Dossier
Talal, Marouane, Jawad et les autres....
2009-06-06 18:00:00 | 17888 lectures
Par: M.Benmark
Après Affelay, Azouagh, Boulahrouz, Kaboul et récemment Rami, on s’était fait à l’idée que le Maroc du football ne séduisait plus ou peu ces joueurs binationaux évoluant dans les divers championnats européens. Pourtant ce n’est pas faute d’avoir tenté d’attirer ces récalcitrants dont certains de nos responsables voulaient faire la devanture d’un football national bien mal en point.
Bien que respecté, le choix porté par ces joueurs pour les couleurs de leur pays d’accueil, était déjà mal perçu, à tort ou à raison par la plupart des supporters des Lions de l’Atlas. Or durant la semaine qui s'écoule, le petit monde du football marocain apprenait que trois éléments qui font partie intégrante de l'équipe nationale et non des moindres, ont décliné, chacun à sa manière la sélection. Chamakh, tout d’abord, auteur d’une très bonne saison avec son club Bordeaux, qui vient d’être sacré champion de France, ne s’était même pas présenté au staff national pour confirmer la blessure dont il dit souffrir. Jawad Zairi, qui avait par le passé toujours répondu présent à l’invitation, a fait cette fois affront à Roger Lemerre en refusant de rallier ses coéquipiers en concentration en France. Lui, qui est allé s’exiler en Grèce (Asteras Tripolis) pour se refaire une santé, avait réussi son retour au haut niveau, au point de s'attirer les faveurs du club phare du pays: l'Olympiakos.
Enfin, plus surprenant, l’homme qui était censé se positionner comme pilier de la défense et comme leader dans cette équipe en proie au doute, Talal El Karkouri. Il venait à peine d’être rappelé après qu’il ait rendu le tablier, au soir de la défaite face au Ghana, à la CAN 2008. Il avait toujours martelé son attachement au maillot national et ne s’est jamais défilé jusque là devant ses responsabilités ni devant l’adversité. En refusant le voyage au Cameroun, il vient de faire une entorse au patriotisme par lequel il se disait animé.
Sans doute que derrière ces raisons légitimes s’en cachent quelques autres. Risquons l’interprétation.
Le Maroc joue mal. Il a d’ailleurs perdu un match capital à domicile face au Gabon. Comment, dès lors, concevoir qu’il puisse aller battre le Cameroun, à Yaoundé?
Cette défaite devant les Panthères, à Casablanca, a certainement conforté cette appréciation, dans la tête des « lâcheurs ». Si Talal a toujours entretenu une relation d’amour-haine avec la sélection, comment analyser la désaffection de Marouane et de Jawad pour l’équipe nationale et surtout pour un public qui en a fait ses stars depuis 2004, en Tunisie ?
Un point commun entre ces deux joueurs, l’un et l’autre sont sur une pente ascendante. Le premier réalise sa meilleure saison et vient d’être couronné champion de France avec son club. Le rêve est réalisé, avec 13 buts au compteur, il est sollicité par de nombreux clubs, le départ est imminent, ça occupe l’esprit. Il n’y a plus de place pour le Maroc…Le deuxième, revient de loin, enfin il était temps ! Merci la Grèce ! Tiens, il est convoqué en sélection ? Oui mais, qu’irait-il faire à Yaoundé au moment même où il ressuscite? Non fini les risques de blessure avec l’équipe nationale, l’heure est venue de penser à ses propres intérêts.
Peut-être que la solution est à puiser chez les champions du monde (1998) et d’Europe (2000). L’entraîneur de l’équipe de France , Aimé Jacquet, avait finalement renoncé à sélectionner le «king» de Manchester United, Eric Cantona. Et les résultats lui ont donné raison. Comme quoi, il n’y a d’indispensable que l’air qu’on respire !