Biennale de Venise, The black Arch: la Kaaba revisitée

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Date limite de consommation : 26/01/2033
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C’est le roi Fahd qui a souhaité voir son pays, l'Arabie Saoudite, participer à la Biennale de Venise. Comme s’il avait compris, en voyant le succès des opérations culturelles organisées par ses voisins du Golfe, que la mise en avant d’un art contemporain saoudien permettrait de changer l’image de son royaume, considéré par beaucoup d’Arabes et d’Occidentaux comme l’un des fiefs de l’obscurantisme. Choisir un artiste pour représenter le pays ? Rien de plus facile. Ces derniers, formés aux Etats-Unis ou en Angleterre comme beaucoup de jeunes Saoudiens, ne manquent pas. Parmi eux, on trouve de nombreuses femmes, parfois même issues de la famille royale comme la princesse photographe Reem Al Fayçal, la première à avoir exposé ses photos, en Arabie Saoudite comme à l’étranger.

Trop lisse

Ici, ce sont deux sœurs, Shadia et Raja Alem qui ont été désignées pour représenter leur contrée. Elles ont imaginé une structure noire (d’où le nom de l’œuvre, The Black Arch) qui renvoie à la Kaaba - monument autour duquel les musulmans du monde entier tournent sept fois pendant le pèlerinage de La Mecque. Mais dès que l'on se met face à l’objet, il devient coquille d'huître regorgeant de dizaines de grosses perles en acier dont le reflet dessine des vaguelettes au sol, alors que résonne un chant arabe, le bruit de l’eau ou celui du vent sur le sable. C’est beau. Remarquablement réalisé. Très lisse aussi. Trop peut-être.


A quelques pas de là, le pavillon des Emirats arabes unis réunit trois artistes. La première, Lateefa Bint Maktoum, a composé des photos digitales dans lesquelles le territoire des animaux de la région (qu’il s’agisse de gazelles ou de flamands roses), est peu à peu grignoté par la ville qui s’étend. Reem Al Ghaith, la seconde, a imaginé une installation figurant un chantier où tout n’est que débris. L’installation du troisième, Abdullah al Saadi, évoque à travers des galets, des pièces d'argile rangées dans des caisses en fer, le résultat de fouilles archéologiques emballées pour laisser place à la construction de bâtiments.
Avec trois fois rien, ces artistes signent un pavillon beaucoup plus subversif qu’il n’y paraît pour dénoncer une urbanisation forcenée, synonyme de destruction, pourtant vantée par les autorités locales (qui financent le pavillon) comme le nec plus ultra de la modernité.

Yasmine Youssi


A voir : The Black Arch et Second time around, à l'Arsenale, jusqu'au 27 novembre.

The Black Arch en vidéo

Venice Biennale 2011 - Saudi-Arabian Pavilion on Vimeo
 

Pièces jointes

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