boptitprince
je ne suis qu'un prince..
Après dix ans de règne, le roi Mohammed VI reste une énigme
12.07.09 - 10:12
Dix ans après son intronisation, le roi Mohammed VI du Maroc reste une énigme pour la plupart de ses compatriotes, qui dressent un bilan contrasté d'une décennie marquée par des réformes importantes et la persistance de points noirs.
Décrit comme réservé, le souverain marocain n'accorde pour ainsi dire jamais d'interview, ses interventions publiques sont rares et un secret absolu entoure ce qui se passe derrière les murs du "mechouar", le palais royal de Rabat.
En accédant au trône alaouite, le 23 juillet 1999 à l'âge de 35 ans, le nouveau roi avait signifié qu'il voulait poursuivre la politique d'ouverture amorcée à la fin du règne de son père Hassan II.
S'affichant (au début) aux commandes d'un jet-ski ou de voitures de sport, skiant à Courchevel, aimant le raï, ami du rappeur américain P. Diddy comme de Johnny Hallyday, Mohammed VI avait projeté une image de "roi cool".
Une bouffée d'air frais avait alors soufflé sur un pays anxieux de tourner la page des "années de plomb".
Le 21 mars 2002, son mariage avec une modeste informaticienne de 24 ans, Lalla Salma (Bennani de son nom de jeune fille), avait conforté cette réputation de modernité.
Dix ans ont passé depuis la mort de Hassan II et, en dépit d'un certain désenchantement perceptible dans une frange de la population qui aurait souhaité que les choses avancent plus vite, le Maroc bouge.
En 2008, le pays a obtenu de l'UE le précieux "statut avancé", qui lui permettra à terme d'accéder librement au marché européen, et se dote d'infrastructures sans égales au Maghreb.
Les principales villes du pays sont désormais reliées par autoroutes et le réseau atteindra 1.500 km en 2011 (contre 100 en 1999). Un projet de TGV Tanger-Casablanca a été lancé, Rabat et Casablanca s'équipent de tramways.
Sur la façade méditerranéenne, un port gigantesque, Tanger Med, a été réalisé de toutes pièces, ambitionnant de devenir le plus important d'Afrique.
Les victimes des "années de plomb" ont été indemnisées à l'issue d'un travail courageux -à défaut d'être complet, puisque les tortionnaires n'ont pas été inquiétés- de l'Instance équité et réconciliation (IER).
Un nouveau code de la famille (Moudawana) a également été adopté en 2004, donnant aux femmes (presque) les mêmes droits qu'aux hommes. Et ce, malgré l'hostilité des islamistes radicaux.
Commandeur des croyants (Amir Al-Mouminine), Mohammed VI a aussi initié une ambitieuse reconquête du champ religieux destinée à empêcher les dérives d'imams intégristes.
Enfin, malgré quelques incidents de parcours irritants, les journaux peuvent écrire à peu près ce qu'ils veulent dès lors qu'ils ne remettent pas en cause le rite sunnite malékite officiel, la monarchie et l'intégrité territoriale.
Quelques données et voix discordantes viennent cependant flétrir cette image un peu idyllique.
Ainsi, l'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH, indépendante) ne se prive pas de mettre en cause l'indépendance de la justice, affirme que torture et détentions arbitraires continuent.
Et, en dépit des efforts des autorités, la corruption reste largement pratiquée à tous les niveaux. Environ 40 pour cent de la population est encore analphabète.
Enfin, les inégalités sociales perdurent et, dans le rapport mondial sur le développement humain 2007-2008 du PNUD (Programme des Nations unies pour le développement), le Maroc occupe une peu flatteuse 126ème place.
De fait, la misère la plus noire côtoie souvent l'opulence la plus insolente. Comme à Casablanca, capitale économique du pays, où quelques kilomètres seulement séparent le grand bidonville de Sidi Moumen du quartier d'Anfa, enclave pour milliardaires qui n'a rien à envier à Beverley Hills.
(Belga)
Crédit photo: BELGA Monde, Politique
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12.07.09 - 10:12
Dix ans après son intronisation, le roi Mohammed VI du Maroc reste une énigme pour la plupart de ses compatriotes, qui dressent un bilan contrasté d'une décennie marquée par des réformes importantes et la persistance de points noirs.
Décrit comme réservé, le souverain marocain n'accorde pour ainsi dire jamais d'interview, ses interventions publiques sont rares et un secret absolu entoure ce qui se passe derrière les murs du "mechouar", le palais royal de Rabat.
En accédant au trône alaouite, le 23 juillet 1999 à l'âge de 35 ans, le nouveau roi avait signifié qu'il voulait poursuivre la politique d'ouverture amorcée à la fin du règne de son père Hassan II.
S'affichant (au début) aux commandes d'un jet-ski ou de voitures de sport, skiant à Courchevel, aimant le raï, ami du rappeur américain P. Diddy comme de Johnny Hallyday, Mohammed VI avait projeté une image de "roi cool".
Une bouffée d'air frais avait alors soufflé sur un pays anxieux de tourner la page des "années de plomb".
Le 21 mars 2002, son mariage avec une modeste informaticienne de 24 ans, Lalla Salma (Bennani de son nom de jeune fille), avait conforté cette réputation de modernité.
Dix ans ont passé depuis la mort de Hassan II et, en dépit d'un certain désenchantement perceptible dans une frange de la population qui aurait souhaité que les choses avancent plus vite, le Maroc bouge.
En 2008, le pays a obtenu de l'UE le précieux "statut avancé", qui lui permettra à terme d'accéder librement au marché européen, et se dote d'infrastructures sans égales au Maghreb.
Les principales villes du pays sont désormais reliées par autoroutes et le réseau atteindra 1.500 km en 2011 (contre 100 en 1999). Un projet de TGV Tanger-Casablanca a été lancé, Rabat et Casablanca s'équipent de tramways.
Sur la façade méditerranéenne, un port gigantesque, Tanger Med, a été réalisé de toutes pièces, ambitionnant de devenir le plus important d'Afrique.
Les victimes des "années de plomb" ont été indemnisées à l'issue d'un travail courageux -à défaut d'être complet, puisque les tortionnaires n'ont pas été inquiétés- de l'Instance équité et réconciliation (IER).
Un nouveau code de la famille (Moudawana) a également été adopté en 2004, donnant aux femmes (presque) les mêmes droits qu'aux hommes. Et ce, malgré l'hostilité des islamistes radicaux.
Commandeur des croyants (Amir Al-Mouminine), Mohammed VI a aussi initié une ambitieuse reconquête du champ religieux destinée à empêcher les dérives d'imams intégristes.
Enfin, malgré quelques incidents de parcours irritants, les journaux peuvent écrire à peu près ce qu'ils veulent dès lors qu'ils ne remettent pas en cause le rite sunnite malékite officiel, la monarchie et l'intégrité territoriale.
Quelques données et voix discordantes viennent cependant flétrir cette image un peu idyllique.
Ainsi, l'Association marocaine des droits de l'Homme (AMDH, indépendante) ne se prive pas de mettre en cause l'indépendance de la justice, affirme que torture et détentions arbitraires continuent.
Et, en dépit des efforts des autorités, la corruption reste largement pratiquée à tous les niveaux. Environ 40 pour cent de la population est encore analphabète.
Enfin, les inégalités sociales perdurent et, dans le rapport mondial sur le développement humain 2007-2008 du PNUD (Programme des Nations unies pour le développement), le Maroc occupe une peu flatteuse 126ème place.
De fait, la misère la plus noire côtoie souvent l'opulence la plus insolente. Comme à Casablanca, capitale économique du pays, où quelques kilomètres seulement séparent le grand bidonville de Sidi Moumen du quartier d'Anfa, enclave pour milliardaires qui n'a rien à envier à Beverley Hills.
(Belga)
Crédit photo: BELGA Monde, Politique
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