Allemagne. À Münster, la solidarité avec la Palestine réprimée

Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
Contributeur
Dans cette ville conservatrice, la lutte contre la guerre génocidaire à Gaza se heurte à une répression grandissante. Dans le contexte d’une montée historique de l’extrême droite lors des législatives du 23 février 2025, et où l’État, la police et même certains courants de gauche s’opposent à leur engagement, les militants luttent pour continuer à se mobiliser, souvent au prix de poursuites judiciaires et d’une surveillance de plus en plus accrue.

Sur les rives du lac Aasee, à Münster, se dressent trois sculptures sphériques géantes. Conçues par l’artiste pop Claes Oldenburg et installées en 1977, elles représentent des boules de billard et sont censées transformer l’ensemble de la ville en une table de billard géante. En cette froide journée de juin 2024, ces structures ont un aspect différent. Des affiches, avec des slogans tels que « Arrêtez d’armer Israël », « Mettez fin à l’occupation » et « Le silence, c’est la violence », y sont collées.

Aux alentours, des drapeaux palestiniens sont plantés dans le sol et une bibliothèque est installée. Avec le soleil, les noms des écrivains et poète palestiniens Ghassan Kanafani, Radwa Ashour, Samih Al-Qassim, entre autres, scintillent sur les couvertures des livres.

Sous une tente de fortune, bordée de bancs en bois et équipée d’un écran de projection, une douzaine de personnes sont déjà assises. D’autres les rejoignent. Ce « camp d’un jour pour la Palestine », comme l’appellent ses organisateurs, commémore la Naksa du 5 juin 1967, lorsque davantage de terres palestiniennes — la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem — ont été occupées par Israël. Quelques voitures de police sont garées nonchalamment à proximité. Alors que je prends place, un membre du groupe organisateur Students for Palestine (Étudiants pour la Palestine) commence à expliquer les raisons pour lesquelles toutes les formes de résistance, y compris armée, sont légitimes et nécessaires tant que des injustices graves existent.

Dans cette ville proprette et largement conservatrice de Rhénanie-du-Nord–Westphalie, et sur cette table de billard imaginaire, quelque chose bouge.

Münster est l’une de ces villes qui semblent tout droit sorties d’une carte postale. C’est un centre urbain majoritairement catholique, conservateur et aisé, niché entre de vastes étendues de terres agricoles. La ville compte environ 300 000 habitants, dont 43 098 étudiants de l’université de Münster. Elle accueille 25 800 citoyens étrangers originaires de 155 pays, soit 8,6 % de la population.

Le cas de « Palästina Antikolonial »​

Palästina Antikolonial (Palestine anticoloniale) est le plus grand groupe d’activistes politiques pour la Palestine de la ville. Il est créé en 2020, à la suite des déclarations du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou annonçant son intention d’annexer la Cisjordanie. À l’époque, une manifestation organisée dans le centre-ville a lancé le cri « Arrêtez l’accaparement des terres ! » et a fait l’objet d’accusations d’antisémitisme avant même d’avoir commencé. C’est après celle-ci que quelques militants présents ont décidé de fonder le groupe, nous explique Ramez, membre de Palästina Antikolonial.

Dès sa création, le comité général des étudiants de l’université de Münster (AStA) s’est empressé de prendre ses distances avec le groupe après l’opposition de l’Alliance de la jeunesse contre l’antisémitisme à la participation de Palästina Antikolonial aux événements de la journée annuelle d’orientation des étudiants. Un communiqué de l’AstA a déclaré qu’elle avait « observé avec inquiétude » la résurgence de « l’antisémitisme (lié à Israël) et les mythes conspirationnistes dans la société et parmi le corps étudiant », ajoutant : « Conformément à la résolution du StuPa (assemblée étudiante) du 1er août 2019, l’AStA rejette toute coopération avec le mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS). […] Depuis sa création en juin 2020, le groupe Palästina Antikolonial a attiré l’attention à plusieurs reprises par son antisémitisme (lié à Israël) et entretient des contacts avec des acteurs du mouvement BDS ». L’une de ces « preuves » d’antisémitisme est la manifestation contre l’annexion de la Cisjordanie..........................

 
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