Aisheen chroniques de Gaza

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Quidquid latine dictum sit, altum sonatur
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Deux cerfs. Une autruche. Et aussi un singe surnommé «Sharon»… parce qu’il attaque à chaque fois qu’on essaie de lui tendre une main à travers les barreaux. Le lion, lui, a dû être empaillé, il est mort faute de médicaments. Bien d’autres animaux manquent encore à l’appel. Certains se sont entre-dévorés durant les bombardements israéliens. Situé à l’extrême sud de la bande de Gaza, le zoo Al-Brazil de Rafah est à l’image de la société palestinienne: frappé de plein fouet, il fait ce qu’il peut pour ne pas désespérer.

Surréaliste, la scène est tirée du film Aisheen/Still Alive in Gaza des Genevois Nicolas Wadimoff et Béatrice Guelpa (photo Salvatore Di Nolfi/2005). Projeté hier soir à Nyon en avant-première du festival Visions du Réel, ce documentaire déjà primé en février à Berlin propose une balade intimiste et souvent surprenante, tournée un mois après la fin de la guerre de décembre 2008 et janvier 2009.

Un peuple de survivants

Ainsi, on y rencontre, dans les ruines d’une maison fantôme, un forain qui se met à reconstruire le parc d’attractions de Gaza City. Le documentaire se termine d’ailleurs sur l’image d’une grande roue remise en marche. Entre-temps, on s’est étonné de voir deux clowns s’évertuer à faire rire les enfants de Rafah encore soumis à des bombardements épisodiques. Et puis on s’est attaché, naturellement, aux rappeurs de Darg Team, qui préparaient leur nouveau titre: We are still alive in Gaza. D’où le documentaire tire son nom. C’est d’ailleurs un concert de ces mêmes rappeurs qui devait être retransmis hier soir à Nyon en direct de Gaza City. Une gageure.

Mais attention: si Aisheen ne cède jamais au voyeurisme sanguinolent, le documentaire genevois ne verse pas non plus dans l’optimisme béat. Ainsi, l’avenir semble bel et bien bouché pour cette famille de cultivateurs, qui a vu détruits ses oliviers parfois vieux de plus de 650 ans. On s’énerve aussi avec les malades patientant à la frontière égyptienne, qui reste désespérément close.

On frissonne d’horreur en entendant un enfant raconter l’odeur des blessures lorsque son groupe a été atteint par des tirs israéliens. On s’inquiète de ces adolescents qui rêvent d’étudier la médecine, mais se disent destinés à combattre les juifs d’Israël. On se désole avec cet automobiliste qui a passé neuf heures à attendre de l’essence. «On ne peut pas continuer comme ça. Il faut qu’ils arrivent à s’entendre pour vivre en paix!»

Et depuis lors, en un an, qu’est-ce qui a changé? «Tout. Le pire. Les gens se sont habitués à cet état d’enfermement. Coupés du monde, ils sont de plus en plus intolérants», nous confiait hier par téléphone Majeda al-Saqqa, la seule femme de Khan Younes à ne pas porter de foulard. Hier soir, elle devait être à Nyon pour l’avant-première d’Aisheen. «Malgré mon visa d’entrée en Suisse, ni les Israéliens ni les Egyptiens ne veulent me laisser passer. Je reste bloquée dans la bande de Gaza.»
 
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