Appel «timmouzgha» pour la democratie

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Tayri nem tuder g-ul inu
La fin de la première décennie du vingt et unième siècle s’ouvre sur une nouvelle ère marquée par un élan sans précédent impulsé par un mouvement de la jeunesse porteur de grands espoirs, réclamant liberté, égalité et justice et faisant grand usage de nouvelles technologies de l’information. Ce mouvement reflète la volonté et l’aspiration des peuples à vivre dans la dignité et à réaliser l’édification d’un Etat de droit, la séparation des pouvoirs, l’indépendance de la justice, la suprématie de la loi, la gestion rationnelle des affaires de la société. Ces valeurs, que certains considèrent comme étant modernes et importées, sont en fait, pour nous les Amazighes, des valeurs authentiques enracinées dans nos traditions démocratiques locales tout au long de notre histoire civilisationnelle, avant que l’identité marocaine soit, par la suite, réduite à une seule dimension au sein de l’Etat national central. Dès l’indépendance, le Maroc consacre l’Etat national centralisé et proclame son identité arabe. Le mouvement dit « national » profondément attaché au panarabisme, qui a alors le vent en poupe depuis le golfe Persique jusqu’à l’océan Atlantique, revendique alors l’arabisme comme facteur d’unité, tandis que la diversité culturelle est présentée comme un ferment de division. Face au redoutable arsenal de mythes valorisant l’arabisme, les communautés amazighes ne font pas le poids étant considérées comme gênantes, en raison même de leur seule existence, pour la cohésion de la « Nation arabe ». Dès le départ, le système juridique marque de façon ferme la négation et le rejet de toute reconnaissance du fait amazighe. L’arabisme et l’islamisme seront les seules références officielles et, pour empêcher toute forme d’expression plurielle, le cadre étatique sera totalement verrouillé.

Aussi, n’est-il pas surprenant que ces derniers mois, les Amazighes prennent, sans hésitation, l’initiative pour appuyer ce courant de révolte revendiquant le changement, et qu’ils soient à l’avant-garde avec les forces appelant à l’édification des fondements d’une transition pacifique vers la Démocratie, unis dans leurs buts avec le reste du mouvement, considérant leur cause comme partie intégrante du projet démocratique, vu qu’il n’y a point de vie pour l’Amazighe sans liberté, sans égalité et sans justice.

Nous, les auteurs de cet appel, déclarons, en toute sincérité, que ce qui nous anime est notre amour pour notre patrie, notre unique patrie. Nous connaissons avec toute précision l’étendue des énormes sacrifices que les enfants de cette patrie ont consentis pour qu’elle reste une patrie libre de toute tutelle étrangère. Animés également par notre conscience démocratique du caractère sensible de la phase que traverse notre pays, une conscience empreinte du penchant humanitaire connu chez les Amazighes depuis longtemps, nous considérons que l’humain reste la valeur suprême, et que le reste n’est que simples moyens pour lui garantir la dignité et l’épanouissement civilisationnel.
 
De nos jours, l’humanité a franchi des pas considérables dans l’estimation de la valeur de l’homme et du respect de sa dignité, ce qui lui a permis de déterminer avec précision le cadre général des principes nécessaires à la préservation des droits de l’homme garantissant par-là l’égalité entre tous les membres d’une même société sur la base de la citoyenneté, sans distinction de couleur, de race, de religion ou de langue. Il s’agit là de l’une des meilleures réalisations de l’humanité jusqu’à présent en comparaison à ce que était la situation dans le passé en mépris de la dignité humaine, la persécution et l’exclusion, au nom des religions ou des appartenances ethniques et tribales dans les systèmes dictatoriaux de gouvernement caractérisés par la domination et la répression.

Voilà donc une fois de plus, qu’en dépit des formes d’injustice dont nous avons été la cible, et de toutes les formes de marginalisation et de mépris ayant visé notre dignité et notre être, que nous choisissons d’adhérer sincèrement, de façon positive et constructive, au débat public enclenché par le mouvement de la rue marocaine gagné par le souffle de divers vents de libération. Nous adressons notre appel à la nation marocaine qui a atteint un degré de maturité dans la conscience de soi et dont les idéologies importées n’ont pas réussi à affaiblir ce sentiment d’appartenance à la terre marocaine qui constitue le fondement suprême et premier de l’identité marocaine, de l’union de tous les membres de la société marocaine. Cette appartenance représente le cadre géographique et historique de la vraie personnalité marocaine qui englobe tous les constituants sans exception, et dans laquelle tous les Marocains se reconnaissent avec la diversité de leur appartenance politique, idéologique ou régionale. Cet authentique nationalisme a été, pendant longtemps, évincé par le concept réducteur du « nationalisme » chez certaines élites citadines depuis les années trente du siècle dernier, durant la lutte contre la tutelle étrangère française. Cette vision étriquée et réduite de ce concept est la base autour de laquelle ont été édifiés les soubassements mêmes de la constitution, de l’éducation, des médias ainsi que tous les services susceptibles de façonner la conscience du «sujet» marocain et son encadrement par la société. Le résultat en a été la formation de générations de marocains en déphasage avec leurs réalités quotidiennes, ignorants ce qu’est la personnalité marocaine authentique façonnée par l’histoire profonde du Maroc.

Il nous a été particulièrement douloureux depuis l’aube de l’indépendance de voir notre identité et notre langue amazighes écartées de la sphère des «fondements» institués, et de voir le « nationalisme marocain », dans son concept officiel, asseoir la ségrégation contre l’ «Amazighité». Cette ségrégation revêt, souvent, l’apparence du nationalisme arabe, avec tout ce qu’il dissimule comme mépris de la culture des peuples, du sentiment de paternalisme civilisationnel ayant pour origine une lecture sélective de l’histoire, et dans d’autres cas, revêt l’habit de l’extrémisme religieux étranger à la culture marocaine originelle qui est caractérisée, depuis de longues générations, par les valeurs de tolérance, de liberté, de respect et de diversité.
 
RONNNNNNNNNNNN PSHIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIT RON PSHIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIT.... tu sais amaswad, je ne serais pas du tout etonnee si on apprenais par la suite que tu etais kabyle LOL. Tu sais mon plus grand reve, ce serait un immense referundum par tout les berberophones du Maroc juste pour que ca te ferme ton clapet une bonne fois pour toute. Faire passer les berberophones pour des inouits colonises, c'est humiliant, en plus d'etre faux. wa salam
 
Dès l’aube de « l’indépendance » et pendant longtemps, nous avions conscience que la perte de nos droits est due à la persistance de certains Marocains parmi l’élite gouvernante, orgueilleux de leur appartenance à « l’arabité », à assiéger les aspects de notre identité et à réduire le rayonnement de notre culture et de notre langue originale, et ce en monopolisant tous les canaux officiels susceptibles de propager les connaissance et les valeurs.

Le but, qui n’avait rien d’honorable, était de nous diluer dans le tissu arabe, d’effacer notre amazighité et de fondre notre particularité ancestrale, pour que nous devenions une partie de la grande patrie qui s’étend, selon l’idéologie arabiste, « de l’atlantique au golfe ». Cette approche est considérée dans la langue internationale des droits de l’homme comme un « Ethnocide Culturel», une politique criminelle condamnée par la conscience universelle et par les lois mondiales étant donné leur effet négatif sur les cultures humaines et sur les relations pacifiques entre les êtres et les communautés. Une des conséquences de cette politique est notre étranglement dans notre propre pays pour un pari civilisationnel unique, en l’occurrence le « pari oriental ». Ceci a appauvri notre personnalité culturelle ainsi que les possibilités de renaissance, en lui interdisant de bénéficier des modèles civilisationnels alternatifs plus vigoureux et plus modernes. Ce qui a également fait perdre à la société marocaine le sens des valeurs et de l’identité qui auraient pu nous orienter, pour partir de nous-mêmes, au lieu de cloner des modèles culturels qui ont souffert pendant de nombreuses décennies de l’indigestion des connaissances modernes et du gel des énergies de la pensée, de la créativité et de l’invention, avant de céder aux courants de régression et du retour vers le passé suite à son échec à faire face aux défis du présent.
 
Tout cela a été accompagné par l’édification des assises de la dictature en matière de gouvernement en accordant des prérogatives absolues à la personne du gouvernant, par l’accaparation de l’autorité, de la richesse, des ressources et des valeurs par les familles alliées au régime ; ce qui a instauré une culture de la corruption et a fait perdre aux Marocains des occasions de renaissance et de développement. Comme il n’y a point de droits perdus tant qu’il a un revendicateur, et que nous avons exprimé à haute voix les revendications de nos droits à même de réveiller ceux qui demeuraient dans l’ignorance, le processus historique qu’a connu la transition du trône en 1999, et tout ce qui l’accompagnait comme défis et enjeux ainsi que les grands événements nationaux, régionaux et internationaux, ont aidé à la survenance du premier intérêt sérieux du Roi Mohammed VI pour nos revendications légitimes le 17 Octobre 2001. Ce fut un nouveau souffle qui a fait naître en nous de nouveaux espoirs. Cet intérêt n’a cependant pas été suivi d’acte à même de fournir des garanties constitutionnelles et une protection juridique des mesures entamées au sein des institutions. Le résultat en était que notre bonne volonté s’est heurtée à la persistance des mentalités ségrégationnistes ancrées dans certains esprits et au référentiel juridique en vigueur qui ne reconnaît ni notre existence identitaire ni notre langue ni notre culture ni le système de nos valeurs. Ces obstacles ont abouti à faire échouer le projet de la promotion de l’Amazighe dans de nombreux domaines notamment dans l’enseignement avec l’apparition de prémisses dangereuses de régression, même au niveau des faibles acquis réalisés pendant la dernière décennie.

Voilà qu’aujourd’hui encore, dix ans après une relative reconnaissance de l’Amazighité du Maroc, nous autres amazighes, nous nous retrouvons dans une situation de sentiments d’humiliation et de rejet chaque fois que nous relisons la constitution marocaine qui ignore tout simplement l’existence de « Timmouzgha » et notre identité séculaire, de même qu’elle dénie complètement notre langue amazighe, héritage immémorial commun de notre histoire.

Si les langues contemporaines à la langue Amazighe dans les civilisations du bassin méditerranéen ont quasiment disparu, la langue Amazighe quant à elle, est demeurée vivante, témoignant ainsi d’une civilisation profonde. Or, le recensement officiel révèle que, ces dernières années, le nombre d’amazighophones a régressé.

Parlé par l’écrasante majorité des habitants du Maroc, au début de l’indépendance, voilà que la langue amazighe ne serait plus parlée, nous dit-on, que par 28% de la population, un pourcentage bien en deçà de la réalité, qui confirme la ferme intention chez certains responsables ségrégationnistes et malintentionnés de minimiser la présence de la langue Amazighe dans la société. Ainsi minorisée et marginalisée, notre langue autochtone, fait face au danger d’extinction qui menace toute langue privée de pouvoir juridique et politique.
 
Notre amertume est profonde, également, chaque fois que nous relisons le texte de la constitution, que nous parcourons les journaux ou que nous entendons dans les médias et/ou dans les discours officiels, l’expression « Maghreb Arabe »ou « peuple arabe » qui réduit l’identité de nos pays d’Afrique du nord à une seule dimension, coupée de la réalité de l’histoire, de la géographie, des cultures des peuples, de leurs langues, de leurs sentiments d’appartenance.

Quel sentiment de colère, est le notre, chaque fois que nous entendons que l’Histoire de l’Etat marocain s’étend à Douze siècles uniquement, à l’histoire de l’arrivée d’un seul homme arabe s’étant réfugié au Maroc, et que quelques tribus Amazighes ont accueilli et protégé lui octroyant une grande considération. Il serait ainsi le fondateur du commencement de l’Etat et de la civilisation marocaine, dans l’idéologie officielle, effaçant tout le passé historique des Etats qui lui sont contemporains tels que le royaume des Berghwatas à Tamesna et de Sijilmassa au Sud Est… ou des royaumes qui lui sont largement antérieurs depuis des temps immémoriaux.

Quelle sentiment de réelle ségrégation, chaque fois qu’un Amazighophone se trouve contraint de parler une langue qu’il ne maîtrise pas en renonçant à sa langue dans ses rapports avec l’administration et les milieux officiels, voire même dans les tribunaux, espaces pourtant conçus afin de garantir la justice et l’équité pour les victimes de l’injustice, et non comme lieux de ségrégation entre les personnes qui sont en principe égales en droit et en citoyenneté.

Quel sentiment d’injustice, chaque fois que l’un de nous se trouve contraint de recourir à la justice pour octroyer un prénom Amazighe à son nouveau né, et que l’Officier d’Etat Civil l’informe que ce prénom Amazighe est irrecevable vu «qu’il n’a pas de sens en arabe » ou qu’il ne figure pas dans la liste élaborée par le Ministère de l’Intérieur fournie à tous les bureaux d’Etat Civil.

Quel sentiment d’exclusion, chaque fois que nous regardons les chaînes marocaines de télévision pour lesquelles nous nous acquittons de nos impôts mais qui ne proposent que de rares émissions amazighes, soit autour de 1,8% en Amazighe à des heures impossibles, préférant diffuser des films indiens, moyen orientaux ou occidentaux (exception faite pour la 8e chaîne Tamazight, dépourvue de crédits financiers suffisants et de transmission terrestre pouvant permettre au simple citoyen marocain de la capter).
 
Quelle sentiment de dépit, quand le manuel scolaire amazighe, en tant que source indispensable aux enseignants et aux apprenants, reste introuvable sur le marché et donc inaccessible aux élèves et quand la généralisation horizontale et/ou verticale de l’enseignement de la langue amazighe est ralentie voire stoppée engendrant ainsi un retard considérable en dépit des notes ministérielles dont les directives sont pourtant claires et précises, mais qui restent sans suite.

Quel sentiment de déni, lorsque les tenants du pouvoir consacrent des notions idéologiques néfastes, rétrogrades et subjectives dans les manuels scolaires, en satisfaction à certains courants politiques racistes ou obscurantistes, avec pour objectifs, la réduction ou la négation totale du rôle des Amazighes dans l’Histoire du Maroc, la dissimulation de leur civilisation et de leur identité à travers la falsification et la dissimulation des faits réels et tout cela, bien entendu, en contradiction avec l’objectivité scientifique et le respect des critères pédagogiques.

Quel sentiment d’arbitraire, chaque fois que les autorités locales refusent de délivrer un récépissé de dépôt légal de statuts pour la création d’une association Amazighe et chaque fois que ces mêmes autorités interviennent pour interdire une manifestation culturelle Amazighe, alors que sont organisées sans aucun problème, dans différentes régions du Maroc, des manifestations pour la culture et la langue arabes.

Quel sentiment de frustration, lorsque la graphie amazighe, le tifinagh, bien que préconisé par l’IRCAM et approuvée par la majorité écrasante des partis politiques réunis par le Roi Mohamed VI à cet effet, reste cantonnée dans un environnement très limité à l’intérieur de l’école et continue à faire l’objet d’interdictions ici et là, dans les domaines publiques et privés.

Quel sensation de mal-être, chaque fois que nous relevons que les surenchères de l’arabisation idéologique s’étendent aux noms des villes et des lieux géographiques marocains amazighophones, remplacés ainsi par d’autres noms «arabes», ou manipulés orthographiquement de manière à leur faire perdre leur sens originel amazighe, malgré les dispositions des accords et conventions internationales des droits humains visant à la préservation du patrimoine des nations et des peuples ainsi que de leurs identités culturelles.
 
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