Une dose massive du virus de la rougeole a guéri une malade du cancer. Une "victoire" se réjouit Franck Dufour, de la fondation ARC pour la recherche sur le cancer.
Aux Etats-Unis, une patiente a guéri d'un cancer métastasé de la moelle osseuse, un des plus difficiles à soigner.
C'est une première dans l'histoire de la médecine : une femme de 49 ans souffrant d'un cancer de la moelle osseuse a bénéficié d'une rémission durable après l'injection d'une dose massive de virus génétiquement modifié de la rougeole.
Un virus capable de cibler les cellules cancéreuses et de les anéantir.
La malade n'a aucune trace de cancer depuis plus de six mois. Une autre patiente a réagi positivement, mais n'a pas été complètement guérie.
"Il s'agit de la première étude clinique à montrer la faisabilité d'une virothérapie contre des cancers ayant fait des métastases", souligne le docteur Stephen Russell, hématologue américain ayant participé à cette recherche. Pour Franck Dufour, directeur scientifique de la fondation ARC pour la recherche sur le cancer, cette guérison est une "vraie source d'espoir pour les malades" et leur famille. Interview.
Cette rémission peut-elle être considérée comme une révolution pour la recherche contre le cancer ou est-ce encore trop tôt ?
- C'est un grand pas, une victoire pour la recherche à l'échelle internationale. On travaille sur cette thérapie depuis plusieurs années, et c'est la première fois qu'on observe une rémission complète d'une malade atteinte d'un cancer métastasé [généralisé]. Une vraie source d'espoir pour les malades.
Mais il faut le tester davantage, avec une étude plus large, des essais cliniques sur plus de patients. Ces essais permettront par exemple de déterminer pourquoi le virus a entraîné une réduction totale des cellules cancéreuses chez une patiente, et partielle chez l'autre. Savoir pourquoi la thérapie a fonctionné dans un cas et moins dans l'autre, c'est tout l'objet de la recherche.
Est-ce que tous les cancers pourront un jour être soignés ainsi, même les plus graves ?
- Le principe de la virothérapie, c'est que chaque virus cible un certain type de population cellulaire : on choisit le virus adapté aux cellules cancéreuses. A chaque cancer "correspond" en quelque sorte un virus capable de le guérir. Je sais qu'en ce moment, des travaux sont menés le cancer de la prostate. On peut donc imaginer guérir plusieurs sortes de cancers.
Y compris ceux avec des métastases : le vrai grand progrès de ce nouvel outil thérapeutique, c'est justement que les patientes étaient atteintes d'un cancer métastasé, les plus compliqués à traiter. On a donc le droit d'espérer !
Peut-on envisager une généralisation de ce type de thérapies, et si oui, dans combien de temps ?
- Très difficile de répondre pour l'instant. Si je me réfère à la littérature scientifique sur le sujet, on peut imaginer que les premières transformations thérapeutiques aient lieu dans quatre ou cinq ans. Des équipes travaillent actuellement sur ce type d'approche, aussi bien aux Etats-Unis qu'en France, où la recherche est aussi très dynamique.
L'un des enjeux pourrait être d'imaginer une nouvelle technique pour diminuer les coûts. Les essais actuels se chiffrent en effet en milliers, voire en millions de dollars, car la thérapie telle qu'elle est pratiquée suppose de fabriquer une très grande quantité de virus [la dose injectée à chaque patiente aurait pu être utilisée pour vacciner 10 millions de personnes, NDLR].
C'est un grand pas, mais il y a encore des petites retouches à faire pour vraiment pouvoir la généraliser.
Juliette Deborde – Nouvel Obs
mam
Aux Etats-Unis, une patiente a guéri d'un cancer métastasé de la moelle osseuse, un des plus difficiles à soigner.
C'est une première dans l'histoire de la médecine : une femme de 49 ans souffrant d'un cancer de la moelle osseuse a bénéficié d'une rémission durable après l'injection d'une dose massive de virus génétiquement modifié de la rougeole.
Un virus capable de cibler les cellules cancéreuses et de les anéantir.
La malade n'a aucune trace de cancer depuis plus de six mois. Une autre patiente a réagi positivement, mais n'a pas été complètement guérie.
"Il s'agit de la première étude clinique à montrer la faisabilité d'une virothérapie contre des cancers ayant fait des métastases", souligne le docteur Stephen Russell, hématologue américain ayant participé à cette recherche. Pour Franck Dufour, directeur scientifique de la fondation ARC pour la recherche sur le cancer, cette guérison est une "vraie source d'espoir pour les malades" et leur famille. Interview.
Cette rémission peut-elle être considérée comme une révolution pour la recherche contre le cancer ou est-ce encore trop tôt ?
- C'est un grand pas, une victoire pour la recherche à l'échelle internationale. On travaille sur cette thérapie depuis plusieurs années, et c'est la première fois qu'on observe une rémission complète d'une malade atteinte d'un cancer métastasé [généralisé]. Une vraie source d'espoir pour les malades.
Mais il faut le tester davantage, avec une étude plus large, des essais cliniques sur plus de patients. Ces essais permettront par exemple de déterminer pourquoi le virus a entraîné une réduction totale des cellules cancéreuses chez une patiente, et partielle chez l'autre. Savoir pourquoi la thérapie a fonctionné dans un cas et moins dans l'autre, c'est tout l'objet de la recherche.
Est-ce que tous les cancers pourront un jour être soignés ainsi, même les plus graves ?
- Le principe de la virothérapie, c'est que chaque virus cible un certain type de population cellulaire : on choisit le virus adapté aux cellules cancéreuses. A chaque cancer "correspond" en quelque sorte un virus capable de le guérir. Je sais qu'en ce moment, des travaux sont menés le cancer de la prostate. On peut donc imaginer guérir plusieurs sortes de cancers.
Y compris ceux avec des métastases : le vrai grand progrès de ce nouvel outil thérapeutique, c'est justement que les patientes étaient atteintes d'un cancer métastasé, les plus compliqués à traiter. On a donc le droit d'espérer !
Peut-on envisager une généralisation de ce type de thérapies, et si oui, dans combien de temps ?
- Très difficile de répondre pour l'instant. Si je me réfère à la littérature scientifique sur le sujet, on peut imaginer que les premières transformations thérapeutiques aient lieu dans quatre ou cinq ans. Des équipes travaillent actuellement sur ce type d'approche, aussi bien aux Etats-Unis qu'en France, où la recherche est aussi très dynamique.
L'un des enjeux pourrait être d'imaginer une nouvelle technique pour diminuer les coûts. Les essais actuels se chiffrent en effet en milliers, voire en millions de dollars, car la thérapie telle qu'elle est pratiquée suppose de fabriquer une très grande quantité de virus [la dose injectée à chaque patiente aurait pu être utilisée pour vacciner 10 millions de personnes, NDLR].
C'est un grand pas, mais il y a encore des petites retouches à faire pour vraiment pouvoir la généraliser.
Juliette Deborde – Nouvel Obs
mam