Je vous livre ci-dessous le copier coller d'un article du Journal algérien El Watan du 27.02.2015 sur une écrivaine algérienne qui dénonce les violences faites aux femmes dans ce pays.
Vous trouverez plein de documents et reportages sur le Net sur ce pays et sur tous les pays musulmans.
Les pays musulman sont connus pour être très hypocrites sur toutes les questions touchant au sexe.
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En se rasant une nouvelle fois la tête, Fadhila El Farouk a voulu rendre hommage à Katia Bengana, tuée le 26 février 1994. Mais l’auteure n’a pas besoin de ça pour se faire remarquer, car si elle reste méconnue en Algérie elle est devenue une référence dans le monde arabe
- En vous rasant le crâne, et en mettant votre photo sur votre compte facebook, quel est le message que vous voulez faire passer ?
Je me suis rasé la tête par indignation, je l’ai fait pour dénoncer beaucoup de choses que je vois dans notre société et qui m’attristent. Le fait de voir les femmes de chez moi considérées comme des corps voués au diable me terrasse, surtout quand ces considérations sont émises par les femmes elles-mêmes.
Tout est une question de possession de son corps, et chez nous le corps de la femme appartient au père, aux frères, aux cousins. Le corps de la femme musulmane appartient même à tous les hommes de la société, puisque ces derniers se donnent le droit de la provoquer ou de l’insulter rien que parce qu’elle ne met pas un tissu sur la tête. Le pire, c’est quand je vois l’union de mariage célébrée rien que pour le sexe. Chez nous, on épouse encore la femme pour assouvir les désirs d’un mâle qu’on lui a choisi, ou contrainte d’accepter.
La preuve dans nos hôpitaux ! Allez voir les services des cancéreux comment les femmes sont répudiées dès que leurs cheveux commencent à tomber. Je me suis donc rasé la tête pour dénoncer tout cela, pour dire aux hommes que je suis une femme même sans mes cheveux, cet élément de la pilosité humaine qui ne mérite pas tout ce débat à mon sens. Il ne faut pas oublier la mémoire de Katia Bengana, à laquelle je tiens à rendre hommage.
Cette jeune lycéenne assassinée froidement un certain 26 février 1994 parce qu’elle refusait un voile sur la tête. Pire, il ne faut pas se voiler la face : aujourd’hui, la femme est violentée pour maintes excuses, comme c’est le cas en Syrie, Irak, Soudan, Afghanistan… Au final, si j’étais née quelque part dans une savane africaine, mes cheveux rasés et mes seins nus n’auraient en aucun cas porté préjudice. Malheureusement chez nous, on s’est vu importer des traditions religieuses intruses à notre société, et on les a adoptées croyant que ce qui vient du Machreq est religieusement correct, alors qu’il est piètre.
- Vous êtes née à Arris dans un entourage très conservateur, où les cheveux reflètent le tabou plus que la féminité…
Je me considère chanceuse d’être née et d’avoir grandi dans un entourage berbère, où les femmes avaient une certaine marge de liberté. Mais de manière générale, la situation de la femme ne me plaisait pas. Petite, mes cheveux représentaient mon cauchemar hebdomadaire, puisque les larmes et les cris accompagnaient chacun de mes rendez-vous de douche lorsque ma mère me les peignait.
Mes cheveux qui étaient la cause de mes douleurs m’ont poussée à faire ma première révolte. A l’âge de 13 ans, je suis allée chez le seul coiffeur d’Arris de l’époque, Belkacem qu’on appelait communément «âami Guegua», et je lui ai demandé de me couper les cheveux tel un garçon. Etonné par ma requête, il me demande si Da Deradji (mon père adoptif) le savait.
Je me souviens avoir dit oui sans trop me méfier des conséquences. de retour au foyer avec ma tresse dans le cartable, j’ai eu droit à toutes les leçons sur la malédiction qui allait me frapper de la part des femmes de la famille, à savoir ma mère et ma grand-mère. Mon père adoptif, quant à lui, m’a grondée pendant longtemps. En fin de compte, j’avais compris que rien de mal ne m’arriverait puisque j’étais toujours aussi brillante en classe. J’avais aussi compris que mes cheveux étaient à moi, et que je pouvais en faire ce que je voulais. Aujourd’hui, quand je les rase, ça fait rigoler mes frères, ainsi que mes voisins au Liban qui m’encouragent beaucoup !
- Ex-petite fille d’Arris, l’étudiante de Constantine, et l’écrivaine du Liban, vous êtes devenue l’une des voix féministes d’expression arabe ; que pensez-vous des conditions de la femme en Algérie ?
Je pense qu’il y a deux catégories de femmes dans notre pays : une minorité épanouie, consciente et émancipée, qui a envie d’exister et qui revendique ses droits. L’autre catégorie, majoritaire, vit dans l’endoctrinement religieux qui la diminue aux rangs inférieurs. Ces femmes-là sont enfoncées dans une logique de fatwa et des leçons sur le jugement dernier. C’est mon constat sur l’Algérienne qui a, jadis, vécu des déceptions nationales. Elle a d’abord été trahie par l’homme, son frère du combat national, puisqu’à l’aube de l’indépendance il l’a appelée à rester au foyer.
La décennie noire a tenté d’achever le peu de femmes qui restaient et qui ont tenu tête aux conditions sociales. Dans les événements de mon roman traduit en français La honte au féminin, j’ai abordé la situation de l’Algérienne pendant cette tragédie. J’ai spécialement développé dans son intrigue l’histoire des femmes violées pendant ces événements de sang et comment la société leur a tourné le dos. Ces femmes ont sévèrement été jugées et châtiées par leur entourage, tandis que leurs bourreaux ont été pardonnés par le biais d’une loi de clémence qui porte de la miséricorde uniquement aux assassins.
- En tant qu’Algérienne, pensez-vous que la femme en Algérie peut ou pourra assumer son corps et ses désirs ?
La vie en Algérie est débordante et se fier aux lois du plus fort semble généralement être la solution pour vivre en paix. Si la femme persiste à vivre dans cette logique et à soutenir les délires des hommes de fatwa elle n’y arrivera jamais. Quand je me projette en arrière, je me souviens que ma grand-mère était plus libre que les femmes d’aujourd’hui. A Arris, j’ai connu des femmes qui ont fait la Révolution, elles étaient libres et autonomes, j’ai même connu celles qui fumaient sans que quelqu’un daigne les juger.
Et parfois, je suis ahurie de voir ces bizarreries dans notre société ; si toutes les sociétés avancent, la nôtre régresse malheureusement. La femme est même devenue l’ennemie de la femme chez nous. En défendant les valeurs de l’homme, elle s’auto-efface dans la médiocrité qui règne. Le résultat n’est malheureusement qu’une société hypocrite où on félicite une femme qui a porté le voile, lui faisant croire qu’elle s’est faite valoir.
- On vous nomme la révoltée, la féministe, la «grande gueule», et Aboudjerra Soltani, votre ancien professeur à la fac, vous a même appelée dans l’une de ses chroniques de presse «l’ennemie de l’islam». Et vous, comment définissez-vous Fadhila El Farouk ?
Je dirais simplement que je suis une femme amazighe libre et indissoluble.
- Qu’en est-il, en ce qui concerne Fadhila Melekmi, la vraie femme du quotidien en dehors de l’écrivaine ?
Les racines de ma famille sont de Djemila, le patelin de la reine «Dyhia», que les Arabes ont appelée ensuite «la Kahina». Pendant le colonialisme, les Beni Melkem (tribu) ont été de farouches résistants au colonialisme, qui les a contraints à quitter leurs terres. La famille a été donc déchirée ; il y a ceux qui se sont installés à Batna, Biskra, puis Arris où se sont installés mes proches.
Connus dans le domaine médical, beaucoup des miens ont été assassinés pendant la révolution nationale, puisqu’ils étaient les médecins des moudjahidine. C’est en suivant la branche de ma famille que je me suis retrouvée en fac de médecine après avoir brillamment eu mon bac. C’est mon amour pour la littérature qui m’a poussée à changer d’avis et partir à Constantine pour faire mes études en littérature.
Aujourd’hui, je vis au Liban avec ma petite famille, mais mon cœur est en Algérie, je viens chaque année ou tous les deux ans, mais j’ai hâte de revenir m’installer chez moi. Je veux même avoir une maison dans le Djurdjura que j’aime passionnément et pour lequel je compte bientôt éditer un recueil de poésie intitulé Des baisers au Djurdjura. Dans mon village, à Arris, j’ai fait beaucoup d’efforts pour qu’on rende hommage à Da El Houcine aux côtés de Ben Boulaïd.
Je suis une amoureuse de l’art, de la littérature, des voyages et des aventures. Au Liban, je suis connue pour mes actions caritatives et contrairement aux autres écrivains, je dors très tôt et je me lève tôt aussi. En gros, Fadhila Melekmi est une paysanne d’Arris. J’ai rêvé avec Charles Dickens, Selma Groff et Mouloud Feraoun… C’est ainsi que Fadhila Melekmi est devenue Fadhila El Farouk, l’humaniste engagée et la féministe respectée.
SOURCE : http://www.elwatan.com/culture/chez...ennemie-de-la-femme-27-02-2015-288502_113.php
Vous trouverez plein de documents et reportages sur le Net sur ce pays et sur tous les pays musulmans.
Les pays musulman sont connus pour être très hypocrites sur toutes les questions touchant au sexe.
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En se rasant une nouvelle fois la tête, Fadhila El Farouk a voulu rendre hommage à Katia Bengana, tuée le 26 février 1994. Mais l’auteure n’a pas besoin de ça pour se faire remarquer, car si elle reste méconnue en Algérie elle est devenue une référence dans le monde arabe
- En vous rasant le crâne, et en mettant votre photo sur votre compte facebook, quel est le message que vous voulez faire passer ?
Je me suis rasé la tête par indignation, je l’ai fait pour dénoncer beaucoup de choses que je vois dans notre société et qui m’attristent. Le fait de voir les femmes de chez moi considérées comme des corps voués au diable me terrasse, surtout quand ces considérations sont émises par les femmes elles-mêmes.
Tout est une question de possession de son corps, et chez nous le corps de la femme appartient au père, aux frères, aux cousins. Le corps de la femme musulmane appartient même à tous les hommes de la société, puisque ces derniers se donnent le droit de la provoquer ou de l’insulter rien que parce qu’elle ne met pas un tissu sur la tête. Le pire, c’est quand je vois l’union de mariage célébrée rien que pour le sexe. Chez nous, on épouse encore la femme pour assouvir les désirs d’un mâle qu’on lui a choisi, ou contrainte d’accepter.
La preuve dans nos hôpitaux ! Allez voir les services des cancéreux comment les femmes sont répudiées dès que leurs cheveux commencent à tomber. Je me suis donc rasé la tête pour dénoncer tout cela, pour dire aux hommes que je suis une femme même sans mes cheveux, cet élément de la pilosité humaine qui ne mérite pas tout ce débat à mon sens. Il ne faut pas oublier la mémoire de Katia Bengana, à laquelle je tiens à rendre hommage.
Cette jeune lycéenne assassinée froidement un certain 26 février 1994 parce qu’elle refusait un voile sur la tête. Pire, il ne faut pas se voiler la face : aujourd’hui, la femme est violentée pour maintes excuses, comme c’est le cas en Syrie, Irak, Soudan, Afghanistan… Au final, si j’étais née quelque part dans une savane africaine, mes cheveux rasés et mes seins nus n’auraient en aucun cas porté préjudice. Malheureusement chez nous, on s’est vu importer des traditions religieuses intruses à notre société, et on les a adoptées croyant que ce qui vient du Machreq est religieusement correct, alors qu’il est piètre.
- Vous êtes née à Arris dans un entourage très conservateur, où les cheveux reflètent le tabou plus que la féminité…
Je me considère chanceuse d’être née et d’avoir grandi dans un entourage berbère, où les femmes avaient une certaine marge de liberté. Mais de manière générale, la situation de la femme ne me plaisait pas. Petite, mes cheveux représentaient mon cauchemar hebdomadaire, puisque les larmes et les cris accompagnaient chacun de mes rendez-vous de douche lorsque ma mère me les peignait.
Mes cheveux qui étaient la cause de mes douleurs m’ont poussée à faire ma première révolte. A l’âge de 13 ans, je suis allée chez le seul coiffeur d’Arris de l’époque, Belkacem qu’on appelait communément «âami Guegua», et je lui ai demandé de me couper les cheveux tel un garçon. Etonné par ma requête, il me demande si Da Deradji (mon père adoptif) le savait.
Je me souviens avoir dit oui sans trop me méfier des conséquences. de retour au foyer avec ma tresse dans le cartable, j’ai eu droit à toutes les leçons sur la malédiction qui allait me frapper de la part des femmes de la famille, à savoir ma mère et ma grand-mère. Mon père adoptif, quant à lui, m’a grondée pendant longtemps. En fin de compte, j’avais compris que rien de mal ne m’arriverait puisque j’étais toujours aussi brillante en classe. J’avais aussi compris que mes cheveux étaient à moi, et que je pouvais en faire ce que je voulais. Aujourd’hui, quand je les rase, ça fait rigoler mes frères, ainsi que mes voisins au Liban qui m’encouragent beaucoup !
- Ex-petite fille d’Arris, l’étudiante de Constantine, et l’écrivaine du Liban, vous êtes devenue l’une des voix féministes d’expression arabe ; que pensez-vous des conditions de la femme en Algérie ?
Je pense qu’il y a deux catégories de femmes dans notre pays : une minorité épanouie, consciente et émancipée, qui a envie d’exister et qui revendique ses droits. L’autre catégorie, majoritaire, vit dans l’endoctrinement religieux qui la diminue aux rangs inférieurs. Ces femmes-là sont enfoncées dans une logique de fatwa et des leçons sur le jugement dernier. C’est mon constat sur l’Algérienne qui a, jadis, vécu des déceptions nationales. Elle a d’abord été trahie par l’homme, son frère du combat national, puisqu’à l’aube de l’indépendance il l’a appelée à rester au foyer.
La décennie noire a tenté d’achever le peu de femmes qui restaient et qui ont tenu tête aux conditions sociales. Dans les événements de mon roman traduit en français La honte au féminin, j’ai abordé la situation de l’Algérienne pendant cette tragédie. J’ai spécialement développé dans son intrigue l’histoire des femmes violées pendant ces événements de sang et comment la société leur a tourné le dos. Ces femmes ont sévèrement été jugées et châtiées par leur entourage, tandis que leurs bourreaux ont été pardonnés par le biais d’une loi de clémence qui porte de la miséricorde uniquement aux assassins.
- En tant qu’Algérienne, pensez-vous que la femme en Algérie peut ou pourra assumer son corps et ses désirs ?
La vie en Algérie est débordante et se fier aux lois du plus fort semble généralement être la solution pour vivre en paix. Si la femme persiste à vivre dans cette logique et à soutenir les délires des hommes de fatwa elle n’y arrivera jamais. Quand je me projette en arrière, je me souviens que ma grand-mère était plus libre que les femmes d’aujourd’hui. A Arris, j’ai connu des femmes qui ont fait la Révolution, elles étaient libres et autonomes, j’ai même connu celles qui fumaient sans que quelqu’un daigne les juger.
Et parfois, je suis ahurie de voir ces bizarreries dans notre société ; si toutes les sociétés avancent, la nôtre régresse malheureusement. La femme est même devenue l’ennemie de la femme chez nous. En défendant les valeurs de l’homme, elle s’auto-efface dans la médiocrité qui règne. Le résultat n’est malheureusement qu’une société hypocrite où on félicite une femme qui a porté le voile, lui faisant croire qu’elle s’est faite valoir.
- On vous nomme la révoltée, la féministe, la «grande gueule», et Aboudjerra Soltani, votre ancien professeur à la fac, vous a même appelée dans l’une de ses chroniques de presse «l’ennemie de l’islam». Et vous, comment définissez-vous Fadhila El Farouk ?
Je dirais simplement que je suis une femme amazighe libre et indissoluble.
- Qu’en est-il, en ce qui concerne Fadhila Melekmi, la vraie femme du quotidien en dehors de l’écrivaine ?
Les racines de ma famille sont de Djemila, le patelin de la reine «Dyhia», que les Arabes ont appelée ensuite «la Kahina». Pendant le colonialisme, les Beni Melkem (tribu) ont été de farouches résistants au colonialisme, qui les a contraints à quitter leurs terres. La famille a été donc déchirée ; il y a ceux qui se sont installés à Batna, Biskra, puis Arris où se sont installés mes proches.
Connus dans le domaine médical, beaucoup des miens ont été assassinés pendant la révolution nationale, puisqu’ils étaient les médecins des moudjahidine. C’est en suivant la branche de ma famille que je me suis retrouvée en fac de médecine après avoir brillamment eu mon bac. C’est mon amour pour la littérature qui m’a poussée à changer d’avis et partir à Constantine pour faire mes études en littérature.
Aujourd’hui, je vis au Liban avec ma petite famille, mais mon cœur est en Algérie, je viens chaque année ou tous les deux ans, mais j’ai hâte de revenir m’installer chez moi. Je veux même avoir une maison dans le Djurdjura que j’aime passionnément et pour lequel je compte bientôt éditer un recueil de poésie intitulé Des baisers au Djurdjura. Dans mon village, à Arris, j’ai fait beaucoup d’efforts pour qu’on rende hommage à Da El Houcine aux côtés de Ben Boulaïd.
Je suis une amoureuse de l’art, de la littérature, des voyages et des aventures. Au Liban, je suis connue pour mes actions caritatives et contrairement aux autres écrivains, je dors très tôt et je me lève tôt aussi. En gros, Fadhila Melekmi est une paysanne d’Arris. J’ai rêvé avec Charles Dickens, Selma Groff et Mouloud Feraoun… C’est ainsi que Fadhila Melekmi est devenue Fadhila El Farouk, l’humaniste engagée et la féministe respectée.
SOURCE : http://www.elwatan.com/culture/chez...ennemie-de-la-femme-27-02-2015-288502_113.php