Charlie Hebdo au bûcher : la caricature dun « attentat » islamiste
par Hicham Hamza
Fumigène. Dans la nuit de mercredi, le siège de lhebdomadaire satirique Charlie Hebdo a été ravagé par un incendie dorigine criminelle. Selon la quasi-totalité des commentateurs politiques, associatifs et médiatiques, un numéro spécial consacré à lislamisme aurait motivé les auteurs de « lattentat ». Problème : aucun élément matériel ne vient à ce jour étayer une telle assertion.
Le doute nest pas permis. Depuis lannonce de linformation relative à lincendie qui a brûlé les locaux de Charlie Hebdo, tous condamnent lacte criminel et beaucoup sempressent dajouter un commentaire pour fustiger les « fondamentalistes » qui seraient nécessairement derrière cette opération. Le raisonnement est dune simplicité biblique : puisque le méfait sest produit le jour de la parution dun numéro brocardant- à la faveur des résultats des élections tunisiennes- les « intégristes » musulmans, il ne peut donc sagir que dindividus partageant la même sensibilité politique. CQFD. Et peu importe labsence de revendication ou délément matériel susceptible de guider irrésistiblement les enquêteurs vers la piste islamiste. Lusage de cocktails molotov dont lun -curieusement- au moyen dune bouteille de vin : cest la seule certitude évoquée à ce jour par la police.
La perte des archives et du matériel informatique ne sera probablement pas compensée par le foudroyant succès des ventes : dès le premier jour, lhebdomadaire nétait plus disponible en kiosque. En dépit du buzz à double tranchant, léquipe rédactionnelle peut dores et déjà se targuer davoir bénéficié dun soutien particulièrement éclectique : du journal Le Monde aux lecteurs du site ultra-nationaliste Fdesouche en passant par le ministre de lIntérieur, Sos Racisme, la blogosphère dextrême droite, lassociation Ni ***** Ni Soumises, limam de Drancy, lessayiste Mohamed Sifaoui et le Front national, tous se sont déclarés solidaires de lépreuve vécue par le journal satirique.
Certaines personnalités vont même bien au-delà du simple témoignage de soutien : cest le cas notamment de léditorialiste du Figaro, Ivan Rioufol, qui se prend à rêver dune grande manifestation nationale pour condamner cette « agression contre la France ». Dans un style plus feutré, Pierre Haski de Rue89 et Elisabeth Lévy de Causeur insistent également sur la question de lislam tout en se rangeant derrière Charlie. Une unanimité singulière pour un journal qui se vante dêtre un « libre-penseur » dans le champ médiatique.
« Ils se laissent tous faire »
« Liberté » de penser, sans doute. Liberté dexpression, beaucoup en doutent. Parmi les sceptiques, le plus illustre est probablement le dessinateur Siné, éjecté de léquipe de Charlie Hebdo en 2008 pour avoir brocardé Jean Sarkozy. Sil a balayé laccusation dantisémitisme suscitée par son allusion à la confession de la compagne du fils Sarkozy, Siné témoignait encore, fin 2009, dune certaine amertume en se remémorant la « trahison » des journalistes de la
rédaction, coupables-selon lui- de ne pas sêtre opposés à la volonté de Philippe Val, alors directeur de la publication.
par Hicham Hamza
Fumigène. Dans la nuit de mercredi, le siège de lhebdomadaire satirique Charlie Hebdo a été ravagé par un incendie dorigine criminelle. Selon la quasi-totalité des commentateurs politiques, associatifs et médiatiques, un numéro spécial consacré à lislamisme aurait motivé les auteurs de « lattentat ». Problème : aucun élément matériel ne vient à ce jour étayer une telle assertion.
Le doute nest pas permis. Depuis lannonce de linformation relative à lincendie qui a brûlé les locaux de Charlie Hebdo, tous condamnent lacte criminel et beaucoup sempressent dajouter un commentaire pour fustiger les « fondamentalistes » qui seraient nécessairement derrière cette opération. Le raisonnement est dune simplicité biblique : puisque le méfait sest produit le jour de la parution dun numéro brocardant- à la faveur des résultats des élections tunisiennes- les « intégristes » musulmans, il ne peut donc sagir que dindividus partageant la même sensibilité politique. CQFD. Et peu importe labsence de revendication ou délément matériel susceptible de guider irrésistiblement les enquêteurs vers la piste islamiste. Lusage de cocktails molotov dont lun -curieusement- au moyen dune bouteille de vin : cest la seule certitude évoquée à ce jour par la police.
La perte des archives et du matériel informatique ne sera probablement pas compensée par le foudroyant succès des ventes : dès le premier jour, lhebdomadaire nétait plus disponible en kiosque. En dépit du buzz à double tranchant, léquipe rédactionnelle peut dores et déjà se targuer davoir bénéficié dun soutien particulièrement éclectique : du journal Le Monde aux lecteurs du site ultra-nationaliste Fdesouche en passant par le ministre de lIntérieur, Sos Racisme, la blogosphère dextrême droite, lassociation Ni ***** Ni Soumises, limam de Drancy, lessayiste Mohamed Sifaoui et le Front national, tous se sont déclarés solidaires de lépreuve vécue par le journal satirique.
Certaines personnalités vont même bien au-delà du simple témoignage de soutien : cest le cas notamment de léditorialiste du Figaro, Ivan Rioufol, qui se prend à rêver dune grande manifestation nationale pour condamner cette « agression contre la France ». Dans un style plus feutré, Pierre Haski de Rue89 et Elisabeth Lévy de Causeur insistent également sur la question de lislam tout en se rangeant derrière Charlie. Une unanimité singulière pour un journal qui se vante dêtre un « libre-penseur » dans le champ médiatique.
« Ils se laissent tous faire »
« Liberté » de penser, sans doute. Liberté dexpression, beaucoup en doutent. Parmi les sceptiques, le plus illustre est probablement le dessinateur Siné, éjecté de léquipe de Charlie Hebdo en 2008 pour avoir brocardé Jean Sarkozy. Sil a balayé laccusation dantisémitisme suscitée par son allusion à la confession de la compagne du fils Sarkozy, Siné témoignait encore, fin 2009, dune certaine amertume en se remémorant la « trahison » des journalistes de la
rédaction, coupables-selon lui- de ne pas sêtre opposés à la volonté de Philippe Val, alors directeur de la publication.