Ali Amar «Journaliste et fondateur, en 1997, du Journal, premier titre marocain indépendant.: «Au Maroc, il ne faut jamais être trop prudent!»
Rédigé par E. D. le Samedi 20 Juin 2009
Marianne: Le parti Authenticité et Modernité, proche du roi Mohammed VI, a gagné les élections municipales. Le parti islamiste Justice et Développement recule. Faut-il s'en réjouir?
Ali Amar: Le bilan ne peut être que mitigé. La leçon centrale de ce scrutin est que tout se fait à partir du palais. En fait, on est passé d'une monarchie absolue, à l'époque d'Hassan II, à une royauté plus collégiale où ce sont les conseillers de Mohammed VI, dépourvus de la moindre légitimité démocratique, qui tiennent tous les leviers. Le pouvoir joue habilement de la popularité du jeune roi et de la comparaison, il est vrai avantageuse, avec des dictatures arabes infiniment plus répressives.
Vu de l'extérieur, Mohammed VI a le précieux avantage d'enrayer les débordements islamistes..
A.A: En dépit de l'attentat de mai 2003 qui avait fait 20 morts, l'idée que le monarque est un paratonnerre face à la montée de l'extrémisme religieux est fallacieuse. Ce n'est pas en se repliant sur un petit cercle de conseillers mais en jouant la carte de l'ouverture démocratique qu'il a les meilleures chances d'isoler les fondamentalistes. D'ailleurs, ces derniers sont moins que jamais en mesure de dicter leurs conditions. Le roi pourrait prendre le risque d'accélérer le processus démocratique et d'en finir avec la cooptation de ses conseillers en circuit fermé. La pire des imprudences pour la monarchie marocaine est, dans les circonstances présentes, de se montrer trop prudente
Rédigé par E. D. le Samedi 20 Juin 2009
Marianne: Le parti Authenticité et Modernité, proche du roi Mohammed VI, a gagné les élections municipales. Le parti islamiste Justice et Développement recule. Faut-il s'en réjouir?
Ali Amar: Le bilan ne peut être que mitigé. La leçon centrale de ce scrutin est que tout se fait à partir du palais. En fait, on est passé d'une monarchie absolue, à l'époque d'Hassan II, à une royauté plus collégiale où ce sont les conseillers de Mohammed VI, dépourvus de la moindre légitimité démocratique, qui tiennent tous les leviers. Le pouvoir joue habilement de la popularité du jeune roi et de la comparaison, il est vrai avantageuse, avec des dictatures arabes infiniment plus répressives.
Vu de l'extérieur, Mohammed VI a le précieux avantage d'enrayer les débordements islamistes..
A.A: En dépit de l'attentat de mai 2003 qui avait fait 20 morts, l'idée que le monarque est un paratonnerre face à la montée de l'extrémisme religieux est fallacieuse. Ce n'est pas en se repliant sur un petit cercle de conseillers mais en jouant la carte de l'ouverture démocratique qu'il a les meilleures chances d'isoler les fondamentalistes. D'ailleurs, ces derniers sont moins que jamais en mesure de dicter leurs conditions. Le roi pourrait prendre le risque d'accélérer le processus démocratique et d'en finir avec la cooptation de ses conseillers en circuit fermé. La pire des imprudences pour la monarchie marocaine est, dans les circonstances présentes, de se montrer trop prudente