Vendredi 2 octobre 2009, par Habibou Bangré (AFRIK.COM)
Les hommes battus choisissent souvent de taire leur calvaire afin de ne pas être rejetés par la société. Au Maroc, une association et une assistante sociale retraitée accompagnent ces victimes et tentent de briser le cycle de la violence. Une initiative pas toujours bien vue par les femmes.
Rabat, au début des années 80. Dans un tribunal, une épouse attaque son mari qui la battue. Lorsque le juge lui demande pourquoi il en est arrivé là, laccusé répond que sa femme lavait auparavant frappé à plusieurs reprises. Interloqué, le magistrat lance en substance : « Cest vous lhomme et vous vous êtes laissé battre par une femme !? ».
La réaction du juge, qui a condamné le mari indélicat, résume encore bien aujourdhui la perception des hommes battus dans la société marocaine. Ils font lobjet de quolibets, moqués et leur virilité est remise en question. Il faut dire que, par le passé, une femme qui venait à rosser son compagnon pouvait quasiment entrer dans lhistoire.
« Avant, les femmes ne pouvaient en aucun cas lever la main ou même la voix sur leur mari. On les frappait et elles restaient avec les gamins, surtout dans le Sud du pays. Et même quand elle portait plainte, on réprimandait lhomme et il repartait avec une simple amende », raconte Jamila Arsalane, assistante sociale à la retraite et militante associative.
Les Marocaines ne se laissent plus faire
Les temps ont changé. Bien que les acteurs sociaux estiment que les hommes victimes de violences conjugales sont infiniment moins nombreux comparé aux femmes, ils constatent néanmoins une tendance est à la hausse. Selon Jamila Arsalane, « cest un petit phénomène qui peut devenir un grand phénomène ». Les jeunes couples seraient particulièrement exposés. « La femme instruite jouit dune indépendance économique, poursuit lassistante sociale. Elle se dit quelle apporte autant que son mari à la maison, ce qui est capital dans les rapports de force. » Un rapport qui tend à pencher en faveur des femmes.
« Les hommes sont de plus ne plus au chômage. Par ailleurs, certaines femmes ninterprètent pas bien la Moudawana (le code de la famille, ndlr) et sen servent pour faire pression sur les hommes », relève Abdelfattah Bahjaji, président du Réseau marocain pour la défense des droits des hommes (RMDDH), créé le 29 février 2009. Une première du genre au royaume chérifien,
Conséquence : les Marocaines ne se laissent plus faire. Des hommes témoignent de leur expérience. « Au début de notre mariage, il mest arrivé de gifler ma femme croyant quelle nallait pas me la rendre, a confié Ali au quotidien Aujourdhui le Maroc. Et pourtant, elle men a rendu une des plus terribles. Je lai frappée et elle sest bien défendue. Têtu que je suis, je voulais aller au-delà des limites de ma nature dhomme. A chaque fois, cest elle qui remportait la bagarre. Chose qui a éveillé en moi une sorte de crainte. »
« Lhomme sera toujours coupable »
MHamed, lui, est marié à un « genre de garçon manqué » bien charpenté. Son calvaire a commencé la nuit du mariage. « Elle ma demandé de lui donner une véritable preuve damour. Je lui ai alors demandé ce que cétait. Elle voulait me donner une gifle. Jai accepté en me disant que la gifle dune femme nétait pas aussi terrible que celle dun homme. Et depuis, chaque fois que lon se fâche, elle me demande la même chose et jaccepte. Au fil des années, cest devenu comme une habitude », a raconté ce commerçant à Aujourdhui le Maroc.
Nombreux sont ceux qui ne ripostent pas comme sy était risqué leur congénère condamné à Rabat. Car lagresseur agressé pourrait aller trouver la police. Le danger est alors double. Dune part, « la société ne pardonnera jamais à un homme qui a battu sa femme mais, en plus, elle lui trouvera des circonstances atténuantes. Lhomme aura beau se justifier, il sera toujours coupable », indique Me Abderrahim Bouhmidi, avocat au barreau de Rabat. Dautre part, une confrontation avec les forces de lordre et une éventuelle plainte, cest le lourd secret de lhomme battu qui pourrait être rendu public... Une idée insupportable. Alors beaucoup, pétrifiés à lidée de perdre leurs enfants, se refusent à faire parler les poings. Et les rares qui décident dobtenir réparation nosent pas toujours aller jusquau bout.
« Je nai eu quun seul cas dhomme battu dans mon cabinet, explique Me Mourad Bekkouri, avocat au barreau de Rabat. Cet homme était tout le temps insulté et battu par sa femme, qui la même frappé une fois au visage avec un couteau. Chaque fois quil arrivait dans mon cabinet, il avait une cicatrice et, en colère, il me demandait dengager une procédure judiciaire. Et puis après il se rétractait. »
la suite :
http://www.afrik.com/article17617.html
Les hommes battus choisissent souvent de taire leur calvaire afin de ne pas être rejetés par la société. Au Maroc, une association et une assistante sociale retraitée accompagnent ces victimes et tentent de briser le cycle de la violence. Une initiative pas toujours bien vue par les femmes.
Rabat, au début des années 80. Dans un tribunal, une épouse attaque son mari qui la battue. Lorsque le juge lui demande pourquoi il en est arrivé là, laccusé répond que sa femme lavait auparavant frappé à plusieurs reprises. Interloqué, le magistrat lance en substance : « Cest vous lhomme et vous vous êtes laissé battre par une femme !? ».
La réaction du juge, qui a condamné le mari indélicat, résume encore bien aujourdhui la perception des hommes battus dans la société marocaine. Ils font lobjet de quolibets, moqués et leur virilité est remise en question. Il faut dire que, par le passé, une femme qui venait à rosser son compagnon pouvait quasiment entrer dans lhistoire.
« Avant, les femmes ne pouvaient en aucun cas lever la main ou même la voix sur leur mari. On les frappait et elles restaient avec les gamins, surtout dans le Sud du pays. Et même quand elle portait plainte, on réprimandait lhomme et il repartait avec une simple amende », raconte Jamila Arsalane, assistante sociale à la retraite et militante associative.
Les Marocaines ne se laissent plus faire
Les temps ont changé. Bien que les acteurs sociaux estiment que les hommes victimes de violences conjugales sont infiniment moins nombreux comparé aux femmes, ils constatent néanmoins une tendance est à la hausse. Selon Jamila Arsalane, « cest un petit phénomène qui peut devenir un grand phénomène ». Les jeunes couples seraient particulièrement exposés. « La femme instruite jouit dune indépendance économique, poursuit lassistante sociale. Elle se dit quelle apporte autant que son mari à la maison, ce qui est capital dans les rapports de force. » Un rapport qui tend à pencher en faveur des femmes.
« Les hommes sont de plus ne plus au chômage. Par ailleurs, certaines femmes ninterprètent pas bien la Moudawana (le code de la famille, ndlr) et sen servent pour faire pression sur les hommes », relève Abdelfattah Bahjaji, président du Réseau marocain pour la défense des droits des hommes (RMDDH), créé le 29 février 2009. Une première du genre au royaume chérifien,
Conséquence : les Marocaines ne se laissent plus faire. Des hommes témoignent de leur expérience. « Au début de notre mariage, il mest arrivé de gifler ma femme croyant quelle nallait pas me la rendre, a confié Ali au quotidien Aujourdhui le Maroc. Et pourtant, elle men a rendu une des plus terribles. Je lai frappée et elle sest bien défendue. Têtu que je suis, je voulais aller au-delà des limites de ma nature dhomme. A chaque fois, cest elle qui remportait la bagarre. Chose qui a éveillé en moi une sorte de crainte. »
« Lhomme sera toujours coupable »
MHamed, lui, est marié à un « genre de garçon manqué » bien charpenté. Son calvaire a commencé la nuit du mariage. « Elle ma demandé de lui donner une véritable preuve damour. Je lui ai alors demandé ce que cétait. Elle voulait me donner une gifle. Jai accepté en me disant que la gifle dune femme nétait pas aussi terrible que celle dun homme. Et depuis, chaque fois que lon se fâche, elle me demande la même chose et jaccepte. Au fil des années, cest devenu comme une habitude », a raconté ce commerçant à Aujourdhui le Maroc.
Nombreux sont ceux qui ne ripostent pas comme sy était risqué leur congénère condamné à Rabat. Car lagresseur agressé pourrait aller trouver la police. Le danger est alors double. Dune part, « la société ne pardonnera jamais à un homme qui a battu sa femme mais, en plus, elle lui trouvera des circonstances atténuantes. Lhomme aura beau se justifier, il sera toujours coupable », indique Me Abderrahim Bouhmidi, avocat au barreau de Rabat. Dautre part, une confrontation avec les forces de lordre et une éventuelle plainte, cest le lourd secret de lhomme battu qui pourrait être rendu public... Une idée insupportable. Alors beaucoup, pétrifiés à lidée de perdre leurs enfants, se refusent à faire parler les poings. Et les rares qui décident dobtenir réparation nosent pas toujours aller jusquau bout.
« Je nai eu quun seul cas dhomme battu dans mon cabinet, explique Me Mourad Bekkouri, avocat au barreau de Rabat. Cet homme était tout le temps insulté et battu par sa femme, qui la même frappé une fois au visage avec un couteau. Chaque fois quil arrivait dans mon cabinet, il avait une cicatrice et, en colère, il me demandait dengager une procédure judiciaire. Et puis après il se rétractait. »
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http://www.afrik.com/article17617.html