Charles Picque prend enfin conscience du mal Bruxellois...

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PLD (Peace, Love and Diversity)
Picqué : "Je ne serai pas le curateur de la Région bruxelloise"
Mis en ligne le 15/04/2010

Charles Picqué exige que le refinancement de Bruxelles soit traité en même temps que la scission de BHV. “Sinon, j’en tirerai les conclusions”, avertit le PS.
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Pour le ministre-Président de la Région bruxelloise, on aurait tort de ne parler, dans la future négociation, que de la scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde. Pour lui, la priorité des priorités, c’est le refinancement de la Région bruxelloise.

Quelle est, selon vous, la principale demande que les francophones doivent mettre en avant face à la scission de BHV réclamée par les partis flamands ?

Bruxelles ne peut pas être un sous-chapitre de cette négociation. Pourquoi ? Il y a trois socles nécessaires à la survie de l’Etat belge : 1. la solidarité, à travers la sécurité sociale; 2. le respect mutuel des identités culturelles et linguistiques; 3. la survie et le bon fonctionnement de la troisième région, Bruxelles. Parce qu’elle est capitale du pays, de la Communauté flamande et de la Communauté française. Elle est aussi un atout essentiel pour l’ensemble des Belges. Si la scission de BHV peut attendre – la non-scission n’affecte pas la situation sociale – Bruxelles ne peut pas attendre. Il serait juste et légitime de prévoir son refinancement.

Pourquoi cette urgence ?

Parce qu’il y a un réel danger de ne plus pouvoir, faute de refinancement, assurer les services à la population tel qu’elle peut l’espérer. Or il y a des urgences en terme de logement, de sécurité. Et le rôle international de Bruxelles est – et je pèse mes mots – menacé en cas de sous-investissement. Si nous ne sommes pas capables de nous mettre d’accord sur quelque chose qui incarne un atout pour tout le monde (l’avenir financier de la Régoin bruxelloise, dont tout le pays bénéficie), je me demande comment on peut espérer avoir un accord équilibré dans d’autres domaines.

Pour les Flamands, la priorité n’est pas financière mais institutionnelle : ils veulent scinder BHV. Après on verra…

Je ne comprends pas que le refinancement de Bruxelles puisse être occulté par la passion pour la scission de BHV. À moins que BHV ne soit la partie visible de l’iceberg. Je pense que BHV est difficilement pacifiable s’il reste à la périphérie de Bruxelles des tensions linguistiques entre communautés. Car le vrai test de la survie du pays, c’est le sort réservé à Bruxelles. Si on est incapable de parler du refinancement de Bruxelles et d’une série d’autres garanties en même temps que l’on vise à scinder l’arrondissement, alors, cela signifiera que l’on ne respecte pas le symbole de ce vivre ensemble qu’est Bruxelles et qu’on est prêt à signer l’arrêt de mort programmé de ce pays. Je me pose cette question : quel crédit donner encore à cette conception du fédéralisme de coopération – cher à Yves Leterme et que je soutiens – si l’on est incapable de fédérer nos énergies autour d’un atout commun ? Bruxelles ne peut donc pas attendre. Si on ne trouve pas de solution au refinancement de Bruxelles, je suis convaincu qu’on ira, progressivement, vers un démantèlement du pays, par petites étapes, en arrachant, à chaque négociation, des concessions unilatérales au détriment des francophones et de Bruxelles.

Le sort de BHV, c’est donc un problème secondaire ?

Franchement, qu’est-ce que cela change à ma vie, moi, que l’on scinde cet arrondissement… ? Ce qui compte, c’est le refinancement de Bruxelles. Le danger, c’est qu’on renvoie la question du financement de Bruxelles à une autre négociation qui nécessitera des majorités spéciales. Or, avec la crise, la situation est devenue intenable.

Ne craignez-vous pas que votre discours soit interprété, en Flandre comme celui d’un mendiant qui est à nouveau demandeur d’argent face à des exigences institutionnelles ?

Eh, oh… On ne parle jamais d’argent en Flandre… ? Il est constaté objectivement que le sous-financement de Bruxelles est une réalité. De plus, Bruxelles paye des choses qu’elle ne devrait pas payer. Il faut non seulement refinancer Bruxelles, il faut aussi que les pouvoirs qui ont des compétences à Bruxelles y investissent des moyens massifs : les Communautés et le Fédéral pour les compétences qui les concernent.

A quoi devraient servir le refinancement et l’intervention des autres niveaux de pouvoirs ?

Il faut d’abord s’attaquer à la question sociale, en particulier à la formation. Il faut une offre de formation considérablement plus importante. Il y a ensuite la sécurité : il y a un vrai problème d’image, mais aussi de confort et de qualité de vie.
 
Quelle échéance posez-vous pour que la question de Bruxelles soit traitée ?

Nous avons plusieurs échéances : il y a BHV, il y a une réunion de Leterme sur la sécurité le 27 avril. J’ai donc l’impression qu’avant le mois de juillet, on va savoir si Bruxelles existe encore en tant qu’institution et si elle a encore les moyens de mener une politique digne de ce nom.

Combien faut-il pour sauver Bruxelles ?

Nous avons de nombreuses études qui abondent dans le même sens : nos dépenses sont inférieures à celles des autres grandes villes européennes comme Bordeaux ou Lyon. Nous avons des surcoûts imposés au nom de la pacification communautaire – comme les échevins flamands dans les communes. On est aussi monté de 75 à 89 élus au Parlement bruxellois parce que les Flamands l’ont demandé… Voilà. Il ne faut pas être dupe. La Région est très touchée car elle est très vulnérable à la conjoncture économique. Et puis, il y a un certain nombre de faits urbains : le revenu moyen par habitant est inférieur de 15 % à la moyenne nationale – c’est le cas dans toutes les villes. On a un essor démographique, on a la mobilité. 25 % du budget total de la Mobilité est consacré à la Stib – dont les navetteurs constituent une énorme charge. Il est important de savoir que ce qui coûte cher c’est la concentration des navetteurs aux heures de pointe, cela coûte extrêmement cher à la Stib et à Bruxelles. On a aussi des flux migratoires : un tiers de ceux qui arrivent en Belgique passe par Bruxelles, nous sommes devenus une grande machine à recycler la pauvreté. Ça ne va plus.

Pouvez-vous chiffrer le montant que vous demandez pour le refinancement de la Région bruxelloise ?

Nous pensons qu’il faut 500 millions d’euros structurellement si nous voulons nous en sortir et réaliser des politiques de développement.

Donc, vous demandez 500 millions d’euros. Chaque année ?

Oui, chaque année, structurellement. Le budget de la Région est de 3 milliards d’euros. Certains sont encore plus pessimistes et avancent le chiffre de 600 millions d’euros nécessaires à politiques inchangées.

C’est une enveloppe considérable, ça. Pensez-vous objectivement avoir une chance de la décrocher ?

Mais aujourd’hui quand on regarde ce que nous rapportons au pays – notamment en terme d’image de marque – c’est incomparable ! Nous sommes par exemple le 1er bassin d’emploi en Belgique : 688 000 postes de travail dont près de 356 665 sont occupés par des personnes résidant en Flandre et en Wallonie. Alors je le dis : la situation de Bruxelles aujourd’hui est devenue intolérable. Et fin juin, si la situation de Bruxelles n’a pas évolué, j’en tirerai les conséquences. Et d’ici là, je vais dénoncer de manière très dure ce qui se passe.

Vous demandez donc, concrètement, qu’on négocie le refinancement de Bruxelles parallèlement à la scission de BHV ?

Si jamais le thème du refinancement de Bruxelles n’est pas sur la table en même temps que la scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde, ça veut dire qu’il y a un risque sérieux que le problème de Bruxelles ne soit pas pris en compte dans les mois qui viennent. Et cela veut dire que les pires théories imaginables sont validées pour Bruxelles : la doctrine Maddens ! C’est la rupture du lien de confiance, du lien de loyauté. Et je ne vois plus très bien quel peut encore être notre rôle à nous gestionnaires bruxellois : je ne serai pas le curateur d’un Région injustement traitée. J’insiste fermement : je ne serai pas le curateur de cette Région, c’est clair !

C’est quoi cette menace ? Vous allez démissionner ?

Je ne vais pas vous le dire maintenant.

Mais on va vous rétorquer qu’on réglera le sort de la Région bruxelloise après la présidence européenne de la Belgique : une chose à la fois, d’abord BHV…

En attendant, les autres auront engrangé ce qu’ils veulent…

Les “autres” ? Les Flamands ?

Oui, les Flamands. Et la prochaine étape, c’est détricoter la solidarité…

Est-ce que les francophones sont unis pour demander un refinancement de la Région bruxelloise ?

Oui. Et ces 500 millions d’euros on peut parfaitement les objectiver, ce n’est pas de l’argent qu’on verse dans une manne sans fond. Mobilité, sécurité, ce sont des besoins vitaux pour Bruxelles.


© La Libre Belgique 2010
 
Bruxelles: Doulkeridis soutient aussi Picqué
Belga

Mis en ligne le 15/04/2010

"La question du financement de Bruxelles est un enjeu essentiel non seulement pour les Bruxellois mais aussi pour les habitants des deux autres Régions en terme de mobilité ou, par exemple, eu égard au défi démographique".
Le secrétaire d'Etat bruxellois Christos Doulkeridis (Ecolo) s'est dit jeudi dans le même état d'esprit que le ministre-Président Charles Picqué.

"Si on veut que la négociation communautaire ne soit pas un enième chipotage mais permette de dépasser les rancoeurs du passé, il faut mettre le financement de Bruxelles à l'ordre du jour", a-t-il commenté.

"La question du financement de Bruxelles est un enjeu essentiel non seulement pour les Bruxellois mais aussi pour les habitants des deux autres Régions en terme de mobilité ou, par exemple, eu égard au défi démographique".

"Bruxelles est la Région où l'évolution de la natalité est la plus forte et demain ce sont les jeunes Bruxellois qui payeront les pensions des Flamands et des Wallons, sauf si on les laisse tomber parce que leur Région n'a pas un financement aussi correct que les deux autres", a-t-il encore dit.
 
Refinancement de Bruxelles: Cerexhe soutient Picqué
Belga

Mis en ligne le 15/04/2010

Pour Benoît Cerexhe, les négociations actuelles doivent à la fois porter sur la défense "des droits politiques des francophones de la périphérie et leurs liens avec la région bruxelloise selon les demandes francophones connues" et "inclure un chapitre indispensable sur un financement correct de Bruxelles.
Benoît Cerexhe, ministre cdH bruxellois de l'Economie et l'Emploi, a fait savoir jeudi qu'il soutenait "bien évidemment" le ministre-président Charles Picqué dans sa demande de financement correct de la Région de Bruxelles-Capitale.

Pour Benoît Cerexhe, les négociations actuelles doivent à la fois porter sur la défense "des droits politiques des francophones de la périphérie et leurs liens avec la région bruxelloise selon les demandes francophones connues" et "inclure un chapitre indispensable sur un financement correct de Bruxelles afin de permettre à Bruxelles de remplir les rôles de capitale nationale et internationale qu'elle assume aujourd'hui au bénéfice de tout le pays et de toutes les Régions, sans en avoir jamais eus les moyens nécessaires".

Le ministre bruxellois rappelle que la demande de refinancement de la Région centrale du pays fait d'ailleurs partie des revendications exprimées par le cdH dans le cadre des négociations actuelles et par le gouvernement bruxellois dans sa note aux négociateurs de l'Octopus.

Il rappelle également qu'une première enveloppe - nettement insuffisante - fait partie du premier paquet de réformes institutionnelles négocié sous la législature précédente.

Benoît Cerexhe insiste sur le fait que la Région bruxelloise est en effet structurellement sous-financée, à concurrence de 500 millions à 600 millions d'euros par an, pour remplir correctement les rôles de capitale nationale et internationale qui sont les siens, abondant ainsi dans le même sens que Charles Picqué.

"Les négociations actuelles ne peuvent donc faire l'impasse sur un refinancement légitime des politiques menées en Région de Bruxelles-Capitale au bénéfice non seulement des Bruxellois mais aussi des 500.000 navetteurs quotidiens qui la fréquentent", conclut M. Crerexhe dans un communiqué.

Dans une interview au quotidien La Libre Belgique, le ministre-président Charles Piqué (PS) plaide pour un refinancement de la Région capitale à concurrence de 500 millions d'euros par an.
 
Enfin on commence a se rendre compte de l'importance d investir dans les quartiers ghettos de Bruxelles....sinon cette ville va droit a la catastrophe!
 
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