Autobiographie de Maxime Brunerie

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« "Oh ! Brunerie ! Facho ! On va t'faire la peau ! On va t'éclater ta petite gueule de nazi ! ****** ! Attends un peu qu'on te chope, bâtard !"
Je suis au centre de la cour de promenade, cernée de murs gris, pétrifié. Deux cents mecs, peut-être trois cents, toute la prison me semble-t-il, sont derrière les barreaux des cellules qui me surplombent. Je balaie du regard en levant les yeux, immobile. Vision dantesque que cette scène où je suis seul au monde contre cette meute hurlante, déchaînée, qui me balance pots de yaourt, conserves, bouteilles à la gueule sans que j'ébauche le moindre mouvement. Je suis déjà au-delà de la peur mais mon sang se glace. Seul au cœur de l'arène, unique gladiateur que ces centaines de poings surgis entre les barreaux prometttent à la mort. »

Le 14 juillet 2002, Maxime Brunerie est arrêté sur les Champs-Élysées. Il a tenté d'assassiner le président de la République puis de se suicider. Après sept ans et un jour de prison, il raconte son parcours. Examen de conscience et histoire d'une dérive intérieure, ce livre témoigne du jugement lucide et sans complaisance que l'auteur porte aujourd'hui sur son acte et sur les milieux d'extrême droite.
 
L'interview de Paris-Match est fascinante, en voici un extrait:

Racontez-nous cette journée.
Rasé, douché, je quitte le pavillon familial de Courcouronnes au petit matin, la .22 long rifle planquée dans l’étui à guitare de mon père. Le canon dépasse de quelques centimètres, alors je l’enveloppe d’un sac plastique. Je monte dans ma voiture dans un état second, complètement détaché. Arrivé sur les Champs-Elysées, je me poste là où il y a les badauds. Je n’avais fait aucun repérage... Noyé dans cette ambiance de kermesse patriotique, j’attends que le président passe à ma hauteur. Je sors mon arme, vise au mieux la tête de Jacques Chirac. Et je tire. J’entends juste un claquement sec. Je recharge ma carabine à la hâte et je la retourne contre moi. J’avais juste oublié un détail : il m’était impossible d’appuyer sur la détente, trop basse...

A quoi pensez-vous au moment où vous comprenez que vous avez raté votre cible et votre mort ?
Aux hurlements des enfants autour de moi. Aujourd’hui encore, ils ne cessent de me hanter.

Après votre arrestation, vous êtes transféré dans l’unité pour malades difficiles de Villejuif...
Je souffrais de “risques suicidaires élevés”, selon les termes administratifs. J’y suis resté du 15 juillet au 2 août, sous camisole chimique. C’était “Vol au-
dessus d’un nid de coucou”... On m’a traité en fou alors que j’étais désespéré.

Vous êtes ensuite transféré à la prison de la Santé, puis à Val-de-Reuil. Vous côtoyez les violeurs, les bourreaux d’enfants, les dealers... Comment faites-vous pour survivre ?
Je dissimule ma peur. Dès que quelqu’un arrive avec un air belliqueux, je me présente en tendant la main. Malgré mon étiquette de facho, je passe entre les gouttes. Peut-être s’attendaient-ils à voir une brute épaisse avec des croix gammées tatouées sur le corps... En prison, il y a une déformation terrifiante de la réalité : un type est fréquentable en fonction de son comportement au quotidien et non pas en fonction de ce qu’il a commis à l’extérieur.

A Val-de-Reuil, vous avez quand même été menacé par un détenu...
Oui, un type d’une cinquantaine d’années surnommé “le Gros” : 100 kilos de viande, 2 mètres de haut et 2 de QI. Un tueur en série biberonné à l’inceste et à la gnôle. Un pur produit de la France profonde et déjantée ! Il est arrivé de Fleury, où il avait dessoudé son codétenu à la fourchette. Allez savoir pourquoi, il était fan de Jacques Chirac. Dans son esprit tordu, le président et sa marionnette des “Guignols” ne faisaient qu’un. Un matin, lors de la promenade, il se plante devant moi et me chuchote : “Moi, j’aime bien Chirac. Et j’aime pas les gars qui l’aiment pas.” Le manège a duré des semaines. Sachant que j’étais le prochain macchabée sur sa liste, j’ai tout fait pour ne pas le croiser. Je dois mon salut à son transfert : l’administration a fini par s’apercevoir qu’elle avait expédié “le Gros” à Val-de-Reuil à la place d’un trafiquant de drogue qui portait le même nom. Encore une perle de la pénitentiaire !
http://www.parismatch.com/Actu-Matc...i-a-tente-d-assassiner-Jacques-Chirac-283515/
 
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Le mérite de la prison est qu’elle vous a rendu plus tolérant.
En effet. Je me suis lié à des gens avec qui je n’avais vraiment rien en commun. Alfa, par exemple. Un grand Black de cité arborant toute la panoplie de l’Olympique de Marseille, hiver comme été. Il ne me reprochait pas d’être fasciste mais d’avoir été supporter du PSG. On avait des discussions de mecs : le foot et les femmes.

Vous écrivez : “Un an dans une prison française, c’est douze mois de haine recuite qu’il faudra bien libérer une fois dehors.” Comment faites-vous pour ne pas exploser ?
J’essaie d’être heureux. Delphine, ma compagne, y contribue beaucoup. Et puis, je me suis trouvé de nouveaux centres d’intérêt : depuis septembre 2009, je fais partie d’une ligue d’improvisation théâtrale où je m’amuse comme un petit fou. J’ai aussi été dans un club de sport en pleine nature : randonnée, ski, escalade... Je m’aère la tête au maximum et ça marche !

Delphine-elle votre garde-fou ?
Elle est plus que ça. Si un jour elle n’est plus là, ce sera le vide abyssal...

Qui est Maxime Brunerie, maintenant ?
Un bosseur. Ayant obtenu en prison un diplôme d’assistant de gestion, j’ai d’abord travaillé un an à la direction des ressources humaines de la mairie de Courcouronnes. Depuis le début de l’année, je me suis mis à mon compte : j’ai monté une petite affaire d’achat et de vente de livres anciens et de collection, qui ne fonctionne pas trop mal. Le soir, je vais souvent au théâtre puis au restaurant avec Delphine. Le week-end, on s’échappe en Normandie.

Etes-vous toujours militant ?
Ah, non merci, j’ai déjà donné !

http://www.parismatch.com/Actu-Matc...i-a-tente-d-assassiner-Jacques-Chirac-283515/
 
Chose certaine c'est un facho, donc un crétin dès le départ....mais il l'est encore plus du fait qu'il n'avait aucune chance d'atteindre Chirac de sa position avec son calibre
 
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