Autrement : Les mutations du religieux : le règne de «la sainte ignorance» ?

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Casablanca d'antan
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Aux XIXème siècle, Karl Marx, Friedrich Nietzsche et Sigmund Freud, qui ont influencé toute la culture occidentale contemporaine et au-delà, avaient annoncé, chacun à sa manière, «la mort de Dieu» ou, en tout cas, la fin des religions considérées comme aliénantes : «l’opium du people».

S’ils revenaient aujourd’hui parmi nous, ces trois grands penseurs européens seraient certainement surpris. Le «religieux» n’a-t-il pas fait un retour en force dans la vie des hommes depuis au moins une trentaine d’années? Et n’est-ce pas la «modernité» qui est souvent accusée (dans les pays non-occidentaux surtout) d’être aliénante ou, au minimum, illusoire? Pourtant, la désacralisation du monde, ce qu’on appelle sa «sécularisation», reste un phénomène majeur qui touche de plus en plus de sociétés. Les nations occidentales hier majoritairement chrétiennes le sont de moins en moins, et elles se définissent davantage dans leur indépendance par rapport au religieux plutôt que par leur dépendance. N’y aurait-il donc pas coexistence de deux mouvements contradictoires: d’un côté un processus inéluctable de sécularisation, et de l’autre un «retour du religieux» qui serait à la fois protestation contre la modernité et une manière d’entrer dans cette modernité ?
Ce questionnement habite de nombreux chercheurs, philosophes, sociologues et politologues. Parmi eux, Olivier Roy, politologue français qui vient de publier un essai stimulant: «La sainte ignorance» avec en sous-titre: «Le temps de la religion sans culture». Pour lui, en effet, ce qui se produit dans le monde contemporain, ce n’est pas un «retour» du religieux comme celui-ci a pu fonctionner durant des siècles. Nous assistons, bien davantage, à des mutations du religieux, où le savoir traditionnel, la culture religieuse patiemment transmise et progressivement assimilée, cèdent la place à des expressions beaucoup plus «spontanées» qui relèvent de l’émotionnel plus que du raisonnable. Ainsi, le catholicisme et le protestantisme traditionnels «marquent le pas», ont du mal à rassembler et à garder les jeunes générations, tandis que les mouvements dits «charismatiques» ou «pentecôtistes» se développent sur tous les continents, emmènent dans leur sillage des groupes de population souvent en situation de marginalité, parmi lesquels beaucoup de jeunes. Dans le monde musulman, des formes de religiosité à la fois plus fondamentalistes et plus charismatiques, tendent également , et de plus en plus, à se gagner la préférence de nombreux croyants, au détriment de l’Islam traditionnel: salafisme, tabligh, néo-soufisme... Ce religieux là est très visible, mais il fonctionne de plus en plus en rupture avec les cultures particulières. De plus en plus, il fonctionne comme «du religieux pur». Une religion où la foi se satisfait facilement de l’ignorance, du manque de culture. «Pourquoi cela ? Peut-être parce que le fondamentalisme religieux est la forme la plus en phase avec le monde contemporain, au sens où il assume parfaitement les processus de déculturation-aliénation liées à la mondialisation : il fonctionne donc comme un absolu «sans territoire», complètement affranchi des particularités culturelles. Une religiosité qui épouse donc les développements du temps humain- mondialisation- pour mieux s’en éloigner. Qui l’eût cru ?


Le 27-10-2008
Par : Rachid Benzine
 
Il y a désenchetement en Occident, mais le religieux n'a pas pour autant disparu. Ses formes et modalités seules ont changé. Les études (en Belgique par exemple) montrent qu'il y a encore beaucoup de croyants. De gens qui pensent qu'il y a "quelque chose plutôt que rien". On est trés loin, il est vrai, de la conception du religieux qui existait il y a un demi-siècle encore. Mais l'idée de Dieu est encore présente dans les esprits, même chez les athées humanistes et spiritualistes.

Sinon, la référence?
 
Il y a désenchetement en Occident, mais le religieux n'a pas pour autant disparu. Ses formes et modalités seules ont changé. Les études (en Belgique par exemple) montrent qu'il y a encore beaucoup de croyants. De gens qui pensent qu'il y a "quelque chose plutôt que rien". On est trés loin, il est vrai, de la conception du religieux qui existait il y a un demi-siècle encore. Mais l'idée de Dieu est encore présente dans les esprits, même chez les athées humanistes et spiritualistes.

Sinon, la référence?
je dirais même que dans cet occident les religieux ont même changé certains discours politiques ex des evangelistes aux USA..les politiques adaptent de plus en plus leur discours dans ce sens et pour la France je pense que la visite du pape et le discours de Sarko ont été bien plus que révelateurs..le religieux a de plus en plus de poids
 
La technicisation du monde, qui est la contrepartie de sa désacralisation, a fait perdre leurs repères culturels, et religieux, à des millions de personnes. Plus nous dépendons de nos techniques, plus nous leur appartenons. Le traumatisme appelle la thaumaturgie.

Ce matin, j’ai entendu ces deux histoires à la radio. Une jeune femme marocaine, vivant en France, à l’européenne, est allée voir sa famille au Maroc. Pendant son séjour, elle est tombée en transe. Elle a été soignée avec les rites (Une gorgée d’eau où s’est diluée l’encre des versets du Coran ?) et tout va bien pour elle.

Un enfant congolais avait été pris comme enfant soldat et on l’avait forcé à tuer son père et sa mère. Réfugié en France, il n’avait plus aucun repère, aucune mémoire. Il était violent. Ceux qui le soignaient ne trouvaient aucune thérapie. Jusqu’au jour où, dans une église, il est tombé en transe. Depuis, il est calme.

Le psychiatre Tobie Nathan explique qu’il avait ainsi retrouvé un propriétaire. Nos repères sont nos propriétaires. Ainsi, des scientifiques restent croyants bien que leurs recherches les éloignent de la foi. Ce sont des privilégiés par rapport au jeune congolais. Plus on est arraché brutalement à ses propriétaires, plus la recherche de nouveaux propriétaires prend des formes, sinon brutales, du moins frénétiques.

Ainsi peut-on expliquer le succès des nouvelles formes de religiosité, caractérisées soit par le fondamentalisme, soit par l’effusion communautaire.
 
La technicisation du monde, qui est la contrepartie de sa désacralisation, a fait perdre leurs repères culturels, et religieux, à des millions de personnes. Plus nous dépendons de nos techniques, plus nous leur appartenons. Le traumatisme appelle la thaumaturgie.

Ce matin, j’ai entendu ces deux histoires à la radio. Une jeune femme marocaine, vivant en France, à l’européenne, est allée voir sa famille au Maroc. Pendant son séjour, elle est tombée en transe. Elle a été soignée avec les rites (Une gorgée d’eau où s’est diluée l’encre des versets du Coran ?) et tout va bien pour elle.

Un enfant congolais avait été pris comme enfant soldat et on l’avait forcé à tuer son père et sa mère. Réfugié en France, il n’avait plus aucun repère, aucune mémoire. Il était violent. Ceux qui le soignaient ne trouvaient aucune thérapie. Jusqu’au jour où, dans une église, il est tombé en transe. Depuis, il est calme.

Le psychiatre Tobie Nathan explique qu’il avait ainsi retrouvé un propriétaire. Nos repères sont nos propriétaires. Ainsi, des scientifiques restent croyants bien que leurs recherches les éloignent de la foi. Ce sont des privilégiés par rapport au jeune congolais. Plus on est arraché brutalement à ses propriétaires, plus la recherche de nouveaux propriétaires prend des formes, sinon brutales, du moins frénétiques.

Ainsi peut-on expliquer le succès des nouvelles formes de religiosité, caractérisées soit par le fondamentalisme, soit par l’effusion communautaire.
quoi que l'on dise nous avons tous besoin de repères dans la vie ça peut passer par la religion ou par une philosophie de vie appartenant à un groupe de personnes..
 
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