"O Prophète, dis à tes épouses, à tes filles et aux épouses des croyants qu'elles rapprochent sur elles de leur jilbâb. Ceci sera plus à même qu'elles soient reconnues et ne soient alors point offensées. Et Dieu est pardonneur, miséricordieux" (Coran 33/59-62).
Certains Hypocrites, à Médine, tenaient des propos déplacés à propos de certaines femmes lorsque celles-ci passaient près de là où ils se trouvaient. Le verset mentionne la sagesse (hikma) que recèle le fait de porter les vêtements adéquats : "Ceci sera plus à même qu'elles soient reconnues et ne soient alors point offensées".
De nombreux ulémas ont commenté ces termes comme signifiant : "afin qu'elles soient reconnues comme étant des femmes libres et non des esclaves, et qu'elles ne soient donc point offensées".
Les écoles qui ont adopté ce commentaire en ont déduit que les musulmanes esclaves n'avaient pas le devoir de se couvrir les cheveux, même en public. Ceci ne veut pas dire que toutes ces écoles permettraient de regarder avec désir les attraits d'une esclave qui passe ; bien au contraire, elles ont, ici et là, explicitement précisé que ce genre de regard est interdit même par rapport à une esclave ; tout ce que cela veut dire est que ces écoles ne considèrent pas que l'esclave a la même awra que la femme libre.
Ibn Hazm n'a pas adopté le commentaire que nous venons de voir et s'en est au contraire démarqué, arguant qu'il impliquerait que seules les femmes libres et non les femmes esclaves aient été protégées des outrages des hypocrites (Al-Muhallâ 2/249). Le commentaire qui va avec l'avis de Ibn Hazm est celui-ci : "afin qu'elles soient reconnues comme étant des femmes pudiques et ne voulant pas être offensées par des propos masculins"(d'après Hijâb ul-mar'at il-muslima, pp. 42-43). Toute femme qui s'habille ainsi exprime qu'elle est pudique ; a contrario, toute femme qui ne s'habille pas ainsi n'exprime pas par sa tenue vestimentaire si elle est pudique ou si elle ne l'est pas.
Par voie d'incidence, Ibn Hazm n'a pas fait de différence entre la 'awra des femmes libres et celle des femmes esclaves. Ibn Hazm écrit :
"La religion de Dieu est unique, et les formes et la nature sont les mêmes aussi bien chez les esclaves que chez les libres. Il y aurait eu différence si un texte avait fait différence" (Al-Muhallâ, 2/248-249). Certains ulémas hanbalites sont du même avis (Al-Mughnî 9/313).
En tout état de cause, cette phrase du verset ne signifie pas que l'objectif du port du jilbâb soit, en soi, que celles qui le portent soient reconnues comme musulmanes.
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