Le Maure
Taza avant Gaza
En Algérie, la chasse aux signes est depuis des années un sport national. Des journaux du cru nourrissent une paranoïa religieuse.
Les journaux arabophones, conscients de l'importance du lectorat islamiste ou du moins conservateur et très sensible au religieux, ont développé des «pages» spéciales fatwa depuis des années, des rubriques de conseils religieux animées par des stars locales et des imams de renom, et se font concurrence pour attirer les cheikhs les plus respectés. On nen est pas encore à lindustrie éditoriale égyptienne et ses talk-shows, mais cela commence déjà.
La paranoïa antisémite
Et pour bien booster le lectorat, la thématique de «linvasion» par les signes et la guerre des «codes» est constamment nourrie. En tête de liste: la croix de David. Entre El Khabar, principal journal arabophone algérien, et Echorouk, plus gros tirage du pays, la concurrence est rude. Elle se fait aussi par la surenchère religieuse.
Les correspondants des deux publications excellent dans les trouvailles: la croix de David «retrouvée sur des cahiers décoliers», sur des cartables, par vue aérienne, avec larchitecture de certains édifices administratifs, sur des parfum, etc. Echorouk osera des titres parfois risibles, style «Promotion de la pensée sioniste à Chelf», prouvée par la découverte dune étoile du genre sur des autocollants scolaires. Le libraire revendeur de ces autocollants sempressera de brûler son stock et daccuser ses fournisseurs. Lauteur de larticle en appellera comme de coutume, aux «autorités pour protéger les Algériens contre cette invasion».
La chasse à létoile de David se greffe, souvent, dans ces articles, à lactualité internationale, celle du Moyen-Orient, fait appel au cliché sur le complot sioniste international et convoque toute la littérature antisémite qui fait florès dans la blogosphère et sur les étalages des librairies islamistes. Les articles des journaux sont repris en boucle dès leurs parutions par les internautes de cette «famille».
La forte pression de cette littérature a fini par peser apparemment sur les administrations de contrôle de commerce et sur les services des douanes. Des journaux algériens signalent parfois, sur le ton du plus grand sérieux, la saisie, aux ports, dimportations de marchandises portant une «croix de David», sans en expliquer les raisons légales ou les lois qui en font un délit.
[...]
Les journaux arabophones, conscients de l'importance du lectorat islamiste ou du moins conservateur et très sensible au religieux, ont développé des «pages» spéciales fatwa depuis des années, des rubriques de conseils religieux animées par des stars locales et des imams de renom, et se font concurrence pour attirer les cheikhs les plus respectés. On nen est pas encore à lindustrie éditoriale égyptienne et ses talk-shows, mais cela commence déjà.
La paranoïa antisémite
Et pour bien booster le lectorat, la thématique de «linvasion» par les signes et la guerre des «codes» est constamment nourrie. En tête de liste: la croix de David. Entre El Khabar, principal journal arabophone algérien, et Echorouk, plus gros tirage du pays, la concurrence est rude. Elle se fait aussi par la surenchère religieuse.
Les correspondants des deux publications excellent dans les trouvailles: la croix de David «retrouvée sur des cahiers décoliers», sur des cartables, par vue aérienne, avec larchitecture de certains édifices administratifs, sur des parfum, etc. Echorouk osera des titres parfois risibles, style «Promotion de la pensée sioniste à Chelf», prouvée par la découverte dune étoile du genre sur des autocollants scolaires. Le libraire revendeur de ces autocollants sempressera de brûler son stock et daccuser ses fournisseurs. Lauteur de larticle en appellera comme de coutume, aux «autorités pour protéger les Algériens contre cette invasion».
La chasse à létoile de David se greffe, souvent, dans ces articles, à lactualité internationale, celle du Moyen-Orient, fait appel au cliché sur le complot sioniste international et convoque toute la littérature antisémite qui fait florès dans la blogosphère et sur les étalages des librairies islamistes. Les articles des journaux sont repris en boucle dès leurs parutions par les internautes de cette «famille».
La forte pression de cette littérature a fini par peser apparemment sur les administrations de contrôle de commerce et sur les services des douanes. Des journaux algériens signalent parfois, sur le ton du plus grand sérieux, la saisie, aux ports, dimportations de marchandises portant une «croix de David», sans en expliquer les raisons légales ou les lois qui en font un délit.
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