chaussure Bush" fait le bonheur d'un fabricant turc

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Ramazan Baydan est catégorique. Il l'a reconnue sur les images diffusées en boucle par les chaînes de télévision. C'est sa chaussure que le journaliste irakien Mountazer Al-Zaïdi a lancée sur le président américain, George Bush, le 14 décembre, au cours d'une conférence de presse à Bagdad. Un modèle noir, en cuir, à la fois léger (300 g) et solide, qu'il fabrique depuis dix ans et vend un peu partout en Turquie et au Moyen-Orient. Il a même apprécié au passage son "aérodynamisme", dit-il. Ce fabricant de chaussures, installé à Istanbul, affirme que le soulier du délit sort de son usine.
Le modèle a été rebaptisé "chaussure Bush", un argument de vente plus explicite que la Ducati 271, son ancien nom. Et, depuis huit jours, les commandes affluent, assure Ramazan Baydan.

Au moins 370 000 paires sont attendues en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis et dans tout le Moyen-Orient. Quinze mille doivent être expédiées dans les prochains jours en Irak. Une aubaine en temps de crise pour cet industriel qui, d'habitude, écoulait à peine quelques milliers d'exemplaires de la fameuse chaussure. Les effectifs de son usine de la banlieue d'Istanbul ont plus que doublé, il dit avoir dû embaucher une centaine d'ouvriers. Les vendeurs, eux aussi, ont reconnu les chaussures Baydan. Mais la paire originale, celle lancée par le journaliste, a été saisie et détruite par les militaires américains et irakiens.

PROCÈS LE 31 DÉCEMBRE

Le mystère demeure. En Chine et au Liban, certains ont eu la même idée. "C'est n'importe quoi, répond Durgham Al-Zaïdi, l'un des frères de l'accusé. Ces gens qui cherchent à se faire de la publicité sur le dos de mon frère sont des pêcheurs en eau trouble. Les Syriens clament que les chaussures sont fabriquées en Syrie, les Turcs font pareil. Certains disent qu'il les a achetées en Egypte. Autant que je sache, il les a achetées à Bagdad et elles ont été fabriquées en Irak."

Le journaliste lanceur, âgé de 29 ans, devenu un héros à travers le Moyen-Orient, doit comparaître à partir du 31 décembre, à Bagdad, a annoncé, mardi 23 décembre, la haute cour de justice irakienne. Il risque jusqu'à quinze années de prison pour "attaque contre un chef d'Etat étranger". "Il m'a dit qu'il n'avait aucun regret pour ce qu'il a fait et qu'il le referait", a déclaré son frère Oudaï, qui lui a rendu visite dimanche. Selon son frère, Mountazer Al-Zaïdi a été torturé durant trente-six heures, après son arrestation, à coups de barre de fer et de câble électrique. Une accusation rejetée par la cour irakienne.

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