Alger - La campagne électorale pour la présidentielle du 9 avril en Algérie a mis en veilleuse les mouvements sociaux qui promettent toutefois de resurgir immédiatement après, avec comme principale revendication l'augmentation des "salaires de singe", les plus faibles du Maghreb.
Dans la fonction publique qui emploie 1.600.000 personnes, des syndicats de l'enseignement et de la santé ont prévu de relancer une contestation gelée pendant la campagne électorale afin de ne pas donner prise à la récupération politique, selon eux.
"Après la trêve électorale, la protestation reprendra", a affirmé Nouar Larbi, coordinateur du Conseil national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapset), cité par le quotidien El Watan (francophone, indépendant).
Pays le plus riche du Maghreb grâce à ses revenus pétroliers et ses 140 milliards de dollars de réserves de change, l'Algérie offre cependant des salaires moins élevés que ses voisins.
Lorsqu'un professeur de lycée entame sa carrière avec 637 euros au Maroc ou 575 euros en Tunisie, il doit travailler pendant 15 ans pour atteindre 300 euros en Algérie. De quoi acheter un appareil ménager de moyenne gamme ou louer un petit deux pièces au centre d'Alger.
Le sociologue Nacer Djabi parle de "salaire de singe", adaptation de l'expression "monnaie de singe".
"Je suis en fin de carrière et je touche 800 euros", dit à l'AFP un professeur de Sciences politiques, soulignant que "80% des enseignants universitaires algériens habitent des appartements de 70 m2 dans des cités de banlieue".
Le salaire minimum est à 120 euros en Algérie contre 178 euros en Tunisie et 164 euros au Maroc. Le récent triplement du salaire des députés passé à 300.000 dinars (3.000 euros) a suscité un sentiment d'indignation dans le pays.
"C'est une injustice criante", se révolte Méziane Meriane du Cnapset dans un entretien avec l'AFP. "En Algérie les salaires sont calculés de manière anarchique, sans prise en compte du niveau de vie et de l'érosion du pouvoir d'achat", dit-il en plaidant pour un SMIG à 500 euros.
Pour l'économiste Abdelmadjid Bouzidi, ancien conseiller à la présidence, la faiblesse des salaires découle d'un "très mauvais partage des résultats de la croissance", puisque "la part revenant aux salariés va en diminuant".
Contrairement à ce qui passe dans d'autres pays, le salaire minimum (Smig) "n'est pas ajusté annuellement afin d'éviter une érosion du pouvoir d'achat mais lorsque le gouvernement en a envie", relève-t-il.
Cette façon de faire "augmente la colère des salariés" donnant lieu, selon lui, à une "régulation par le conflit" et non "par la négociation". Au final, "ça se passe comme dans un souk et les entreprises n'ont pas de visibilité ni de lisibilité".
Le docteur Mohamed Yousfi du Syndicat national des praticiens de la santé publique dénonce "un système qui encourage l'incompétence" et un gouvernement "en déphasage avec les élites" de l'Algérie "méprisées malgré l'aisance financière du pays".
Tout en reconnaissant des "investissements importants" dans les équipements, il estime que "les salaires des médecins de l'hôpital public sont inadmissibles".
Un médecin généraliste débute sa carrière avec 25O euros et un spécialiste de niveau bac + 12 à 450 euros. Au Maroc, ils commencent à 727 euros et 910 euros et en Tunisie à 791 euros et 935 euros.
En campagne, le président Abdelaziz Bouteflika, assuré de réélection, a promis une augmentation du Smig.
Pour autant, "l'Algérie ne sera pas métamorphosée le 10 avril", prédit Yousfi.
Ennaharonline/ AFP
Dans la fonction publique qui emploie 1.600.000 personnes, des syndicats de l'enseignement et de la santé ont prévu de relancer une contestation gelée pendant la campagne électorale afin de ne pas donner prise à la récupération politique, selon eux.
"Après la trêve électorale, la protestation reprendra", a affirmé Nouar Larbi, coordinateur du Conseil national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapset), cité par le quotidien El Watan (francophone, indépendant).
Pays le plus riche du Maghreb grâce à ses revenus pétroliers et ses 140 milliards de dollars de réserves de change, l'Algérie offre cependant des salaires moins élevés que ses voisins.
Lorsqu'un professeur de lycée entame sa carrière avec 637 euros au Maroc ou 575 euros en Tunisie, il doit travailler pendant 15 ans pour atteindre 300 euros en Algérie. De quoi acheter un appareil ménager de moyenne gamme ou louer un petit deux pièces au centre d'Alger.
Le sociologue Nacer Djabi parle de "salaire de singe", adaptation de l'expression "monnaie de singe".
"Je suis en fin de carrière et je touche 800 euros", dit à l'AFP un professeur de Sciences politiques, soulignant que "80% des enseignants universitaires algériens habitent des appartements de 70 m2 dans des cités de banlieue".
Le salaire minimum est à 120 euros en Algérie contre 178 euros en Tunisie et 164 euros au Maroc. Le récent triplement du salaire des députés passé à 300.000 dinars (3.000 euros) a suscité un sentiment d'indignation dans le pays.
"C'est une injustice criante", se révolte Méziane Meriane du Cnapset dans un entretien avec l'AFP. "En Algérie les salaires sont calculés de manière anarchique, sans prise en compte du niveau de vie et de l'érosion du pouvoir d'achat", dit-il en plaidant pour un SMIG à 500 euros.
Pour l'économiste Abdelmadjid Bouzidi, ancien conseiller à la présidence, la faiblesse des salaires découle d'un "très mauvais partage des résultats de la croissance", puisque "la part revenant aux salariés va en diminuant".
Contrairement à ce qui passe dans d'autres pays, le salaire minimum (Smig) "n'est pas ajusté annuellement afin d'éviter une érosion du pouvoir d'achat mais lorsque le gouvernement en a envie", relève-t-il.
Cette façon de faire "augmente la colère des salariés" donnant lieu, selon lui, à une "régulation par le conflit" et non "par la négociation". Au final, "ça se passe comme dans un souk et les entreprises n'ont pas de visibilité ni de lisibilité".
Le docteur Mohamed Yousfi du Syndicat national des praticiens de la santé publique dénonce "un système qui encourage l'incompétence" et un gouvernement "en déphasage avec les élites" de l'Algérie "méprisées malgré l'aisance financière du pays".
Tout en reconnaissant des "investissements importants" dans les équipements, il estime que "les salaires des médecins de l'hôpital public sont inadmissibles".
Un médecin généraliste débute sa carrière avec 25O euros et un spécialiste de niveau bac + 12 à 450 euros. Au Maroc, ils commencent à 727 euros et 910 euros et en Tunisie à 791 euros et 935 euros.
En campagne, le président Abdelaziz Bouteflika, assuré de réélection, a promis une augmentation du Smig.
Pour autant, "l'Algérie ne sera pas métamorphosée le 10 avril", prédit Yousfi.
Ennaharonline/ AFP