Leurs vies, plus encore que celles de leurs compères masculins, sont violentes, compliquées, semées dembûches. Plongée dans lenfer des filles de la rue.
[...] Ce soir, léquipe concentre son attention sur les femmes, plus particulièrement les mineures, dont le nombre croît de
façon alarmante.Sur 3 zones seulement, on en décompte 60. La menace de devenir petite bonne, prostituée ou mère célibataire plane sur ces jeunes filles qui se retrouvent à la rue. [...]
Les raisons des départs sont multiples. Violences familiales et grossesses non désirées motivent le plus souvent le choix de fuguer. Hasnaa, 13 ans, sur le bitume depuis trois ans, a fui le domicile familial, poussée à bout par un père alcoolique et démissionnaire. Une autre explique : Je vendais des mouchoirs pour mes parents dans la rue et je suis tombée amoureuse dun drogué, je lai suivi . Khadija a elle aussi choisi de quitter le foyer paternel, géré par une belle-mère tyrannique[...] Je veux retourner à lécole balbutie-t-elle [...]
Plus débrouillardes
Pour subvenir à leurs besoins, les jeunes filles ont plusieurs solutions qui soffrent à elles : fouiller les poubelles, se prostituer (30 dirhams la passe pour certaines dentre elles), vendre des mouchoirs, mendier Leur butin, elles le planquent dans de petites cachettes.Les filles sont plus débrouillardes que les garçons, constate Bachir, de lassociation Bayti.
Street Attitude
[...]La plupart des jeunes filles possèdent une arme blanche, au moins un petit couteau et certaines cachent sous la lèvre supérieure une lame de rasoir, prête à servir, décrit Abdel. Et tout comme leurs compères masculins, la folie du foot népargne pas ces demoiselles. En matière de musique, elles ne sont pas très portées raï romantique, plutôt Cheb Bilal et beaucoup de rap, des trucs avec des paroles rebelles. Des goûts qui illustrent un état desprit indomptable : Elles sont instinctivement anti-Makhzen, anti-autorité, anti-tout, parfois même, elles sen prennent à Dieu, dégoûtées par leur situation, poursuit Abdel. De même, laddiction à la drogue nest pas non plus un mal proprement masculin. Si les garçons sniffent beaucoup de colle, la préférence des demoiselles va aux médicaments, le Rivotril par exemple [...]
Machi mouchkil
Dans la rue, il est presque impossible déviter ce quon appelle dans le jargon un mouchkil : un enfant, dont le géniteur est un inconnu, parfois violeur, un client ou un autre indigent vivant sur le trottoir[...]Une nouvelle solution, constatée sur le terrain depuis quelque temps par les travailleurs sociaux et la police, consiste désormais à vendre les nouveau-nés à des couples stériles[...]
Cest ainsi que Zineb, 20 ans, a vendu son enfant 500 dirhams, avant de sen mordre les doigts : Aujourdhui, je donnerais tout pour retrouver mon bébé, mais je suis coincée, je ne peux pas me rendre à la police, ils marrêteraient.
[...] Ce soir, léquipe concentre son attention sur les femmes, plus particulièrement les mineures, dont le nombre croît de
façon alarmante.Sur 3 zones seulement, on en décompte 60. La menace de devenir petite bonne, prostituée ou mère célibataire plane sur ces jeunes filles qui se retrouvent à la rue. [...]
Les raisons des départs sont multiples. Violences familiales et grossesses non désirées motivent le plus souvent le choix de fuguer. Hasnaa, 13 ans, sur le bitume depuis trois ans, a fui le domicile familial, poussée à bout par un père alcoolique et démissionnaire. Une autre explique : Je vendais des mouchoirs pour mes parents dans la rue et je suis tombée amoureuse dun drogué, je lai suivi . Khadija a elle aussi choisi de quitter le foyer paternel, géré par une belle-mère tyrannique[...] Je veux retourner à lécole balbutie-t-elle [...]
Plus débrouillardes
Pour subvenir à leurs besoins, les jeunes filles ont plusieurs solutions qui soffrent à elles : fouiller les poubelles, se prostituer (30 dirhams la passe pour certaines dentre elles), vendre des mouchoirs, mendier Leur butin, elles le planquent dans de petites cachettes.Les filles sont plus débrouillardes que les garçons, constate Bachir, de lassociation Bayti.
Street Attitude
[...]La plupart des jeunes filles possèdent une arme blanche, au moins un petit couteau et certaines cachent sous la lèvre supérieure une lame de rasoir, prête à servir, décrit Abdel. Et tout comme leurs compères masculins, la folie du foot népargne pas ces demoiselles. En matière de musique, elles ne sont pas très portées raï romantique, plutôt Cheb Bilal et beaucoup de rap, des trucs avec des paroles rebelles. Des goûts qui illustrent un état desprit indomptable : Elles sont instinctivement anti-Makhzen, anti-autorité, anti-tout, parfois même, elles sen prennent à Dieu, dégoûtées par leur situation, poursuit Abdel. De même, laddiction à la drogue nest pas non plus un mal proprement masculin. Si les garçons sniffent beaucoup de colle, la préférence des demoiselles va aux médicaments, le Rivotril par exemple [...]
Machi mouchkil
Dans la rue, il est presque impossible déviter ce quon appelle dans le jargon un mouchkil : un enfant, dont le géniteur est un inconnu, parfois violeur, un client ou un autre indigent vivant sur le trottoir[...]Une nouvelle solution, constatée sur le terrain depuis quelque temps par les travailleurs sociaux et la police, consiste désormais à vendre les nouveau-nés à des couples stériles[...]
Cest ainsi que Zineb, 20 ans, a vendu son enfant 500 dirhams, avant de sen mordre les doigts : Aujourdhui, je donnerais tout pour retrouver mon bébé, mais je suis coincée, je ne peux pas me rendre à la police, ils marrêteraient.