Iwisntmazirt
Le Maroc est amazigh
BARGHWATA
Un royaume amazigh (berbère) méconnu
Fatima MOUTAOUKIL
Parimazigh n°2
L'avènement des Barghwata sur la scène politique marocaine, vers le milieu du VIIIe siècle constitue un événement fort remarquable dans la mesure où leur royaume a résisté pendant plus de quatre siècles, en dépit des luttes continuelles qu'il a dû mener contre les attaques des puissances qui lui étaient contemporaines. En effet, et jusqu'au milieu du XIIe siècle, les Barghwata ont su sauvegarder leur souveraineté et leur indépendance.
Ils ont subi les attaques successives des Idrissides, des Fatimides, des Zirides, des Zanata et même des Almoravides. Toutes ces puissances ne seront parvenues à les anéantir. En effet, ce sont seulement les Almohades qui en viendront à bout. Il est regrettable que nous n'ayons que très peu de renseignements sur ce royaume amazigh original. En effet, nous n'avons pas de sources écrites exprimant le point de vue des Barghwata par rapport à leur histoire. Il est vraisemblable que toutes les archives qui les concernent ont été délibérément détruites pour faire passer sous silence l'existence d'un peuple qui dérangeait les idéologies arabo-islamiques qui avaient déjà atteint une grande ampleur au Maghreb.
Les sources historiques que nous possédons sont des sources largement postérieures aux Barghwata et qui sont d'ailleurs peu fiables, présentant souvent un contexte historique contradictoire et très confus. Selon l'étude de Talbi, ces sources représentent trois traditions. La première et la plus ancienne est attribuée à Ibn Hawqal, qui se trouvait à Sigilmassa vers 952, mais les renseignements qu'il a pu fournir sur les Barghwata ont été rédigés d'une manière hâtive, et souvent recueillis par l'intermédiaire d'autres personnes. Une autre tradition nous a été rapportée par un certain El Madhigi, dont on ne connaît ni l'identité, ni la position chronologique par rapport au royaume des Barghwata.
Néanmoins, la troisième tradition nous paraît plus intéressante. Elle nous parvient de Cordoue et son auteur est Abu Salih Zammur, le Grand Prieur des Barghwata, dépêché en ambassade par Abu Mansur Isa, le septième prince de la dynastie de ces derniers, auprès du calife cordouan, Al Mustanir, vers le milieu du Xesiècle. Cette tradition de Zammur est considérée comme la plus détaillée concernant les Barghwata. Elle a été rapportée par El Bakri, Ibn Idari et par Ibn Khaldun, bien que leurs interprétation comportent parfois des divergences de points de vue.
En fait, les Barghwata n'étaient au départ qu'une confédération de tribus, avec comme chef, Tarif, qui était semble-t-il originaire de Salé et de confession juive. Ils avaient participé aux combats de Maysara contre l'autorité arabe, après avoir adopté le schisme kharijiste, qui était la seule doctrine musulmane préconisant un égalitarisme total, et cette confédération tribale, en se ralliant à la cause kharijiste, voulait aussi manifester son indépendance vis-à-vis d'un pouvoir central arabe qui refusait d'en reconnaître un peuple fondamentalement autochtone. Mais après la défaite des Kharijistes dans la bataille de Kairouan en 741, les Barghwata se sont réfugiés dans le Tamesna (les plaines atlantiques entre Salé et Azemmur), où ils ont fondé leur dynastie. Ils ne constituent pas un groupe ethnique homogène, et Ibn Hawqal ainsi qu'Ibn Khaldun par la suite considèrent qu'ils font partie de la grande tribu de Masmuda.
Mais certains historiens pensent que le terme Barghwata n'est qu'une déformation phonétique du terme Barbati, un nom que portait Tarif, car il semblerait que ce dernier est originaire de la région de Rio de Barbate, en Espagne. Il est donc possible que les Banu Tarif aient adopté le terme Barghwata comme dérivation de Barbati, le fondateur de leur royaume, pour désigner leur nouvelle religion. Ce nom ne renvoie pas uniquement à une confédération tribale, ou à un royaume, il incarne surtout une secte religieuse, regroupant plusieurs tribus, adeptes d'une même confession.
La particularité curieuse de cette religion réside dans ce fait que les Barghwata ont cherché à travers leur doctrine une berbérisation radicale de l'Islam, en lui attribuant un aspect fondamentalement local. Ed. Michaux-Bellaire parle alors de cette berbérisation comme l'exemple « le plus frappant de la tendance des berbères à tout nationaliser à leur profit ».
Un royaume amazigh (berbère) méconnu
Fatima MOUTAOUKIL
Parimazigh n°2
L'avènement des Barghwata sur la scène politique marocaine, vers le milieu du VIIIe siècle constitue un événement fort remarquable dans la mesure où leur royaume a résisté pendant plus de quatre siècles, en dépit des luttes continuelles qu'il a dû mener contre les attaques des puissances qui lui étaient contemporaines. En effet, et jusqu'au milieu du XIIe siècle, les Barghwata ont su sauvegarder leur souveraineté et leur indépendance.
Ils ont subi les attaques successives des Idrissides, des Fatimides, des Zirides, des Zanata et même des Almoravides. Toutes ces puissances ne seront parvenues à les anéantir. En effet, ce sont seulement les Almohades qui en viendront à bout. Il est regrettable que nous n'ayons que très peu de renseignements sur ce royaume amazigh original. En effet, nous n'avons pas de sources écrites exprimant le point de vue des Barghwata par rapport à leur histoire. Il est vraisemblable que toutes les archives qui les concernent ont été délibérément détruites pour faire passer sous silence l'existence d'un peuple qui dérangeait les idéologies arabo-islamiques qui avaient déjà atteint une grande ampleur au Maghreb.
Les sources historiques que nous possédons sont des sources largement postérieures aux Barghwata et qui sont d'ailleurs peu fiables, présentant souvent un contexte historique contradictoire et très confus. Selon l'étude de Talbi, ces sources représentent trois traditions. La première et la plus ancienne est attribuée à Ibn Hawqal, qui se trouvait à Sigilmassa vers 952, mais les renseignements qu'il a pu fournir sur les Barghwata ont été rédigés d'une manière hâtive, et souvent recueillis par l'intermédiaire d'autres personnes. Une autre tradition nous a été rapportée par un certain El Madhigi, dont on ne connaît ni l'identité, ni la position chronologique par rapport au royaume des Barghwata.
Néanmoins, la troisième tradition nous paraît plus intéressante. Elle nous parvient de Cordoue et son auteur est Abu Salih Zammur, le Grand Prieur des Barghwata, dépêché en ambassade par Abu Mansur Isa, le septième prince de la dynastie de ces derniers, auprès du calife cordouan, Al Mustanir, vers le milieu du Xesiècle. Cette tradition de Zammur est considérée comme la plus détaillée concernant les Barghwata. Elle a été rapportée par El Bakri, Ibn Idari et par Ibn Khaldun, bien que leurs interprétation comportent parfois des divergences de points de vue.
En fait, les Barghwata n'étaient au départ qu'une confédération de tribus, avec comme chef, Tarif, qui était semble-t-il originaire de Salé et de confession juive. Ils avaient participé aux combats de Maysara contre l'autorité arabe, après avoir adopté le schisme kharijiste, qui était la seule doctrine musulmane préconisant un égalitarisme total, et cette confédération tribale, en se ralliant à la cause kharijiste, voulait aussi manifester son indépendance vis-à-vis d'un pouvoir central arabe qui refusait d'en reconnaître un peuple fondamentalement autochtone. Mais après la défaite des Kharijistes dans la bataille de Kairouan en 741, les Barghwata se sont réfugiés dans le Tamesna (les plaines atlantiques entre Salé et Azemmur), où ils ont fondé leur dynastie. Ils ne constituent pas un groupe ethnique homogène, et Ibn Hawqal ainsi qu'Ibn Khaldun par la suite considèrent qu'ils font partie de la grande tribu de Masmuda.
Mais certains historiens pensent que le terme Barghwata n'est qu'une déformation phonétique du terme Barbati, un nom que portait Tarif, car il semblerait que ce dernier est originaire de la région de Rio de Barbate, en Espagne. Il est donc possible que les Banu Tarif aient adopté le terme Barghwata comme dérivation de Barbati, le fondateur de leur royaume, pour désigner leur nouvelle religion. Ce nom ne renvoie pas uniquement à une confédération tribale, ou à un royaume, il incarne surtout une secte religieuse, regroupant plusieurs tribus, adeptes d'une même confession.
La particularité curieuse de cette religion réside dans ce fait que les Barghwata ont cherché à travers leur doctrine une berbérisation radicale de l'Islam, en lui attribuant un aspect fondamentalement local. Ed. Michaux-Bellaire parle alors de cette berbérisation comme l'exemple « le plus frappant de la tendance des berbères à tout nationaliser à leur profit ».