aladin60
VIB
Haro sur les couples mixtes
Des groupes dextrême droite réclament une loi contre les mariages mixtes, voire contre tout rapport physique entre femmes juives et hommes arabes. Certains nhésitent pas à recourir à la violence pour imposer leurs vues.
Le fait que les couples impliqués dans lassassinat dArieh Karp sur la plage de Tel-Baruch [le 14 août] soient composés de jeunes hommes arabes et de jeunes femmes juives a déchaîné les passions sur Internet et dans les médias. Voilà ce qui arrive quand des filles se promènent avec des Arabes. Telle est en substance la nature des messages publiés. Pour un peu, certains remettraient bien à lordre du jour la loi jadis proposée par Meir Kahane [rabbin et homme politique israélien dextrême droite assassiné à Manhattan en 1990] et frappant dune peine de prison ferme les mariages mixtes et les rapports sexuels entre Juifs et non-Juifs.
Le fer de lance de la lutte contre les mariages mixtes est lorganisation Yad LAhim [Secours fraternel], dont le président, le rabbin Shalom Dov Lipschitz, a récemment adressé un courrier au Premier ministre Benyamin Nétanyahou et au ministre de lEducation Gideon Saar pour dénoncer léchec patent du réseau éducatif laïc dans la transmission des valeurs juives. Au nom de son ministre, le directeur du ministère de lEducation, Shimshon Shoshani, a abondé dans ce sens. Si la réponse de Shoshani nest publiée quen hébreu sur le site Internet de Yad LAhim, cest en anglais que lon peut lire que les relations entre des Arabes et des jeunes Juives débouchent la plupart du temps sur des mariages qui sombrent dans la violence. Un des problèmes les plus aigus causés par de telles relations est lidentité des enfants. Ce sont des Juifs, mais ils sont élevés comme des Arabes. Le site de cette ONG reconnue par lEtat et qui bénéficie de dons déductibles des impôts évoque 1 000 cas par an.
Il y a quelques semaines, le quotidien local Zman Maaleh, édité dans la grosse implantation de peuplement de Maaleh Adoumim [colonie juive en Cisjordanie], a publié un reportage sur certains de ses citoyens qui se sont organisés pour aller expliquer aux couples mixtes quils ne doivent chercher lamour que dans leurs communautés respectives. Cette association civique est dirigée par Shaï Haïm, un jeune homme énergique récemment revenu à la religion. Lennui avec les mariages mixtes, cest quils concernent des Arabes dIsraël à qui, contrairement aux Palestiniens des Territoires [Cisjordanie et Gaza], il est pratiquement et légalement impossible dinterdire dentrer dans une ville juive. Mais Shaï Haïm a trouvé une solution originale. Après avoir expliqué par tous les moyens possibles (cest lui qui souligne) que les rapports entre Arabes et Juives ne sont pas sains, il cherche à vérifier, à partir du numéro de leur plaque dimmatriculation, sils ont un casier judiciaire et inflige des contraventions. Je suis un homme de loi en uniforme, plaisante Shaï Haïm. Lennui, cest quil travaille pour linspection des parkings à ladministration municipale de Jérusalem et que la police dIsraël sest plus dune fois plainte de la trop forte ressemblance entre les uniformes des inspecteurs communaux et ceux de la police nationale.
Depuis le drame de Tel-Aviv, il ne se tient plus. Cela me fait mal que des jeunes Arabes touchent des jeunes Juives, des jeunes soldates en plus. Quest-ce quils ont à venir chez nous ? Il faudrait une loi contre ça. Il faudrait mettre sur pied des groupes de jeunes vigiles, et je me verrais bien à leur tête, affirme-t-il. Il y a une semaine, na-t-il pas décidé avec ses copains de régler leur compte à des Arabes vus avec des Juives ? Le soir même, son groupe a fait une descente dans un café du coin et a passé à tabac plusieurs Arabes. En juillet, accompagné de deux rabbins, Haïm sest rendu chez le commissaire de police de *Maaleh Adoumim, pour discuter des risques dassimilation des jeunes Juives. Le commissaire leur a expliqué quil nétait pas question de sen prendre à des détenteurs de la carte bleue [carte didentité israélienne que possèdent aussi les Arabes dIsraël] présents dans la ville en toute légalité.
A Pisgat Zeev [une colonie de Jérusalem-Est], cest une bande baptisée Shlom Ha-Noar [Protection de la jeunesse] qui traque les couples mixtes. Moshe Ben Zikri, un jeune également revenu à la religion, explique que depuis deux mois une vingtaine de volontaires descendent sur le terrain tous les soirs. Cest pour des raisons religieuses quil faut empêcher les jeunes Juives de sortir avec des Arabes, explique Ben Zikri, lequel affirme bénéficier du concours de certains policiers. Interrogé à ce sujet, le porte-parole de la police de Jérusalem, Shmuel Ben Rubi, affirme ne pas avoir connaissance de tels faits.
27.08.2009 | Akiva Eldar | Ha'Aretz
http://www.courrierinternational.com/article/2009/08/27/haro-sur-les-couples-mixtes
Des groupes dextrême droite réclament une loi contre les mariages mixtes, voire contre tout rapport physique entre femmes juives et hommes arabes. Certains nhésitent pas à recourir à la violence pour imposer leurs vues.
Le fait que les couples impliqués dans lassassinat dArieh Karp sur la plage de Tel-Baruch [le 14 août] soient composés de jeunes hommes arabes et de jeunes femmes juives a déchaîné les passions sur Internet et dans les médias. Voilà ce qui arrive quand des filles se promènent avec des Arabes. Telle est en substance la nature des messages publiés. Pour un peu, certains remettraient bien à lordre du jour la loi jadis proposée par Meir Kahane [rabbin et homme politique israélien dextrême droite assassiné à Manhattan en 1990] et frappant dune peine de prison ferme les mariages mixtes et les rapports sexuels entre Juifs et non-Juifs.
Le fer de lance de la lutte contre les mariages mixtes est lorganisation Yad LAhim [Secours fraternel], dont le président, le rabbin Shalom Dov Lipschitz, a récemment adressé un courrier au Premier ministre Benyamin Nétanyahou et au ministre de lEducation Gideon Saar pour dénoncer léchec patent du réseau éducatif laïc dans la transmission des valeurs juives. Au nom de son ministre, le directeur du ministère de lEducation, Shimshon Shoshani, a abondé dans ce sens. Si la réponse de Shoshani nest publiée quen hébreu sur le site Internet de Yad LAhim, cest en anglais que lon peut lire que les relations entre des Arabes et des jeunes Juives débouchent la plupart du temps sur des mariages qui sombrent dans la violence. Un des problèmes les plus aigus causés par de telles relations est lidentité des enfants. Ce sont des Juifs, mais ils sont élevés comme des Arabes. Le site de cette ONG reconnue par lEtat et qui bénéficie de dons déductibles des impôts évoque 1 000 cas par an.
Il y a quelques semaines, le quotidien local Zman Maaleh, édité dans la grosse implantation de peuplement de Maaleh Adoumim [colonie juive en Cisjordanie], a publié un reportage sur certains de ses citoyens qui se sont organisés pour aller expliquer aux couples mixtes quils ne doivent chercher lamour que dans leurs communautés respectives. Cette association civique est dirigée par Shaï Haïm, un jeune homme énergique récemment revenu à la religion. Lennui avec les mariages mixtes, cest quils concernent des Arabes dIsraël à qui, contrairement aux Palestiniens des Territoires [Cisjordanie et Gaza], il est pratiquement et légalement impossible dinterdire dentrer dans une ville juive. Mais Shaï Haïm a trouvé une solution originale. Après avoir expliqué par tous les moyens possibles (cest lui qui souligne) que les rapports entre Arabes et Juives ne sont pas sains, il cherche à vérifier, à partir du numéro de leur plaque dimmatriculation, sils ont un casier judiciaire et inflige des contraventions. Je suis un homme de loi en uniforme, plaisante Shaï Haïm. Lennui, cest quil travaille pour linspection des parkings à ladministration municipale de Jérusalem et que la police dIsraël sest plus dune fois plainte de la trop forte ressemblance entre les uniformes des inspecteurs communaux et ceux de la police nationale.
Depuis le drame de Tel-Aviv, il ne se tient plus. Cela me fait mal que des jeunes Arabes touchent des jeunes Juives, des jeunes soldates en plus. Quest-ce quils ont à venir chez nous ? Il faudrait une loi contre ça. Il faudrait mettre sur pied des groupes de jeunes vigiles, et je me verrais bien à leur tête, affirme-t-il. Il y a une semaine, na-t-il pas décidé avec ses copains de régler leur compte à des Arabes vus avec des Juives ? Le soir même, son groupe a fait une descente dans un café du coin et a passé à tabac plusieurs Arabes. En juillet, accompagné de deux rabbins, Haïm sest rendu chez le commissaire de police de *Maaleh Adoumim, pour discuter des risques dassimilation des jeunes Juives. Le commissaire leur a expliqué quil nétait pas question de sen prendre à des détenteurs de la carte bleue [carte didentité israélienne que possèdent aussi les Arabes dIsraël] présents dans la ville en toute légalité.
A Pisgat Zeev [une colonie de Jérusalem-Est], cest une bande baptisée Shlom Ha-Noar [Protection de la jeunesse] qui traque les couples mixtes. Moshe Ben Zikri, un jeune également revenu à la religion, explique que depuis deux mois une vingtaine de volontaires descendent sur le terrain tous les soirs. Cest pour des raisons religieuses quil faut empêcher les jeunes Juives de sortir avec des Arabes, explique Ben Zikri, lequel affirme bénéficier du concours de certains policiers. Interrogé à ce sujet, le porte-parole de la police de Jérusalem, Shmuel Ben Rubi, affirme ne pas avoir connaissance de tels faits.
27.08.2009 | Akiva Eldar | Ha'Aretz
http://www.courrierinternational.com/article/2009/08/27/haro-sur-les-couples-mixtes