« Fanon » a atteint en première semaine 24 000 personnes. Un nombre important de spectateurs malgré le peu de salles dans lesquelles le film est diffusé. Pour le Bondy Blog, Jean-Claude Barny nous parle de son biopic sur le psychiatre français et de son envie de bousculer l’industrie du cinéma. Interview.
Le 2 avril, le biopic sur Frantz Fanon est arrivé dans les salles de cinéma. Le répit prend racines en 1953 lorsque Fanon, psychiatre antillais, est nommé chef de service au sein de l’hôpital Blida Joinville en Algérie. Pendant deux heures, nous suivons Fanon au sein de sa pensée décoloniale et de son engagement pour la libération des peuples colonisés.
On le suit également dans la rédaction de l’une de ses œuvres majeures, Les Damnés de la terre (1961), la dernière avant sa mort la même année. En première semaine, le film connaît un véritable succès au sein des salles françaises malgré la volonté de certaines salles de ne pas diffuser le biopic. Pour le Bondy Blog, le réalisateur antillais Jean-Claude Barny revient sur son film et sur sa volonté de bousculer l’industrie du cinéma. Interview.
J’ai compris que cette situation n’était pas une fatalité et que le problème était véritablement structurel, que l’on pouvait faire bouger les choses. Ce que j’ai aimé chez Fanon, c’est qu’il nous ressemble. Il est brillant et il ne fait pas de concession. Son côté visionnaire et humaniste m’a beaucoup touché. Et ce que j’aime bien dans sa manière de faire, c’est qu’il est ghetto quelque part.
Grâce à Peau noire masque blanc, j’ai compris qu’il y avait quelque chose d’aliénant qui agit sur la psychée des personnes issues de l’immigration à force d’entendre et de voir trop de choses négatives à notre sujet. Au final, on se retrouve dans une position de frustration sans la moindre possibilité de se défendre ou de réagir. C’est pour cela que je fais des films. C’est pour proposer un souffle aux gens et pour qu’ils puissent se voir différemment et avec de la nuance. L’industrie a beaucoup trop déshumanisé les personnes issues de l’immigration, il fallait changer les choses.
Pour Fanon, on a voulu faire pareil et avoir ce même niveau de recherche afin d’en faire un film épique. Nous avons travaillé pendant quatre ans afin qu’il soit le plus cinématographique possible et proche de la réalité en même temps. Je ne voulais pas être dans la caricature ou faire un film trop léger. Je rends à la population algérienne ce que j’aurai voulu qu’on me donne. Nous avons été trop souvent victimes de la caricature par le passé, notamment vis-à-vis de la langue où tous les dialectes étaient mélangés. C’est simplement une question de respect...................
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Le 2 avril, le biopic sur Frantz Fanon est arrivé dans les salles de cinéma. Le répit prend racines en 1953 lorsque Fanon, psychiatre antillais, est nommé chef de service au sein de l’hôpital Blida Joinville en Algérie. Pendant deux heures, nous suivons Fanon au sein de sa pensée décoloniale et de son engagement pour la libération des peuples colonisés.
On le suit également dans la rédaction de l’une de ses œuvres majeures, Les Damnés de la terre (1961), la dernière avant sa mort la même année. En première semaine, le film connaît un véritable succès au sein des salles françaises malgré la volonté de certaines salles de ne pas diffuser le biopic. Pour le Bondy Blog, le réalisateur antillais Jean-Claude Barny revient sur son film et sur sa volonté de bousculer l’industrie du cinéma. Interview.
D’où vient l’envie de réaliser un biopic sur Frantz Fanon ?
J’ai fait ce film sur lui, car un besoin s’est manifesté lorsque j’étais adolescent. J’ai très vite réalisé que nous étions peu représentés dans l’univers médiatique, caricaturé et souvent mis du côté par des gens toxiques dans l’industrie du cinéma et de la télévision. Quand j’ai eu 16 ans, j’ai découvert l’ouvrage Peau noire, masque blanc de Frantz Fanon. Ça a été pour moi une véritable révélation.J’ai compris que cette situation n’était pas une fatalité et que le problème était véritablement structurel, que l’on pouvait faire bouger les choses. Ce que j’ai aimé chez Fanon, c’est qu’il nous ressemble. Il est brillant et il ne fait pas de concession. Son côté visionnaire et humaniste m’a beaucoup touché. Et ce que j’aime bien dans sa manière de faire, c’est qu’il est ghetto quelque part.
Auparavant, vous avez travaillé sur des films comme La Haine en tant que directeur de casting ou en tant que réalisateur sur le film Nèg Maron. D’où vient cette volonté de dénoncer et de faire des films politiques ?
Cette démarche politique, je l’ai depuis mon premier court-métrage. En tant que réalisateur, dès qu’on a l’occasion de s’exprimer, on le fait. Je suis toujours attaché à mes valeurs et à mes idées. Toutes les productions de ma filmographie sont, selon moi, des contre-balanciers pour apporter de la nuance dans toute cette globalité orientée.L’industrie a beaucoup trop déshumanisé les personnes issues de l’immigration
Grâce à Peau noire masque blanc, j’ai compris qu’il y avait quelque chose d’aliénant qui agit sur la psychée des personnes issues de l’immigration à force d’entendre et de voir trop de choses négatives à notre sujet. Au final, on se retrouve dans une position de frustration sans la moindre possibilité de se défendre ou de réagir. C’est pour cela que je fais des films. C’est pour proposer un souffle aux gens et pour qu’ils puissent se voir différemment et avec de la nuance. L’industrie a beaucoup trop déshumanisé les personnes issues de l’immigration, il fallait changer les choses.
Sur ce film historique, comment avez-vous travaillé ?
Auparavant, j’ai créé une série télévisée qui s’appelait Tropiques Amers qui était une histoire sur l’époque de l’esclavage. Personnellement, j’ai beaucoup aimé ce travail d’enquête. Apprendre à travailler de manière minutieuse, chercher de l’information et trouver des sources pour nourrir mon travail. J’ai découvert un véritable appétit pour les films d’époque.Je rends à la population algérienne ce que j’aurai voulu qu’on me donne
Pour Fanon, on a voulu faire pareil et avoir ce même niveau de recherche afin d’en faire un film épique. Nous avons travaillé pendant quatre ans afin qu’il soit le plus cinématographique possible et proche de la réalité en même temps. Je ne voulais pas être dans la caricature ou faire un film trop léger. Je rends à la population algérienne ce que j’aurai voulu qu’on me donne. Nous avons été trop souvent victimes de la caricature par le passé, notamment vis-à-vis de la langue où tous les dialectes étaient mélangés. C’est simplement une question de respect...................

« Fanon » a été créé pour faire bouger les lignes - Bondy Blog
« Fanon » a atteint en première semaine 24 000 personnes. Pour le Bondy Blog, Jean-Claude Barny nous parle de son biopic.
