Comment Goldman Sachs dirige le monde !

Comment Goldman Sachs dirige le monde

19/10/2010

La banque, comment Goldman Sachs dirige le monde, de Marc Roche
Goldman Sachs, c'est tout
L'ascension de la banque s'est accompagnée d'une dégringolade de la morale : ses « moines banquiers » servent avec grand talent l'intérêt de la maison, moins leur chaut celui des clients. Extraits (p. 161 à 163).


Depuis 1996, les instituts d'émission se délestent de centaines de tonnes d'or. Le 7 mai 1999, la Banque d'Angleterre annonce son intention de procéder par étapes à des ventes de plus de la moitié de ses réserves en or. Le cours de l'or plonge autour de 260-270 dollars l'once. Pour Ashanti [groupe propriétaire d'Obuasi, première mine d'or du Ghana], qui se débat dans d'énormes difficultés financières, c'est le coup de grâce.

Si l'or reste toujours une Arlésienne pour les mineurs d'Obuasi qui n'ont jamais vu à quoi pouvait rassembler un lingot pur, sauf en photo, tel n'est pas le cas de Goldman Sachs. [Son patron] Lloyd Blankfein a commencé sa carrière financière comme vendeur d'or chez J. Aron, absorbé plus tard par la banque. Son bras droit, Ron Beller, est un sorcier de la confection de produits financiers permettant aux sociétés de matières premières de se protéger contre la volatilité des cours.

De plus, forte de l'excellence de son équipe minière basée à Londres, la maison a une réputation de savoir-faire dans les situations difficiles. Sur la foi des prédictions alarmistes de ses analystes chevronnés, la banque persuade Ashanti que le cours de l'or va continuer à tomber. Goldman Sachs vend à son client, confiant, des produits dérivés très risqués pour le protéger contre une baisse des cours. Après tout, pourquoi pas ?

Mais en octobre 1999, plusieurs banques centrales européennes gèlent la vente de plus de 80 % des réserves mondiales de métal fin. L'émotion suscitée par la perspective des problèmes sociaux qu'entraînerait, en Afrique comme en Russie, la fermeture de mines non rentables, a pesé lourd dans cette décision. Les cours remontent alors brusquement. Ashanti qui, pour rembourser ses créditeurs, doit racheter l'or au plus haut, est prise à la gorge. La compagnie ghanéenne est moribonde. Les jours de cette société indépendante sont comptés.
 
A Londres, au 19 Charterhouse, superbâtiment néoclassique, les dirigeants du géant minier sud-africain Anglo American Corporation se morfondent. Anglo-Gold, la structure regroupant les avoirs aurifères d'Anglo, est rétrogradée au deuxième rang mondial. Face à la concurrence australienne et canadienne, le groupe doit grandir pour survivre. Mandatée par Anglo American, Goldman Sachs déterre la hache de guerre. A l'issue d'une bataille boursière mémorable, Anglo-Gold et Ashanti s'unissent en 2004 pour former le leader mondial incontesté du secteur.

Commissions du négoce des produits dérivés, mandat de conseil : une nouvelle fois, Goldman Sachs gagne sur tous les tableaux. Mais ce n'est pas tout. En mars 2009, un hedge fund rachète - toujours conseillé par Goldman Sachs - la part d'Anglo American dans Anglo-Gold-Ashanti. Il en devient le deuxième actionnaire. L'acquéreur est une vieille connaissance de Goldman Sachs : John Paulson. Il s'agit de l'homme par qui le scandale des CDO, ces titres obscurs au coeur de la crise financière de 2008, est arrivé. La récidive est un filon inépuisable...

http://www.bbc.co.uk/news/business/frenchversion
 
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