Le grand succès des ennemis de l'Afrique, c'est d'avoir corrompu les Africains eux-mêmes. Il est vrai que ces Africains étaient directement intéressés par le meurtre de Lumumba. Chefs de gouvernements fantoches, au sein d'une indépendance fantoche, confrontés jour après jour à une opposition massive de leurs peuples, ils n'ont pas été longs à se convaincre que l'indépendance réelle du Congo les mettrait personnellement en danger.
Et il y eut d'autres Africains, un peu moins fantoches, mais qui s'effraient dès qu'il est question de désengager l'Afrique de l'Occident. On dirait que ces Chefs d'État africains ont toujours peur de se trouver face à l'Afrique. Ceux-là aussi, moins activement, mais consciemment, ont contribué à la détérioration de la situation au Congo. Petit à petit, on se mettait d'accord en Occident qu'il fallait intervenir au Congo, qu'on ne pouvait laisser les choses évoluer à ce rythme.
Petit à petit, l'idée d'une intervention de l'ONU prenait corps. Alors on peut dire aujourd'hui que deux erreurs simultanées ont été commises par les Africains.
Et d'abord par Lumumba quand il sollicita l'intervention de l'ONU. Il ne fallait pas faire appel à l'ONU. L'ONU n'a jamais été capable de régler valablement un seul des problèmes posés à la conscience de l'homme par le colonialisme, et chaque fois qu'elle est intervenue, c'était pour venir concrètement au secours de la puissance colonialiste du pays oppresseur.
Voyez le Cameroun. De quelle paix jouissent les sujets de M. Ahidjo tenus en respect par un corps expéditionnaire français qui, la plupart du temps, a fait ses premières armes en Algérie ? L'ONU a cependant contrôlé l'autodétermination du Cameroun et le gouvernement français y a installé un "exécutif provisoire".
Voyez le Viet-Nam. Voyez le Laos.
Il n'est pas vrai de dire que l'ONU échoue parce que les causes sont difficiles.
En réalité l'ONU est la carte juridique qu'utilisent les intérêts impérialistes quand la carte de la force brute a échoué.
Les partages, les commissions mixtes contrôlées, les mises sous tutelle sont des moyens internationaux de torturer, de briser la volonté d'expression des peuples, de cultiver l'anarchie, le banditisme et la misère.
Car enfin, avant l'arrivée de l'ONU, il n'y avait pas de massacres au Congo. Après les bruits hallucinants propagés à dessein à l'occasion du départ des Belges, on ne comptait qu'une dizaine de morts. Mais depuis l'arrivée de l'ONU, on a pris l'habitude chaque matin d'apprendre que les Congolais s'entremassacraient.
On nous dit aujourd'hui que des provocations répétées furent montées par des Belges déguisés en soldats de l'Organisation des Nations Unies. On nous révèle aujourd'hui que des fonctionnaires civils de l'ONU avaient en fait mis en place un nouveau gouvernement le troisième jour de l'investiture de Lumumba. Alors on comprend beaucoup mieux ce que l'on a appelé la violence, la rigidité, la susceptibilité de Lumumba.
Tout montre en fait que Lumumba fut anormalement calme.
Les chefs de mission de l'ONU prenaient contact avec les ennemis de Lumumba et avec eux arrêtaient des décisions qui engageaient l'État du Congo. Comment un chef de gouvernement doit-il réagir dans ce cas ? Le but recherché et atteint est le suivant : manifester l'absence d'autorité, prouver la carence de l'État.
Donc motiver la mise sous séquestre du Congo.
Le tort de Lumumba a été alors dans un premier temps de croire en l'impartialité amicale de l'ONU. Il oubliait singulièrement que l'ONU dans l'état actuel n'est qu'une assemblée de réserve, mise sur pied par les Grands, pour continuer entre deux conflits armés la "lutte pacifique" pour le partage du monde.
Si M. Ileo en août 1960 affirmait à qui voulait l'entendre qu'il fallait pendre Lumumba, si les membres du cabinet Lumumba ne savaient que faire des dollars qui, à partir de cette époque, envahirent Léopoldville, enfin si Mobutu tous les soirs se rendait à Brazzaville pour y faire et y entendre ce que l'on devine mieux aujourd'hui, pourquoi alors s'être tourné avec une telle sincérité, une telle absence de réserve vers l'ONU ?
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Et il y eut d'autres Africains, un peu moins fantoches, mais qui s'effraient dès qu'il est question de désengager l'Afrique de l'Occident. On dirait que ces Chefs d'État africains ont toujours peur de se trouver face à l'Afrique. Ceux-là aussi, moins activement, mais consciemment, ont contribué à la détérioration de la situation au Congo. Petit à petit, on se mettait d'accord en Occident qu'il fallait intervenir au Congo, qu'on ne pouvait laisser les choses évoluer à ce rythme.
Petit à petit, l'idée d'une intervention de l'ONU prenait corps. Alors on peut dire aujourd'hui que deux erreurs simultanées ont été commises par les Africains.
Et d'abord par Lumumba quand il sollicita l'intervention de l'ONU. Il ne fallait pas faire appel à l'ONU. L'ONU n'a jamais été capable de régler valablement un seul des problèmes posés à la conscience de l'homme par le colonialisme, et chaque fois qu'elle est intervenue, c'était pour venir concrètement au secours de la puissance colonialiste du pays oppresseur.
Voyez le Cameroun. De quelle paix jouissent les sujets de M. Ahidjo tenus en respect par un corps expéditionnaire français qui, la plupart du temps, a fait ses premières armes en Algérie ? L'ONU a cependant contrôlé l'autodétermination du Cameroun et le gouvernement français y a installé un "exécutif provisoire".
Voyez le Viet-Nam. Voyez le Laos.
Il n'est pas vrai de dire que l'ONU échoue parce que les causes sont difficiles.
En réalité l'ONU est la carte juridique qu'utilisent les intérêts impérialistes quand la carte de la force brute a échoué.
Les partages, les commissions mixtes contrôlées, les mises sous tutelle sont des moyens internationaux de torturer, de briser la volonté d'expression des peuples, de cultiver l'anarchie, le banditisme et la misère.
Car enfin, avant l'arrivée de l'ONU, il n'y avait pas de massacres au Congo. Après les bruits hallucinants propagés à dessein à l'occasion du départ des Belges, on ne comptait qu'une dizaine de morts. Mais depuis l'arrivée de l'ONU, on a pris l'habitude chaque matin d'apprendre que les Congolais s'entremassacraient.
On nous dit aujourd'hui que des provocations répétées furent montées par des Belges déguisés en soldats de l'Organisation des Nations Unies. On nous révèle aujourd'hui que des fonctionnaires civils de l'ONU avaient en fait mis en place un nouveau gouvernement le troisième jour de l'investiture de Lumumba. Alors on comprend beaucoup mieux ce que l'on a appelé la violence, la rigidité, la susceptibilité de Lumumba.
Tout montre en fait que Lumumba fut anormalement calme.
Les chefs de mission de l'ONU prenaient contact avec les ennemis de Lumumba et avec eux arrêtaient des décisions qui engageaient l'État du Congo. Comment un chef de gouvernement doit-il réagir dans ce cas ? Le but recherché et atteint est le suivant : manifester l'absence d'autorité, prouver la carence de l'État.
Donc motiver la mise sous séquestre du Congo.
Le tort de Lumumba a été alors dans un premier temps de croire en l'impartialité amicale de l'ONU. Il oubliait singulièrement que l'ONU dans l'état actuel n'est qu'une assemblée de réserve, mise sur pied par les Grands, pour continuer entre deux conflits armés la "lutte pacifique" pour le partage du monde.
Si M. Ileo en août 1960 affirmait à qui voulait l'entendre qu'il fallait pendre Lumumba, si les membres du cabinet Lumumba ne savaient que faire des dollars qui, à partir de cette époque, envahirent Léopoldville, enfin si Mobutu tous les soirs se rendait à Brazzaville pour y faire et y entendre ce que l'on devine mieux aujourd'hui, pourquoi alors s'être tourné avec une telle sincérité, une telle absence de réserve vers l'ONU ?
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