Atteinte de vitiligo, je passe pour une Blanche depuis mes 30 ans et je comprends pourquoi certains Blancs n’arrivent pas à concevoir la discriminatio

  • Initiateur de la discussion Initiateur de la discussion hajjesus
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Ce n'est qu'en arrivant au Royaume-Uni, où mes camarades de classe m'appelaient "la Paki", que je me suis rendu compte que j'avais la peau brune. Au départ, j'étais déconcertée et je n'arrêtais pas de leur rappeler que je venais d'Inde, pas du Pakistan.

Depuis trois générations, ma famille est atteinte de vitiligo, une maladie de l'épiderme qui se caractérise par l'apparition de taches blanches dues à un déficit en mélamine. Après avoir quitté l'Inde, j'ai commencé à avoir des taches blanches autour des yeux, sur la gorge et sur les mains.

Avoir la peau qui devient blanche paraissait tout à fait normal dans ma famille: ça venait d'arriver à mon père. Atteint de vitiligo universalis, à savoir une dépigmentation généralisée, il était devenu Blanc.

Maintenant que j'étais Blanche, je me fondais dans la masse, chose que je souhaitais depuis des années. Je n'avais plus à sourire partout où j'allais, histoire de mettre les gens à l'aise. Je pouvais être moi-même. Dans les magasins, les vendeurs devenaient accueillants, serviables, je pouvais tout leur demander. Je comprends mieux pourquoi certains Blancs n'arrivent pas à concevoir la discrimination.

J'ai pris conscience des formes de racisme plus insidieuses. La vendeuse qui me jetait un regard amical avant de lever les yeux au ciel d'un air complice quand la femme d'origine asiatique devant moi lui posait une question; le raciste du magasin de photo qui devait penser que son avis sur l'Indien qui garait sa voiture m'intéresserait.

Quand je fais du shopping avec ma sœur, qui a la peau brune, je suis constamment témoin de ce racisme. La différence de traitement qu'on nous réserve est très nette. Il y a quelques années, une femme l'a accusée de façon détournée d'avoir volé un foulard: ma sœur était la seule à avoir la peau sombre parmi tout un groupe de personnes en train de regarder les fichus. Après avoir retrouvé le foulard en question, la vendeuse ne s'est pas excusée. Je l'ai interpellée en lui demandant: "Est-ce que vous auriez posé cette question à quelqu'un d'autre ici?" Stupéfaite, elle s'est contentée de marmonner qu'elle manquait de personnel tandis que je lui disais d'y réfléchir à deux fois avant de porter des accusations sans fondement.

 
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