Au medef, les patrons ravis du one valls show

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«Moi j’aime l’entreprise !» : le cri du cœur du Premier ministre cet après-midi à l’université d’été du Medef à Jouy-en-Josas a définitivement fait chavirer en quelques minutes une salle d’emblée très favorablement disposée à l’égard de Manuel Valls. Le tonnerre d’applaudissements et les mines radieuses disaient bien ce qui, aux yeux des patrons, constituait l’essentiel d’un discours très attendu. «Non pas un catalogue de mesures à venir mais l’affirmation franche, claire et nette, expliquait l’un d’eux, que ce sont bien les entreprises qui créent les emplois et la richesse et qu’à ce titre absolument tout doit être fait pour les favoriser».

Elles ont été servies, au-delà même des espérances de certains pour lesquels «Valls a fait mieux que le job». Après un discours inaugural très offensif du président du Medef Pierre Gattaz lui aussi très applaudi, Manuel Valls avait déjà eu droit à une première standing ovation lors de sa montée à la tribune. «Je vous remercie de votre accueil, a-t-il dit, je ne doute pas que cela fera des commentaires». Rires dans la salle. Durant près d’une demi-heure, le Premier ministre a ensuite usé de tous les registres et de tous les tons pour dire à quel point les entreprises étaient bien le maillon essentiel pour relever la France aujourd’hui.



«RIEN À DIRE, IL EST MEILLEUR QUE LA DROITE»
Après avoir appelé à arrêter «d’opposer la gauche et les entreprises» et à un consensus des partenaires sociaux mais aussi des forces politiques en mettant fin«aux postures et jeux de rôles», Manuel Valls a multiplié les ôdes à l’entreprise et assuré qu’il ne «dévierait pas de son cap». Il a appelé les partenaires sociaux à aller plus loin dans leurs négociations en assurant qu’il s’empresserait de traduire leurs accords en textes de loi. Il a également rendu hommage aux forces vives des entreprises, les salariés, les patrons mais également, et c’est nouveau, aux actionnaires qui prennent des risques. Il a martelé que l’on vivait aujourd’hui «dans un monde globalisé, oui un monde globalisé» et expliqué qu’il était absurde de«parler de cadeaux aux patrons».«Il est très bon dans les figures imposées, glissait un jeune chef d’entreprise dans le numérique, rien à dire, il est meilleur que la droite». Mais lorsque le nom de François Hollande a été cité par Manuel Valls, celui-ci a eu droit à quelques sifflements et récriminations, tout comme lorsqu’il a assuré que «les élus en France connaissaient bien l’entreprise» et qu’à ce titre, il ne doutait pas de sa majorité.

Seul un chef d’entreprise, celui de l’assureur Axa, a eu droit à deux petites piques du Premier ministre. Cité deux fois, Henri de Castries, que Manuel Valls «connaît très bien» s’est fait gentiment tacler pour avoir dit dans Le Monde que «le pacte ne se traduit par aucun allégement» dans son entreprise. «Peut-être que les allégements de charges ne concernent pas les salaires chez Axa», a glissé Manuel Valls sous les rires, manière de suggérer qu’ils étaient trop élevés pour en bénéficier. Rebelote un peu plus tard, lorsqu’il a suggéré à Henri de Castries de prendre en compte le coût des écoles ou du logement lorsqu’il déclare que Londres est «souvent plus attractive que Paris» quand il s’agit pour Axa de développer de nouvelles activités.

Finalement, «et puisque l’on se dit tout avec franchise» comme n’avait cessé de le dire lui aussi Pierre Gattaz dans son discours, Manuel Valls n’aura adressé qu’un seul petit carton jaune aux patrons en leur demandant de «faire plus et plus vite» afin de traduire en acte le pacte de responsabilité dans les branches professionnelles. «Trop peu de branches ont commencé les négociations», a-t-il noté avant cependant d’embrayer sur l’empilement de conventions collectives, qu’il faut «simplifier».

«CE SERA BEAUCOUP PLUS COMPLIQUÉ À LA ROCHELLE»
A la sortie, les commentaires étaient quasi unanimes. «Il nous a dit qu’il nous aimait, c’est l’essentiel et c’est historique, affirmait l’un d’eux. Maintenant y’a plus qu’à.»«S’il fait ce qu’il a dit, c’est formidable, renchérissait un de ses collègues de la Sarthe. Ce coup-ci, on sent que la ligne ne déviera plus, le cap est fixé et il est sans retour pour Valls.»«C’est une déclaration de lucidité, pas une déclaration d’amour», a réagi lors d’une conférence de presse Pierre Gattaz pour lequel «il y aura peut-être un avant et un après ce discours ». Une opinion partagée par Denis Kessler, PDG du réassureur Scor et ancien numéro 2 du Medef dont il a créé ce rendez-vous de l’université d’été il y a quinze ans : «J’ai été extrêmement heureux d’entendre le Premier ministre dire ce que Tony Blair et Gerhard Schröder disaient déjà il y a quinze ans, à savoir que le progrès social est compatible avec le développement économique. Il est clair que pour lui et la partie de la gauche qui le suit, l’entreprise est aujourd’hui un objet dépolitisé, c’est historique en ce sens que cela augure de nouveaux rapports avec les notions d’Etat et de liberté».

«Après s’être fait applaudir au Medef, il va maintenant devoir convaincre à La Rochelle et là ce sera beaucoup plus compliqué», raillait un industriel de la région lyonnaise. «C’est sûr que maintenant, c’est sans retour pour Valls et Hollande, reconnaissait un autre, et objectivement, les chefs d’entreprise ont tout intérêt à les soutenir et les aider. Ça passe ou ca casse».
libération
 
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