Ce samedi (06/02/2010), près de 130 personnes ont assisté à un débat organisé par Agraw NArif (Regroupement Démocratique du Rif) à lEspace Mrax à Bruxelles à propos de « lavenir du Rif : autonomie ou régionalisation ?« . Le Rif (Arrif en langue berbère qui signifie « rivage » ou « bord ») est la région montagneuse située au nord du Maroc.
La conférence, modérée par Saïd Amrani, a débuté par un exposé comparatif du chercheur Thibaud Wyngaard (ULB) détaillant les différentes étapes de la transformation institutionnelle du Royaume de Belgique dun État unitaire en un État fédéral tout en détaillant le système belge de répartition des compétences. Concernant le Royaume du Maroc, deux points de vue ont été présentés : celui du docteur Abdel Ouhab Tadmouri qui prône une régionalisation « à la belge » face à la proposition de Slimane Bengarbi, membre de la « plate-forme pour lautonomie du Rif« , qui défend un projet dautonomie du « Grand Rif« .
Laxe Fes-Casa-Rabat
« Avant la période de colonisation hispano-française, le Maroc na jamais été gouverné de manière centralisée, cest un héritage établi conformément aux accords dAix-les-Bains, pendant la période coloniale. Ceux qui ont hérité du pouvoir ne représentent quune fraction du Mouvement de Libération Nationale issue de la région qui se détermine selon laxe Fes-Casa-Rabat. Ce sont les élites politiques et économiques de cette région qui dominent aujourdhui le Maroc« , a expliqué Abdel Ouhab Tadmouri. Daprès ce médecin de formation, le discours politique du pouvoir central sur le concept de régionalisation existe depuis 1960 mais ce nest quune ruse ou une manoeuvre visant essentiellement à calmer les mouvements populaires et éviter la répétition dévénements tels que ceux qua connu le Rif en 1958-59. « Quand on parle de décentralisation au Maroc, il faut en réalité entendre recentralisation, redécoupage arbitraire, redécoupage sécuritaire et non processus de démocratisation. Le Maroc, actuellement, est beaucoup plus un État totalitaire qui ne dispose pas dopposition politique et dont le programme est en fait celui du roi. Tout le monde cherche lamitié du roi« .
La milice du hizb Istiqlal
Pour réformer le Maroc, le docteur Tadmouri propose la création dun « État régional« qui sétendrait sur 400 kilomètres de côtes, tant sur lAtlantique que sur la méditerranée et reposant sur deux pôles économico-industriels : les ports de Tanger et Nador. Sur le plan des ressources humaines, il tient à préciser, en fin dintervention, que « sur les 3.500.000 immigrés à létranger et surtout en Europe, 2.500.000 sont issus de la région Nord du Grand Rif« . A ce titre, « il serait opportun de rappeler que cette région est reconnue depuis 1921 (gouvernement du Rif) et que la nature du soulèvement populaire des années 1957, 58, 59, était déjà fondée sur des principes dautodétermination du peuple Rif. Il sen est suivi, comme vous le savez, des massacres et la mise à feu et à sang de la région. Cette répression féroce fut menée dabord par la milice du hizb Istiqlal et ensuite intensifiée par le prince héritier de lépoque, le défunt roi Hassan II« .
Le pouvoir du makhzen
Dans un registre plus axé sur la spécificité culturelle du Rif incluant lenclave espagnole de Melilla, Slimane Bengarbi a présenté en langue tamazight les grandes lignes du projet dautonomie du Rif. Une autonomie qui, daprès lui, serait mise à mal par « de faux procès dintention érigés par le pouvoir makhzenien [l'appareil étatique marocain] qui nous accuse de séparatisme quand notre identité rifaine sexprime et saffirme« . Cest pourquoi, le militant dénonce les « prétendues ouvertures » évoquées actuellement dans les autorités marocaines notamment en matière de promotion de la culture amazigh.
Ainsi, Slimane Belgarbi invite « tous les rifains du Nord du Maroc et dEurope » à repenser lavenir de leur région, sur plan culturel, politique et économique.
Il déplore aussi labsence de mobilisation populaire quil explique par la peur de lÉtat central ou du makhzen. « La peur est une monnaie courante que le régime utilise pour freiner toute initiative citoyenne qui revendiquerait lautonomie du Rif. Nous sommes traumatisés par linfluence négative du makhzen, on nous disait que quiconque oserait sexprimer, risquerait de subir la torture comme sasseoir sur une bouteille« . Le militant rifain critique lampleur de cette « paralysie » politique jusquau au sein de la communauté rifaine en Europe, une communauté qui sabstiendrait de simpliquer plus sérieusement dans les débats qui la concernent. « La communauté est manipulée par certaines organisations qui poussent la jeunesse à se faire exploser pour satisfaire des causes nayant rien à voir avec les intérêts du peuple Rif ». « Nous ne sommes pas Arabes, nous sommes des musulmans rifains« , conclut-il.
(PARLEMENTO INDEPENDENT NEWS AGENCY)
http://parlemento.wordpress.com/2010/02/10/bruxelles-debat-de-lavenir-du-rif-maroc/
La conférence, modérée par Saïd Amrani, a débuté par un exposé comparatif du chercheur Thibaud Wyngaard (ULB) détaillant les différentes étapes de la transformation institutionnelle du Royaume de Belgique dun État unitaire en un État fédéral tout en détaillant le système belge de répartition des compétences. Concernant le Royaume du Maroc, deux points de vue ont été présentés : celui du docteur Abdel Ouhab Tadmouri qui prône une régionalisation « à la belge » face à la proposition de Slimane Bengarbi, membre de la « plate-forme pour lautonomie du Rif« , qui défend un projet dautonomie du « Grand Rif« .
Laxe Fes-Casa-Rabat
« Avant la période de colonisation hispano-française, le Maroc na jamais été gouverné de manière centralisée, cest un héritage établi conformément aux accords dAix-les-Bains, pendant la période coloniale. Ceux qui ont hérité du pouvoir ne représentent quune fraction du Mouvement de Libération Nationale issue de la région qui se détermine selon laxe Fes-Casa-Rabat. Ce sont les élites politiques et économiques de cette région qui dominent aujourdhui le Maroc« , a expliqué Abdel Ouhab Tadmouri. Daprès ce médecin de formation, le discours politique du pouvoir central sur le concept de régionalisation existe depuis 1960 mais ce nest quune ruse ou une manoeuvre visant essentiellement à calmer les mouvements populaires et éviter la répétition dévénements tels que ceux qua connu le Rif en 1958-59. « Quand on parle de décentralisation au Maroc, il faut en réalité entendre recentralisation, redécoupage arbitraire, redécoupage sécuritaire et non processus de démocratisation. Le Maroc, actuellement, est beaucoup plus un État totalitaire qui ne dispose pas dopposition politique et dont le programme est en fait celui du roi. Tout le monde cherche lamitié du roi« .
La milice du hizb Istiqlal
Pour réformer le Maroc, le docteur Tadmouri propose la création dun « État régional« qui sétendrait sur 400 kilomètres de côtes, tant sur lAtlantique que sur la méditerranée et reposant sur deux pôles économico-industriels : les ports de Tanger et Nador. Sur le plan des ressources humaines, il tient à préciser, en fin dintervention, que « sur les 3.500.000 immigrés à létranger et surtout en Europe, 2.500.000 sont issus de la région Nord du Grand Rif« . A ce titre, « il serait opportun de rappeler que cette région est reconnue depuis 1921 (gouvernement du Rif) et que la nature du soulèvement populaire des années 1957, 58, 59, était déjà fondée sur des principes dautodétermination du peuple Rif. Il sen est suivi, comme vous le savez, des massacres et la mise à feu et à sang de la région. Cette répression féroce fut menée dabord par la milice du hizb Istiqlal et ensuite intensifiée par le prince héritier de lépoque, le défunt roi Hassan II« .
Le pouvoir du makhzen
Dans un registre plus axé sur la spécificité culturelle du Rif incluant lenclave espagnole de Melilla, Slimane Bengarbi a présenté en langue tamazight les grandes lignes du projet dautonomie du Rif. Une autonomie qui, daprès lui, serait mise à mal par « de faux procès dintention érigés par le pouvoir makhzenien [l'appareil étatique marocain] qui nous accuse de séparatisme quand notre identité rifaine sexprime et saffirme« . Cest pourquoi, le militant dénonce les « prétendues ouvertures » évoquées actuellement dans les autorités marocaines notamment en matière de promotion de la culture amazigh.
Ainsi, Slimane Belgarbi invite « tous les rifains du Nord du Maroc et dEurope » à repenser lavenir de leur région, sur plan culturel, politique et économique.
Il déplore aussi labsence de mobilisation populaire quil explique par la peur de lÉtat central ou du makhzen. « La peur est une monnaie courante que le régime utilise pour freiner toute initiative citoyenne qui revendiquerait lautonomie du Rif. Nous sommes traumatisés par linfluence négative du makhzen, on nous disait que quiconque oserait sexprimer, risquerait de subir la torture comme sasseoir sur une bouteille« . Le militant rifain critique lampleur de cette « paralysie » politique jusquau au sein de la communauté rifaine en Europe, une communauté qui sabstiendrait de simpliquer plus sérieusement dans les débats qui la concernent. « La communauté est manipulée par certaines organisations qui poussent la jeunesse à se faire exploser pour satisfaire des causes nayant rien à voir avec les intérêts du peuple Rif ». « Nous ne sommes pas Arabes, nous sommes des musulmans rifains« , conclut-il.
(PARLEMENTO INDEPENDENT NEWS AGENCY)
http://parlemento.wordpress.com/2010/02/10/bruxelles-debat-de-lavenir-du-rif-maroc/