Taux de douane en baisse
Mais ce partage du leadership entre marques françaises et asiatiques pourrait bientôt changer, avec la baisse des droits de douane sur l’importation de véhicules en provenance de l’Union Européenne. Depuis mars dernier, conformément aux accords bilatéraux liant le Maroc à l’UE, cette taxe s’est en effet réduite de 15% (passant à 23,725% pour les véhicules de cylindrée inférieure à 1,8 l en essence et 2,2 l en Diesel, et 16,25% pour les cylindrées supérieures). Et le démantèlement douanier se poursuivra avec des baisses similaires, jusqu’à une exonération totale des droits de douane, attendue pour 2012.
Pourtant, les effets de cette réduction ne se sont pas franchement traduits par des baisses de prix spectaculaires. “Dans pareil cas, les économies récoltées de cette baisse sont souvent partagées entre le constructeur, l’importateur et le client”, explique Adil Bennani. Sur le terrain, les importateurs marocains, plutôt que de sacrifier à des réductions de tarifs, ont préféré se lancer dans une politique de promotions “permanentes” ou de séries spéciales, des compromis qui restent meilleurs pour l’image des marques.
Comme on peut s’y attendre, cette évolution n’arrange pas les importateurs de produits en provenance d’Asie. “Un tel gap entre les taux de droits de douane est aberrant, s’élève un opérateur. Cela revient à être plus royaliste que le roi, en protégeant les produits européens plus que l’UE elle-même”. La solution ? Que le Maroc atténue cette “protection par procuration” en consentant des baisses unilatérales de droits de douane, à moins qu’il signe des accords similaires avec d’autres pays producteurs, éventualité moins réaliste.
Mais baisse de taxes ou pas, le marché poursuit sa mue. Pouvoir d’achat oblige, la préférence des automobilistes pour les citadines est plus que jamais évidente, celles-ci représentant près de 45% des achats de voitures neuves. Les familles plus fortunées craquent davantage pour les 4x4, dont les ventes supplantent désormais, et de loin, celles des berlines familiales.
Quant aux marques de luxe, elles affichent toujours une santé insolente, insensibles aux variations de la conjoncture. Au terme du mois de mai, les ventes des labels du prestige automobile (les Allemands Mercedes, BMW et Audi en tête) ont enregistré une croissance de 54% (1141 immatriculations), bien supérieure à celle du marché. Qui a dit que le Maroc était un pays pauvre ?
Telquelonline