Chômage : le gouvernement s'attend à une "fausse" hausse

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CHÔMAGE - Attention, le retour de balancier risque de faire mal. Michel Sapin l'a d'ores et déjà annoncé: les chiffres du chômage ne seront "pas bon" en septembre, selon les indices qu'il a distillé mercredi 23 octobre à l'antenne d'Europe 1. Après le "bug SFR" du mois dernier, on devrait ainsi voir les oubliés d'août réintégrer les statistiques. Selon Pôle Emploi, ils seraient entre 21.000 et 28.000 concernés, auxquels il faudra donc rajouter la baisse ou la hausse de septembre.

"Si on veut regarder les tendances", prévient le ministre du Travail, "il faudra prendre les deux chiffres, les mêler, et on verra quelle est la moyenne des deux". Ce calcul est de toute première importance: après la baisse du chômage gonflée par l'erreur de SFR, le nombre des demandeurs d'emploi devrait être mécaniquement alourdi, ce qui pourrait priver le gouvernement d'un deuxième mois de recul.

Le gouvernement veut à tout prix tenir son pari d'inverser la courbe du chômage d'ici la fin 2013. Michel Sapin se garde donc l'opportunité d'annoncer la poursuite de la baisse, malgré des chiffres en apparence négatifs.

Les derniers chiffres avaient été spectaculaires: -50.000 chômeurs sans aucune activité (catégorie A), du jamais vu depuis 13 ans... Mais au bout de quelques jours, Pôle emploi avait révélé qu'un problème de SMS chez l'opérateur SFR avait amplifié les désinscriptions. Les inscrits n'avaient pas reçu le demande de "pointage". Du coup, la baisse effective n'aurait été comprise qu'entre 22.000 et 29.000 pour la catégorie A. Un score tout de même important, qu'il faudra confirmer en septembre, un mois réputé difficile pour le niveau de l'emploi.


Une baisse "réelle" masquée par une "fausse" hausse?

Ce qui s'est passé (ndlr: "le bug SFR") "n'est vraiment pas de chance pour le gouvernement", estime Eric Heyer de l'OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques). "Le recul du mois d'août est dans l'opinion de tout le monde, du coup la vraie baisse qu'on aurait pu attendre en septembre risque de se traduire par une légère hausse". Il faudra donc beaucoup de pédagogie à Michel Sapin pour expliciter des chiffres en apparences mauvais.

Selon l'OFCE, "il y a une possibilité non négligeable que le chômage (réel) baisse au mois de septembre vu le nombre d'emplois aidés en cours". Le gouvernement "met tellement le paquet" sur les emplois aidés - classiques ou emplois d'avenir pour les jeunes non qualifiés (plus de 70.000 signés depuis novembre 2012) - qu'il "peut arriver à faire baisser pendant quelques mois le nombre de demandeurs d'emploi". Une baisse que l'opposition n'hésite pas à juger "artificielle".


Copé : "L'inversion de la courbe du chômage...
La "perfusion" est nécessaire mais "transitoire", prévient l'économiste Eric Heyer: "La vraie inversion de tendance" se produira selon lui "le jour où il y aura une croissance suffisamment importante pour que les entreprises créent plus d'emplois que l'augmentation de la population active", qui grossit de plus de 120.000 personnes par an. Et pour l'instant c'est mal parti.


Une croissance trop faible pour une véritable inversion

La France devrait afficher une croissance comprise entre 0,1% et 0,2% en 2013, puis de 0,8% à 1,3% l'année prochaine. Le gouvernement se veut quant à lui prudent et a bâti son budget 2014 en anticipant une croissance de 0,9%. Mais qu'importe la fourchette utilisée, la "croissance sera trop faible pour améliorer la situation sur le marché du travail", selon les pronostics d'Eric Heyer.

Pour l'OFCE, "le chômage augmentera régulièrement pour s'établir à 11,4% en France à la fin 2014". De très mauvais augure, quand on sait que le record absolu (1994 et 1997) n'est que de 10,8%. Avec 10,5% enregistré par l'Insee au deuxième trimestre, on se rapproche de plus en plus du pic...

Pour Benoît Hamon, ministre de l'Economie solidaire, "le chômage c'est l'échec des politiques françaises depuis 30 ans, c'est le sujet de préoccupation numéro un des Français et c'est l'engagement du président qui a nourri le plus de scepticisme", a-t-il expliqué sur RFI.

En cas d'inversion de la courbe, dit-il, "on peut autour modifier progressivement le rapport des Français à la politique". En cas d'échec, "la crédibilité du gouvernement serait "fondamentalement entamée". L'horloge tourne...


http://www.huffingtonpost.fr/2013/1...gouvernement_n_4150114.html?utm_hp_ref=france
 
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