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Le Pr Isabelle Arnulf, cheffe de l'unité des troubles du sommeil à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, revient sur la possibilité d'apprendre à maîtriser ses cauchemars quand ceux-ci deviennent trop envahissants.
Sciences et Avneir : Peut-on apprendre à maîtriser ses cauchemars ?
Pr Isabelle Arnulf : Oui. Il existe une thérapie, par répétition d’imagerie mentale, que nous proposons à des patients, le plus souvent narcoleptiques [dormant trop longtemps], qui souffrent de cauchemars récurrents. Nous leur demandons de tenir un carnet de rêves. Puis nous les invitons à les raconter à un neuropsychologue qui les aide à en changer le scénario, en imaginant une issue positive. Les patients doivent ensuite les visualiser consciemment deux ou trois fois par jour, surtout avant de s’endormir car le cerveau va se souvenir de cette nouvelle imagerie mentale et la rejouer. C’est efficace dans 70 % des cas.
Et cette technique comportementale fonctionne quelle que soit la cause des cauchemars. Nous l’utilisons aussi après un traumatisme. On peut, dans ce cas, prescrire aussi un médicament - contre l’hypertension artérielle par exemple - qui, en baissant le taux d’adrénaline la nuit, permet de réduire les cauchemars.
Quelle différence entre cauchemars et terreurs nocturnes ?
Si le dormeur se réveille brutalement en début de nuit en criant, il s’agit généralement d’une terreur nocturne car les cauchemars se produisent en fin de nuit, sans que la personne crie ou sorte du lit. Les personnes sujettes aux terreurs nocturnes sont fatiguées et se réveillent avec un rythme cardiaque accéléré. L’une de nos études sur 158 patients a montré que ce phénomène a une origine génétique. Les terreurs nocturnes seraient donc héréditaires. Présentes dès l’enfance, elles diminuent à l’adolescence, puis peuvent réapparaître à l’âge adulte. Il est possible de les traiter avec différentes techniques comme l’hypnose.
Doit-on vraiment supprimer les cauchemars ? Ne sont-ils pas utiles ?
Comme toute douleur, nous estimons qu’il faut les éliminer dès l’instant qu’ils gâchent la vie et font souffrir. Mais faire quelques rêves angoissants n’est pas mauvais en soi. Nous avons montré, chez 719 étudiants en médecine, que 60,4 % d’entre eux rêvaient de l’examen, la veille. Dans 78 % de ces rêves, ils arrivent en retard ou oublient les réponses… ce qui se traduit dans la réalité par une meilleure performance aux examens ! L’anticipation négative d’un événement stressant peut fournir une simulation ponctuelle qui apporte un gain cognitif. Tous les cauchemars ne se valent donc pas.
Le Pr Isabelle Arnulf, cheffe de l'unité des troubles du sommeil à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, revient sur la possibilité d'apprendre à maîtriser ses cauchemars quand ceux-ci deviennent trop envahissants.
Sciences et Avneir : Peut-on apprendre à maîtriser ses cauchemars ?
Pr Isabelle Arnulf : Oui. Il existe une thérapie, par répétition d’imagerie mentale, que nous proposons à des patients, le plus souvent narcoleptiques [dormant trop longtemps], qui souffrent de cauchemars récurrents. Nous leur demandons de tenir un carnet de rêves. Puis nous les invitons à les raconter à un neuropsychologue qui les aide à en changer le scénario, en imaginant une issue positive. Les patients doivent ensuite les visualiser consciemment deux ou trois fois par jour, surtout avant de s’endormir car le cerveau va se souvenir de cette nouvelle imagerie mentale et la rejouer. C’est efficace dans 70 % des cas.
Et cette technique comportementale fonctionne quelle que soit la cause des cauchemars. Nous l’utilisons aussi après un traumatisme. On peut, dans ce cas, prescrire aussi un médicament - contre l’hypertension artérielle par exemple - qui, en baissant le taux d’adrénaline la nuit, permet de réduire les cauchemars.
Quelle différence entre cauchemars et terreurs nocturnes ?
Si le dormeur se réveille brutalement en début de nuit en criant, il s’agit généralement d’une terreur nocturne car les cauchemars se produisent en fin de nuit, sans que la personne crie ou sorte du lit. Les personnes sujettes aux terreurs nocturnes sont fatiguées et se réveillent avec un rythme cardiaque accéléré. L’une de nos études sur 158 patients a montré que ce phénomène a une origine génétique. Les terreurs nocturnes seraient donc héréditaires. Présentes dès l’enfance, elles diminuent à l’adolescence, puis peuvent réapparaître à l’âge adulte. Il est possible de les traiter avec différentes techniques comme l’hypnose.
Doit-on vraiment supprimer les cauchemars ? Ne sont-ils pas utiles ?
Comme toute douleur, nous estimons qu’il faut les éliminer dès l’instant qu’ils gâchent la vie et font souffrir. Mais faire quelques rêves angoissants n’est pas mauvais en soi. Nous avons montré, chez 719 étudiants en médecine, que 60,4 % d’entre eux rêvaient de l’examen, la veille. Dans 78 % de ces rêves, ils arrivent en retard ou oublient les réponses… ce qui se traduit dans la réalité par une meilleure performance aux examens ! L’anticipation négative d’un événement stressant peut fournir une simulation ponctuelle qui apporte un gain cognitif. Tous les cauchemars ne se valent donc pas.