La victoire de Barack Obama à la présidentielle américaine renvoie la France à ses propres limites: une classe politique où élus comme responsables de partis sont dans leur quasi-totalité blancs. Lire la suite l'article
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Avec une seule député noire élue en métropole, George Pau-Langevin, élue du XXème arrondissement de Paris, des sénateurs issus de l'immigration qui se comptent sur les doigts d'une seule main, trois ministres représentant les minorités, dont une seule noire, Rama Yade, le pouvoir en France ne reflète guère une population que son histoire coloniale a rendue diverse.
Après avoir aboli l'esclavage en 1848 et compté un président noir du Sénat dès 1962 -Gaston Monnerville- la France des Lumières parait désormais bien en retard par rapport aux Etats-Unis.
Le Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN) a demandé à être reçu mercredi à l'Elysée, dans l'espoir que la victoire de Barack Obama relance le débat sur la diversité en France. Le CRAN souhaite notamment "qu'une véritable politique d'action positive soit rapidement mise en oeuvre dans notre pays".
"Moi ce qui m'intéresse, c'est l'influence que cette élection va avoir dans le débat franco-français", a expliqué le président du CRAN Patrick Lozès sur lefigaro.fr, en espérant que l'élection de Barack Obama "réveille un peu la somnolence française".
Lors de la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy s'était prononcé en faveur d'une "affirmative action" à la française. Depuis, le débat a fait long feu, même si le nouveau président français a fait entrer trois ministres issus des minorités au gouvernement: la secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme Rama Yade, la secrétaire d'Etat à la Ville Fadela Amara et la ministre de la Justice Rachida Dati.
Pourtant, à en croire un sondage IFOP publié dans le "Journal du Dimanche" le week-end dernier, 80% des Français se disent prêts à voter pour un noir à l'Elysée et 72% pour un candidat d'origine asiatique. L'enthousiasme est nettement plus mesuré s'agissant d'un candidat d'origine maghrébine: 58% seraient prêts à voter pour lui.
Le "hic", c'est qu'il n'est pas certain qu'ils en aient bientôt la possibilité. Aux législatives de 2007, les candidats de la "diversité", quand ils existaient, ont été pour l'essentiel cantonnés dans les circonscriptions réputées ingagnables, au Parti socialiste comme à l'UMP.
"Quand on voit les Etats-Unis avec ses 641 maires noirs, ses quatre gouverneurs, (...) ses deux secrétaires d'Etat (...) ses 42 noirs députés à la Chambre des représentants (...) on se dit qu'il y a encore du travail", a regretté sur France Info Rama Yade, avouant se vivre comme "une exception un peu douloureuse" au gouvernement. En France, "il nous manque peut-être des partis moins conservateurs, y compris à l'UMP", a-t-elle estimé.
"Chacun doit faire un effort", a également concédé le patron des députés socialistes Jean-Marc Ayrault. "C'est un travail de longue haleine. Il ne faut pas que ce soit une affaire de quotas, il faut que ce soit une affaire de la société toute entière", a-t-il plaidé.
"Où en est le rêve français?", s'interrogeait de son côté Claude Bartolone dans un communiqué. "Au moment où le peuple américain (...) élit le premier président noir de son histoire, dans notre pays, (..) il demeure plus difficile d'accéder à l'emploi, au logement et même aux loisirs en raison de sa couleur de peau, du pays d'origine de ses parents ou de la consonance de son nom", déplore le député socialiste. Et "la France en est encore à pourchasser les sans-papiers, jusqu'aux portes de l'école de la République".
Avec un noir à la Maison Blanche, "tous les petits Français -blancs, noirs, juifs, arabes- (...) peuvent rêver aujourd'hui que, eux aussi peuvent devenir président de la République française", voulait quand même croire sur RTL l'ancien secrétaire d'Etat -noir- à l'Intégration (1991-1993) Kofi Yamgnane. "C'est la révolution par les urnes. C'est beau la démocratie". AP
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Pourtant, à en croire un sondage IFOP publié dans le "Journal du Dimanche" le week-end dernier, 80% des Français se disent prêts à voter pour un noir à l'Elysée et 72% pour un candidat d'origine asiatique. L'enthousiasme est nettement plus mesuré s'agissant d'un candidat d'origine maghrébine: 58% seraient prêts à voter pour lui.
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"Chacun doit faire un effort", a également concédé le patron des députés socialistes Jean-Marc Ayrault. "C'est un travail de longue haleine. Il ne faut pas que ce soit une affaire de quotas, il faut que ce soit une affaire de la société toute entière", a-t-il plaidé.
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