Aux exégètes d'obédience sinéarienne

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Ebion

Ça a l'air que je suis l'esclave da quebrada
VIB
Salut,

J'aimerais savoir sur quels critères et sur quels indices textuels vous vous basez pour décréter qu'un texte religieux doit être interprété au second degré... Ne peut-on concevoir qu'un texte religieux, même celui d'une religion encore en vie, ait été conçu pour être lu au premier degré? Qui a garanti que les textes religieux (monothéistes par exemple) devaient être exempts d'horreurs et d'absurdités, et contenir à la place des enseignements spirituels profonds?
 
Salam,

Les critères principaux sont la sagesse et la bonté du coeur, si le coeur du lecteur est malade alors la compréhension du texte ne lui sera pas accessible.
 
j'appelle ca , le culte de la contextualisation c'est a dire se forcer a contextualiser un texte religieux ou autre qui ne necessite peut etre pas cette attention particuliere .
Quand un texte est cense traverser les ages , il se doit d'etre universel et on ne doit pas toujours chercher à le comprendre en fonction de tel ou tel evenement sinon on ne s'en sort pas .
De plus le nombre de lectures possibles dependent du nombre de lecteurs .
Si on devait tous interprete un texte , il y aurait une multitude d'exegese .
 
Salam,

Les critères principaux sont la sagesse et la bonté du coeur, si le coeur du lecteur est malade alors la compréhension du texte ne lui sera pas accessible.

héhé!

je suis totalement en accord avec toi !

De toute façon, même des textes clairs sont parfois mal compris par plusieurs.
 
Salut,

J'aimerais savoir sur quels critères et sur quels indices textuels vous vous basez pour décréter qu'un texte religieux doit être interprété au second degré... Ne peut-on concevoir qu'un texte religieux, même celui d'une religion encore en vie, ait été conçu pour être lu au premier degré? Qui a garanti que les textes religieux (monothéistes par exemple) devaient être exempts d'horreurs et d'absurdités, et contenir à la place des enseignements spirituels profonds?

Ta question est très pertinente mais le titre laisse sous-entendre une personnalisation du débat. :(
 
j'appelle ca , le culte de la contextualisation c'est a dire se forcer a contextualiser un texte religieux ou autre qui ne necessite peut etre pas cette attention particuliere .
Quand un texte est cense traverser les ages , il se doit d'etre universel et on ne doit pas toujours chercher à le comprendre en fonction de tel ou tel evenement sinon on ne s'en sort pas .
De plus le nombre de lectures possibles dependent du nombre de lecteurs .
Si on devait tous interprete un texte , il y aurait une multitude d'exegese .

Je suis d'accord. La soi-disant contextualisation relève souvent davantage d'un mécanisme de défense et de la dissonance cognitive, que d'une analyse objective et rigoureuse des textes.
 
Salut,

J'aimerais savoir sur quels critères et sur quels indices textuels vous vous basez pour décréter qu'un texte religieux doit être interprété au second degré... Ne peut-on concevoir qu'un texte religieux, même celui d'une religion encore en vie, ait été conçu pour être lu au premier degré? Qui a garanti que les textes religieux (monothéistes par exemple) devaient être exempts d'horreurs et d'absurdités, et contenir à la place des enseignements spirituels profonds?

Salut,

Je suis très proche de la pensée de Sinéar, et je m'étais moi-même posé la question: la contextualisation et la mise en avant de la relativité des textes sacrés ne sont-elles pas des moyens d'adapter la religion à notre pensée du XXIe siècle et ainsi à dénaturer le véritable sens du Texte (ce qui rejoint ta possibilité de conception)?

Après réflexion, il me semble très clairement que non. Partons d'un principe de base: lorsqu'on veut analyser un événement, un mouvement, des idées, etc... Il faut le faire de mutliples points de vue: sous "toutes les coutures".

Ainsi, si par exemple nous voulons analyser la situation d'un pays (en difficulté ou non), on ne peut pas, si l'on veut avoir une vision plus lucide et plus fidèle à la réalité, l'observer sous un seul critère: économique OU éducatif OU social OU politique etc...

Il faut savoir prendre tous les paramètres en compte.

C'est la même chose pour les textes sacrés. Si on veut avoir une vision lucide, complète, élargie, approfondie et riche en sens et en fidélité, il faut exploiter au maximum ces paramètres.

Ceux qui suivent les textes à la lettre ne prennent que le texte. Alors qu'on pourrait alimenter notre réflexion sur:

- la géographie du texte
- l'époque du texte
- la situation politique du lieu/de l'époque du texte
- les différents protagonistes du texte (situation sociale, religion, richesse, éducation, etc)
- le style de vie au moment et au lieu de révélation du texte


Etc etc... On change une variable, c'est tout le Coran qui change. Un prophète en Amérique du Sud n'aurait jamais parlé d'Abraham, un prophète en France n'aurait jamais parlé d'Allat, un prophète du XXIe siècle n'aurait pas parlé de chameau et cheval, etc...


Le Texte se trouve donc à l'intersection de ces différentes variables et n'est intelligible que si on le rattache aux caractéristiques qui lui sont propres (lieu, époque, auditoire, politique, style de vie, entre autre).

Analyser un texte et en faire une source de législation à partir du texte seul, c'est avoir une vision pauvre et réductrice de ce dit texte.
 
à Naveen,

Je suis d'accord sur le principe de chercher le contexte historique, géographique et culturel d'un texte. Mais derrière bien des appels à la contextualisation se cache un relativisme implicite et politiquement correct. On cherche à relativiser les passages négatifs plutôt que les positifs, ceux-ci ayant supposément une valeur intemporelle évidente. On cherche à nous faire croire que les erreurs manifestes (historiques, scientifiques) et les manquements à l'éthique «étaient un produit de cette époque» et «une concession à l'esprit du temps» sans être conçus fondamentalement pour s'appliquer au-delà. Dans le pire des cas, on dira que l'auteur humain du texte peut avoir eu l'impression que son texte était à prendre au premier degré, mais que la divinité qui inspirait l'auteur savait quant à elle que le texte était à prendre au second degré.

Il me semble qu'un bon point de départ pour interpréter un texte religieux est de chercher dans des textes analogues des indices sur le sens que les Anciens donnaient à leurs textes. La Bible s'éclaire avec la mythologie babylonienne. Les sutras bouddhistes s'éclairent avec les upanishads et ainsi de suite. On peut extraire des principes métaphysiques profonds de la mythologie sumérienne, mais je ne suis pas sûr que les Sumériens les avaient clairement en tête quand ils ont conçu leurs mythes. Et puis la philosophie sumérienne, si on peut parler ainsi, était néanmoins entourée d'un très grand nombre de croyances folkloriques qu'on ne peut pas, sinon artificiellement, ignorer ou dévaluer.

Il faut aussi se méfier de la distinction entre textes morts et textes vivants (en ce sens que les derniers sont encore objet de croyance pour certaines personnes). Ce qui doit nous guider, ce n'est pas la réception contemporaine des textes, mais l'intention derrière leur rédaction à l'origine. Il y a un terrible préjugé à cet égard, qui voudrait que textes morts le soient justement pour leur manque de profondeur, tandis que les textes vivants se démarqueraient par la hauteur de leur philosophie. Une sorte de «sélection culturelle» en somme.

Il y a un peu de ça. Les propagateurs de nouvelles religions ont eu beau jeu de ridiculiser l'irrationalité des religions primitives. Mais ils l'ont fait en insistant sur quelques éléments particulièrement élevés de leur religion et en occultant ou en déguisant la propre irrationalité du reste. Je pense qu'un bouddhiste théravada, par exemple, trouverait absurde, si on le lui demandait, que des catholiques puissent manger du pain transformé de façon indétectable en corps du Christ. Les catholiques seraient-ils théophages? Comment croire que le pain subit une transformation aussi radicale sans laisser la moindre trace?
 
Je vois à peu près ce à quoi tu fais référence.

Je ne peux pas t'éclairer quant à la véritable volonté des nouveaux penseurs et analystes des textes, à savoir s'ils sont sincères dans leurs démarches où s'ils veulent couvrir ce qui leur paraît absurde/erroné.

Je n'ai fait que te proposer ma vision des chose.

Permet-moi de rebondir sur une de tes remarques concernant l'intention derrière le texte: c'est à mon humble avis, justement de ça dont on est en train de parler.

C'est dune certaine manière, se détacher de la lettre pour porter son attention sur la volonté primitive qui prend manifestation physique dans une injonction.

Le véritable défi consiste à atteindre la faculté de discernement du relatif et de l'absolu, du changeant de l'immuable. Il en est de même pour les lois dans l'évolution de nos sociétés séculaires: (pratiquement) toutes les lois sont les mêmes, mais c'est la mise en forme, l'application de la peine qui dépend du contexte historique/géographique.

Un exemple pour illustrer: le vol, l'adultère, le mensonge sont interdit dans la Torah et le Coran. Mais les lois ne sont pas les mêmes: on note une prépondérance de l'idée face au physique. Ces choses étaient interdites au temps de Moïse comme de Muhammad, et encore aujourd'hui et dans les temps à venir. Néanmoins, la peine encourue est différente. Et c'est cette distinction éternel/changeant que nous devons savoir prendre en compte et assimiler.
 
À partir du moment où l'ont considère que les textes religieux émane de Dieu, la tentation est grande pour les prendre au 1er degré. Autrement, toute une
gamme d'interprétations existe sans qu'il soit possible de toujours trancher sur leur sens véritable, symbolique ou concret. Il restera toujours un doute sur
plusieurs des versets. Les catholiques me semble t-il, sont les plus enclin,
- probablement par leur culture - à contextualiser et donc, à accepter plus
facilement le second degré.
 
A priori, je ne vois pas comment on peut trouver un équilibre, sinon par des choix totalement arbitraires, entre l'acceptation intégrale de préceptes religieux et leur rejet comme témoignages obsolètes d'une époque révolue. Il me semble que là on entre en plein dans le domaine du bricolage des croyances et de la religion à la carte.
 
Merci pour ce sujet Birdman !

Une telle déconstruction remettrait d'abord en cause l'idée très répandue selon laquelle les premières générations de musulmans, les "pieux anciens" (as-salaf as-sâlih), avaient une meilleure connaissance et une meilleure application des préceptes de l'islam. En effet, les premiers musulmans qui avaient en charge de mettre en application ce qu'ils comprenaient de l'islam ne pouvaient le faire que dans le cadre des systèmes cognitifs et sociaux à leur disposition. Leurs solutions étaient dictées par des impératifs qui ne sont plus les nôtres. S'y conformer aujourd'hui revient en définitive à couper le lien entre la religion et la vie.

Penser l'islam aujourd'hui c'est, par conséquent, démasquer le caractère trompeur de ces traditions qui prétendent refléter les volontés du Prophète sws, alors qu'elles ne sont, et ne peuvent être, que des représentations influencées, de bonne ou de mauvaise foi, par des facteurs historiques susceptibles d'être analysés par les méthodes des sciences humaines et sociales modernes. Nous osons affirmer qu'une nouvelle interprétation du Coran et des textes fondateurs est non seulement possible mais qu'elle est plus fidèle à l'esprit et à l'objectif ultime du message du Prophète sws.

Abdelmajid Charfi : http://www.lemonde.fr/savoirs-et-co...ernite-par-abdelmajid-charfi_965794_3328.html
 
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