Ses excuses n'y auront rien fait. Tête baissée, le plus grand escroc de Wall Street Bernard Madoff écoute la sentence. Il est condamné à 150 ans de prison par la justice américaine. "Le message doit être clair que les crimes commis par Monsieur Madoff sont extraordinairement malveillants et que ce genre de manipulation du système n'est pas un crime qui se produit simplement sur papier, mais qui au contraire a pris des proportions édifiantes", a commenté le juge. Le ministère public avait réclamé cette peine contre le financier âgé de 71 ans. L'avocat de Bernard Madoff, lui, avait demandé l'indulgence : une peine de 12 ans de prison seulement, un peu moins des "13 ans qui lui restent à vivre", selon les statistiques américaines d'espérance de vie. L'ancienne coqueluche des milieux financiers, qui a jonglé pendant trente ans avec les milliards de dollars confiés par des banques ou des organisations caritatives, avait plaidé coupable le 12 mars des 11 chefs d'inculpation, dont fraude, parjure, blanchiment d'argent et vol.
Arrivé lundi matin au tribunal, il est resté impassible devant le juge et a brièvement demandé pardon aux victimes présentes dans la salle. "Je devrai vivre avec cette douleur le reste de ma vie (...). Je demande pardon à mes victimes. Je suis désolé", a-t-il déclaré, avant d'ajouter : "Je laisse un héritage de honte à ma famille." Dans un communiqué, sa femme Ruth Madoff s'est dite "trahie" par "l'homme qui a commis cette fraude horrible", qui "n'est pas l'homme que j'ai connu pendant toutes ces années". Neuf anciens clients de Madoff ont pris la parole pour témoigner de leur faillite personnelle et réclamer la peine maximale. "Qu'il reste en cage derrière des barreaux !", a lancé une femme en pleurs, tandis qu'une autre victime a souhaité "que sa cellule de prison devienne son cercueil". De son côté, le juge Chin a déclaré ne pas avoir reçu une seule lettre de proches témoignant en faveur de Madoff, y voyant un signe "révélateur".
Dix jours pour faire appel
L'affaire avait éclaté le 11 décembre dernier. En fin d'après-midi, un communiqué laconique des autorités annonçait l'arrestation d'un courtier célèbre, pdg de l'entreprise Bernard Madoff Investment Securities (BMIS). L'homme, un millionnaire vénéré au sein de la haute société, avait réuni ses deux fils la veille, et leur avait déclaré qu'il "n'avait plus rien et avait perdu environ 50 milliards de dollars", selon le document du tribunal. Assigné à résidence, l'ancien roi de Wall Street a pu suivre la découverte de l'ampleur du désastre : ses clients étaient partout, de la banque Santander en Espagne à la Fondation Elie Wiesel aux États-Unis, des vedettes de Hollywood aux retraités qui lui avaient confié leurs économies.
Au total, selon les enquêteurs, 13 milliards de dollars lui ont été confiés. Les chiffres de 50 à 65 milliards se réfèrent aux gains qu'auraient engendrés ces sommes si les intérêts avaient été réels. Mais le financier a avoué n'avoir jamais investi un centime des sommes qu'il avait en portefeuille. Il avait monté un "schéma de Ponzi" - nom d'un de ses prédécesseurs des années 1920 -, une cavalerie financière qui consistait à rémunérer les investisseurs avec l'argent déposé par de nouveaux clients. Le système a fonctionné jusqu'au jour où les demandes de retrait ont explosé avec la crise de l'automne 2008, et où il n'a plus été capable de faire face.
Madoff, qui était incarcéré depuis mars, dispose de 10 jours pour faire appel de sa condamnation qui le destine à finir sa vie derrière des barreaux. Le porte-parole de la Maison-Blanche Robert Gibbs a vu dans ce verdict "un signal très fort à quiconque investit l'argent des autres, de sa responsabilité qu'il a envers ces investisseurs et ce pays". Avec une peine aussi lourde, les conditions de sa détention, entre un régime aménagé - comme d'autres cols blancs - ou le partage d'une cellule avec les criminels les plus violents, devront être tranchées par le Bureau des prisons. Après le volet pénal, d'autres instances, civiles, attendent Bernard Madoff. Et l'audience ne permettra pas de connaître les montants à restituer : la justice se dit incapable de les chiffrer, et les procureurs ont demandé un délai de trois mois, au terme duquel "la Cour ordonnera la restitution (de l'argent) ou décidera que la restitution est impossible". Dans un "ordre de confiscation préalable", le juge Denny Chin a écrit que Bernard Madoff "est passible d'une amende personnelle de 170 milliards de dollars, somme représentant le produit qu'il a obtenu par les délits" qui lui sont reprochés.
http://www.lepoint.fr/actualites-ec...adoff-ecope-de-150-ans-de-prison/916/0/356842
Arrivé lundi matin au tribunal, il est resté impassible devant le juge et a brièvement demandé pardon aux victimes présentes dans la salle. "Je devrai vivre avec cette douleur le reste de ma vie (...). Je demande pardon à mes victimes. Je suis désolé", a-t-il déclaré, avant d'ajouter : "Je laisse un héritage de honte à ma famille." Dans un communiqué, sa femme Ruth Madoff s'est dite "trahie" par "l'homme qui a commis cette fraude horrible", qui "n'est pas l'homme que j'ai connu pendant toutes ces années". Neuf anciens clients de Madoff ont pris la parole pour témoigner de leur faillite personnelle et réclamer la peine maximale. "Qu'il reste en cage derrière des barreaux !", a lancé une femme en pleurs, tandis qu'une autre victime a souhaité "que sa cellule de prison devienne son cercueil". De son côté, le juge Chin a déclaré ne pas avoir reçu une seule lettre de proches témoignant en faveur de Madoff, y voyant un signe "révélateur".
Dix jours pour faire appel
L'affaire avait éclaté le 11 décembre dernier. En fin d'après-midi, un communiqué laconique des autorités annonçait l'arrestation d'un courtier célèbre, pdg de l'entreprise Bernard Madoff Investment Securities (BMIS). L'homme, un millionnaire vénéré au sein de la haute société, avait réuni ses deux fils la veille, et leur avait déclaré qu'il "n'avait plus rien et avait perdu environ 50 milliards de dollars", selon le document du tribunal. Assigné à résidence, l'ancien roi de Wall Street a pu suivre la découverte de l'ampleur du désastre : ses clients étaient partout, de la banque Santander en Espagne à la Fondation Elie Wiesel aux États-Unis, des vedettes de Hollywood aux retraités qui lui avaient confié leurs économies.
Au total, selon les enquêteurs, 13 milliards de dollars lui ont été confiés. Les chiffres de 50 à 65 milliards se réfèrent aux gains qu'auraient engendrés ces sommes si les intérêts avaient été réels. Mais le financier a avoué n'avoir jamais investi un centime des sommes qu'il avait en portefeuille. Il avait monté un "schéma de Ponzi" - nom d'un de ses prédécesseurs des années 1920 -, une cavalerie financière qui consistait à rémunérer les investisseurs avec l'argent déposé par de nouveaux clients. Le système a fonctionné jusqu'au jour où les demandes de retrait ont explosé avec la crise de l'automne 2008, et où il n'a plus été capable de faire face.
Madoff, qui était incarcéré depuis mars, dispose de 10 jours pour faire appel de sa condamnation qui le destine à finir sa vie derrière des barreaux. Le porte-parole de la Maison-Blanche Robert Gibbs a vu dans ce verdict "un signal très fort à quiconque investit l'argent des autres, de sa responsabilité qu'il a envers ces investisseurs et ce pays". Avec une peine aussi lourde, les conditions de sa détention, entre un régime aménagé - comme d'autres cols blancs - ou le partage d'une cellule avec les criminels les plus violents, devront être tranchées par le Bureau des prisons. Après le volet pénal, d'autres instances, civiles, attendent Bernard Madoff. Et l'audience ne permettra pas de connaître les montants à restituer : la justice se dit incapable de les chiffrer, et les procureurs ont demandé un délai de trois mois, au terme duquel "la Cour ordonnera la restitution (de l'argent) ou décidera que la restitution est impossible". Dans un "ordre de confiscation préalable", le juge Denny Chin a écrit que Bernard Madoff "est passible d'une amende personnelle de 170 milliards de dollars, somme représentant le produit qu'il a obtenu par les délits" qui lui sont reprochés.
http://www.lepoint.fr/actualites-ec...adoff-ecope-de-150-ans-de-prison/916/0/356842