politiquement laïque, philosophiquement libérale et profondément écologiste.

(1) http://www.fdf.be/spip.php?article50

(2) Le Soir, 24/06/2009
 
moi je ne suis pas d'accord avec Mouhssin.



Je pense que les discriminations sont plus basée sur la nationalité d'origine que sur la religion...
 
je sais où je vais, certainement au boulot, et quand je regarde d'où je suis venu, certainement de chez moi : aller je regole
je suis neutre
 
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